Rock Werchter J2: seul ou accompagné ?

Phoenix © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Ça commence avec une petite sarabande classique à la Jean-Baptiste Lully. Allo Versailles, ici Werchter.

Un gros larsen plus loin, et les Français de Phoenix démarrent en trombes avec Entertainment, 1er single de leur nouvel album Bankrupt !. Thomas Mars descend déjà de scène pour plonger sa tête dans les premiers rangs. Phoenix au combat donc, sur la main stage. Depuis le carton de l’album Wolfgang Amadeus, les Parisiens ont le statut pour l’assumer. Le tube Liztomania, puis le premier couplet de Too Young, et l’affaire semble bien lancée.

C’est peut-être même trop simple. Autant la pop de Phoenix s’épanouit dans la sophistication des studios, autant son déploiement sur scène est plus fragile, plus délicat à manoeuvrer. Le groupe en a souvent tiré un certain charme, leur côté nonchalant et volontairement  » amateur  » aidant. Pour le coup, sur la plaine de Werchter, la formule semble cette fois coincer. A la fois trop évidente – le nouvel album à peine évoqué (Trying To Be Cool, SOS In Bel Air) – et en même temps trop branlante. Même le batteur, le bucheron Thomas Hedlund, a l’air de tirer la langue.  » Est-ce que vous êtes avec nous, Werchter ? « , se demande Thomas Mars. Et vice-versa.

Après, les Français ont toujours pour eux une pelletée de chansons parfaites, à qui il ne peut pas arriver grand-chose. En fin de set, Rome, par exemple, est toujours un modèle de mélancolie adolescente, histoire d’amour en ruines sublimée. Le concert se termine comme il a commencé : avec les choeurs extatiques d’Entertainment. Mars descend à nouveau dans la fosse, fait le tour du public, plonge dans les premiers rangs et se fait ramener en surfant sur la foule jusqu’à la scène, avant de reprendre le micro et de lâcher, l’ironie en bandoulière,  » I’d rather be alone « …

Soul train

Une heure plus tard, dans the Barn, c’est la contagion.  » I want to be alone « , croone John Legend, avant tout de même d’inviter une lady sur scène, pendant Slow Dance. Legend, c’est un peu le Mr Propre de la nu soul. T-shirt blanc, tennis blanches, sourire de chaque instant. On pourrait trouver l’affaire trop lisse, trop rectiligne, si le bonhomme n’y mettait autant d’allant. Et de professionnalisme ? Certes. Mais du talent donc, et des idées aussi, comme quand il reprend Light My Fire des Doors (dispensable) ou I Want You (She’s So Heavy) des Beatles, plus réussi. En fin de concert, c’est cette fois Simon & Garfunkel qui y passe avec une cover de Bridge Over Troubled Water, seul au piano. A cela, il ajoute ses propres hits : I Can Change ou pour clore les débats, Ordinary People, debout sur son piano.

Milieu des années 2000, Legend avait le mérite de réintroduire un peu de classe et de conscience dans le r’n’b et la soul. Vendredi soir, accompagné d’un groupe au groove claquant, il a surtout joué le rôle du lover. Avec succès. Sur une plaine de Werchter, généralement peu habituée à ce genre de revue soul, c’est même un petit exploit.

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