Critique | Musique

R.E.M. – Part Lies Part Heart Part Hurt Part Garbage

ROCK | Une compilation de 40 titres -dont 3 inédits- scrute les meilleurs moments du groupe américain, en marge d’albums lentement mais sûrement érodés par le temps.

R.E.M., Part Lies Part Heart Part Hurt Part Garbage 1982-2011, distribué par Warner. ****

Le 10 novembre, le journal anglais The Guardian publiait un papier intéressant sur les 31 années de parcours musical de R.E.M., créé en janvier 1980, séparé en septembre 2011. On en retiendra le guitariste Peter Buck expliquant qu’au moment de Losing My Religion, Warner refusa initialement de sortir la chanson en single, « parce qu’il y avait une mandoline dessus ». On pointe aussi cette déclaration de Michael Stipe: « La proximité ne signifie pas l’intimité. Partager une histoire n’est pas l’indication d’un sentiment d’amour, de famille ou de quoi que ce soit. » R.E.M. se serait donc éteint du constat qu’après 31 ans, la fraternité passait -définitivement- son tour. On pense plutôt que c’est l’inspiration qui a pris la porte, faisant glisser le charme et la grandeur moite d’une formidable première moitié de carrière -disons de 1982 à 1996- à la grandiloquence fade d’un groupe-à-stades en panne de (très) bonnes chansons. Assez étrangement, le double CD est pratiquement bien de bout en bout, ne reflétant pas intégralement la qualité déclinante des albums après le départ du batteur Bill Berry, en 1997 pour devenir fermier en Géorgie.

Slow motion

Le premier CD de 21 titres part des prémices de carrière (Gardening At Night, 1982) à The Sidewinder Sleeps Tonite, extrait d’Automatic For The People, leur album de 1992 qui se vendra à 16 millions d’exemplaires dans le monde et vaudra au groupe une unanime cote 5 étoiles. Au début, R.E.M. sonne vraiment comme des neveux des Byrds via les arpèges ciselés de Peter Buck, mais repassés aux tonalités plus métaphysiques des textes et de la voix de Stipe. Celui-ci induit un autre type d’espace esthétique, qui donne à la mélancolie une profondeur tonique. So Central Rain, seulement 85e dans les charts américains, est le premier refrain inoubliable des 4, un autre titre devenu fameux prouvant que la mandoline leur va vraiment bien (Losing My Religion). Surtout, le son, mobile et organique, induit que les 4 musiciens partagent les mêmes désirs. D’ailleurs, ils cosignent toutes les compositions. Le second CD, 19 titres, montre que R.E.M. est meilleur dans le slow que dans le rock’n’roll: d’autant qu’il débute par 3 morceaux hypnotiques et impériaux extraits d’Automatic… : Everybody Hurts, Man On The Moon et Nightswimming. D’autres délices confirment le talent remien pour la sinuosité et les tensions opiacées: Leaving New York, pourtant tiré de leur plus faible album paru en 2004 (Around The Sun) mais aussi Oh My Heart du dernier disque Collapse Into Now, daté du printemps 2011. Restent alors les 3 inédits enregistrés en juillet de cette année: A Month Of Saturdays est, à l’image de son beat, assez anecdotique, We All Go Back To Where We Belong constitue une ballade classieuse réminiscente des orchestrations chamarrées de Burt Bacharach et Hallelujah clôt le disque comme l’histoire du groupe, sur une note indiscutablement spleen. Dommage, en effet.

Philippe Cornet

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

www.remhq.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content