Rock Werchter J1: la salsa du Damon

Damon Albarn © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Après avoir secoué le festival avec Blur l’an dernier, Damon Albarn l’a marqué jeudi de son empreinte tout en classe et décontraction, puisant allègrement dans sa discographie.

88.000 personnes par jour; à Werchter, il faut aimer la promiscuité (la promiscuité et le sauna tout habillé). En ce début de soirée, tandis que Brian Molko et son Placebo, qui pour l’occasion porte bien son nom, ont les honneurs de la main stage où le pauvre Miles Kane a joué entre les Dropkicks Murphys et White Lies durant l’après-midi (d’autres se sont fait sauter le caisson pour moins que ça), ce sont les vieux qui squattent les chapiteaux.

Au Barn, à la grange quoi, Robert Plant (les photos du concert), dont la carrière solo est déjà deux fois plus longue que celle de Led Zep (65 ans), une crinière poivre et sel et un album à sortir en septembre. Au KluB C, Damon Albarn, 46 piges et un disque, le premier, qui porte son nom malgré un tas d’aventures aussi diverses qu’excitantes depuis Blur. Deux musiciens, deux époques, deux aventuriers et deux hommes qui semblent toujours habités par la même ferveur et le même plaisir de faire de la musique. Accompagné des Sensational Space Shifters, Plant varie les plaisirs entre rock, blues, psychédélisme et expéditions africaines comme en témoigne l’utilisation d’un riti, violon traditionnel à une corde qui accompagne généralement les chants de bravoure et les cérémonies de circoncision. En attendant, c’est évidemment Whole Lotta Love qui est accueilli comme un but des Diables rouges en Coupe du monde.

Rock Werchter J1: la salsa du Damon
© Olivier Donnet

Quelques mètres plus loin et minutes plus tard, Damon Albarn (les photos du concert) défend donc son premier véritable album solo. Le coeur de Blur avait bien sorti Democrazy en 2004, 14 démos enregistrées dans des chambres d’hôtel, mais elles n’avaient fait l’objet que d’un double vinyle en édition limitée. Everyday Robots sous le bras, un disque qu’il considère comme un questionnement existentiel sur la déshumanisation créée par la technologie, l’Anglais a la niaque et le sourire. La classe et la décontraction.

« Cet album, c’est un peu comme si Neil Young avait traîné avec Bobby Womack », avait-il résumé avant qu’on apprenne la mort de ce dernier. Entre Mr Tembo, Everyday Robots et Heavy Seas of Love, sa clique (à l’occasion accompagnée d’un choeur) fait du The Good, The Bad and The Queen et du Gorillaz. Balance Tomorrow Comes Today et une fameuse version de Clint Eastwood qui le voit jouer (voire danser) au chat et à la souris, un sourire jusqu’aux oreilles, avec le rappeur ghanéen M.anifest. Out of Time de Blur complète le tableau et une petite heure et demie de bonheur. Modern life is not always rubbish.

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