Critique | Musique

Saule – Géant

© Fabrice Hauwel
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

POP | Le ptit grand Belge s’acoquine avec le carton Charlie Winston pour un album tonique. Sans délaisser la mélancolie, l’association y booste les mandibules pop.

SAULE, GÉANT, DISTRIBUÉ PAR PIAS. ***

EN CONCERT LE 05/12 AU BOTANIQUE, ET EN 2013 UN PEU PARTOUT EN BELGIQUE.

On ne va pas échapper à l’argument massue: c’est bien Charlie « Hobo » Winston qui produit et couve musicalement le troisième album de Baptiste « Saule » Lalieu. Le faiseur anglais en or a croisé la route du Belge il y a quatre ou cinq ans, trouvant dans sa chanson poétique matière à camaraderie. Saule: « On s’est rendu compte d’un instinct commun, je lui ai filé Western, mon deuxième album: après l’avoir invité aux Trois Baudets, il m’a invité à La Cigale. On se voyait lors de ses passages à Bruxelles et j’ai fini par lui demander de « faire un tour » sur mon prochain album, dont les démos avaient un parfum plus anglo-saxon. »

Après un premier disque d’or sur le label belge 30 février –Vous êtes ici, paru en mars 2006-, Saule produit début 2009 un successeur patronné par Polydor-France, Western. « Au début, on me disait que j’étais une priorité mais dans l’optique de faire une grosse machine sur NRJ. Ensuite, on m’a fait comprendre que si je n’écrivais pas un tube dans les deux mois, la promo de l’album serait délaissée. Difficile de réagir quand une équipe de dix personnes fait du name dropping et vous annonce que vous allez entrer dans la cour des grands… » Contrat rompu, Baptiste Saule digère les écorces marketing, passe par une phase de doute majeur, et retourne finalement au labeur, bourlinguant une soixantaine de chansons.

Charme des premiers pas

Onze se retrouvent sur Géant, aussi joli que la pochette, mix d’un arbre présumé et de la silhouette d’un Bon gros géant, titre de la 7e plage du disque. Autoportrait d’un trentenaire en proie aux doutes et aux plaisirs. « Ce troisième album signifie la réconciliation avec moi-même, entre un truc un peu cowboy et les Black Eyed Peas (sic). J’avais aussi l’idée d’un film dont la B.O. serait faite à deux, moi et Charlie. » Avec le Winston en question, Saule concocte un titre effectivement très Charlie, Dusty Men, malgré tout pas loin de la frontière de l’irrésistible. Ô ironie, le morceau tourne aujourd’hui sur les radios françaises fantasmées par Polydor. Ce n’est pas le seul argument d’une entreprise qu’on sent labourée et dominée par l’idée de tâche dûment accomplie. Humour et distanciation par rapport à son propre univers (Chanteur bio, L’économie des mots), le grand gamin lâche l’une ou l’autre sentence concernée sur la planète (Rien que pour soi), renouant au final avec ce qui faisait le charme naturaliste de ses premiers pas, désormais assurés d’une manière plus dense.

Reste à espérer que cette belle pop-chanson nationale puisse s’exporter vers son premier marché naturel, la France. Il était question d’une large distribution via l’excellent indépendant Atmosphériques, il semblerait que cela passera désormais par Pias version Hexagone, comme Miossec. Ce qui n’est franchement pas si mal…

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