Rock Werchter J3: Tout feu, tout femmes

Courtney Barnett. © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le je-m’en-foutisme branleur de Courtney Barnett, la colère noire des Savages… Werchter panse ses plaies footballistiques et météorologiques.

Longer les barrières, chercher les îlots d’herbe ou au contraire viser les empreintes de pas… Chacun développe ses propres techniques de marche pour ne pas se retrouver avec de la boue jusque dans les chaussures. Le soleil a beau se permettre quelques percées, le sol est boueux. L’odeur par endroits pestilentielle. Ce 42e Rock Werchter a quelque chose d’apocalyptique. En tout cas, malgré l’organisation au taquet, d’un petit peu chaotique.

Samedi gueule de bois. La charmante girl next door australienne Courtney Barnett se charge de remonter le moral. Les cheveux dans les yeux et la moue branleuse, la fille de Melbourne nous joue son album de séparation. « Put me on a pedestal and I’ll only disappoint you. » Sont-ce les Diables rouges qui nous parlent? Son batteur a le look d’un Dandy Warhol et une grosse caisse aux initiales, CB, de son employeuse. La demoiselle en jette quand il s’agit de faire dans un rock nineties qui a de la morgue, un sens de la mélodie imparable et un vrai sens de l’humour. Pedestrian at Best, Avant Gardener ou encore le fameux Nobody Really Cares if you Don’t go To The Party… Tu l’as dit, Courtney.

Les filles à l’affiche de ce samedi sont rebelles et revêches. Comme le confirment vite les quatre Savages. Oui, les Anglaises ont un côté très réfléchi. Ca se distingue jusque dans la classe, noire et pas bon marché, de leur tenue vestimentaire. Mais c’est aussi ce qui fait leur charme derrière cette intensité qu’elles semblent depuis toujours avoir chevillée au corps. Leur chanteuse française Jehnny Beth harangue, prend son petit bain de foule en talons hauts. Malgré l’heure précoce, le chapiteau de luxe suit… The Answer, Adore et les autres suscitent les comparaisons avec une Patti Smith, une Chrissie Hynde, un Birthday Party. Une énergie sombre qu’on n’a plus l’habitude d’entendre aussi tendue. Le post punk cold wave de gonzesses en colère.

Un peu de délicatesse masculine dans ce féminin monde de brutes. BadBadNotGood glisse un avant-goût de son excitant nouvel album à paraître le 8 juillet. Le groupe canadien y a convié pas mal de guests mais il y confirme surtout le saxophoniste Leland Whitty comme son quatrième membre officiel. Et ce soir, Leland est au devant de la scène. Au coeur de tous les morceaux. Il y a des contextes plus appropriés (en terme de public notamment) à ce jazz nouveau, cet hip hop instrumental de petits surdoués potes de Ghostface et de Tyler The Creator. Mais ça a quand même toujours méchamment de la gueule. La meilleure journée du week-end tient jusqu’ici ses promesses.

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