Critique | Musique

Shabazz Palaces: la notion d’underground veut-elle encore dire quelque chose?

Shabazz Palaces © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

HIP-HOP | Le combo de Seattle double sa ration de rap psychédélique, carburant à l’afrofuturisme, au groove expérimental et à l’humour pince-sans-rire.

La notion d’underground veut-elle encore dire quelque chose? Encore plus que le rock, le rap se pose la question. Devenu le genre le plus populaire du moment, que compte-t-il faire de ses éléments les plus rétifs à intégrer le mainstream? On se souvient, par exemple, qu’à l’époque, ce qu’on a appelé le rap indie est né dans la foulée du carton commercial du gangsta rap. Sauf que nous ne sommes plus dans les années 90. Entre-temps, le Net est passé par là. Il a flouté non seulement les genres, mais aussi les formats, les esthétiques et même les échelles de valeurs. Comment définir la marge, quand il n’y a plus un seul centre, mais des milliers de connexions? That’s the question…

Et pourtant. Si l’underground a perdu de sa pertinence, il reste bel et bien des francs-tireurs pour l’animer. Des sortes d’ovnis qui semblent fonctionner en autarcie. Des héros solitaires qui, au lieu de ruer contre le « système », ont créé le leur. Quelqu’un comme Flying Lotus en est un exemple. Le duo Shabazz Palaces en est un autre.

Ishmael Butler et Tendai Maraire ont en effet décidé de lâcher non pas un, mais bien deux nouveaux disques. Le premier –Quazarz VS The Jealous Machines– a été nourri des multiples allers-retours entre Seattle et la Californie, effectués par Butler pour bosser avec le producteur Sunny Levine (petit-fils de… Quincy Jones, collaborateur d’Ariel Pink, Shaun Ryder, etc). Le second –Quazarz: Born on a Gangster Star– résulte d’un boulot plus ramassé de deux semaines avec Erik Blood, habitué de la maison. Censées livrer quelques bonus, les sessions ont finalement abouti à un deuxième véritable album. L’un comme l’autre sont traversés par un psychédélisme moite et abstrait. Une sorte d’odyssée hip-hop (afro)futuriste, qui avance au ralenti.

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Dans les deux cas, il est aussi vaguement question de Quazarz, créature extraterrestre venue observer la Terre, relatant son voyage à « Amurderca ». Où il est question de technologies envahissantes, de distractions matérialistes narcissiques (SelfMade Follownaire), d’« amour au temps de Kanye », ou de « Tissus de l’ère spatiale avec femmes Afrique » (en français dans le texte dans Since C.A.Y.A.)…

Bien sûr, comme souvent avec Shabazz Palaces, le concept est à moitié fumeux. Mais c’est ce qui fait aussi son charme -ça, et son esprit pince-sans-rire. Se rapprochant d’un esprit free jazz, la musique du duo est bizarre, biscornue, compliquée, voire expérimentale. Mais jamais complètement cérébrale, ou noyée dans son propre intellectualisme. En gros, elle ne cherche pas tant à perdre son auditeur qu’à se perdre elle. Et comme elle parvient ici et là à distiller malgré tout l’une ou l’autre balise (Shine a Light, Déesse de sang) pour s’accrocher et continuer son exploration, les esprits audacieux auraient tort de se priver.

Shabazz Palaces

« Quazarz: Born on a Gangster Star », distribué par Sub Pop. ****

« Quazarz VS The Jealous Machines », distribué par Sub Pop. ***(*)

Le 10/11 à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.

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