Pukkelpop J1 – Band of Horses: on achève bien les chevaux…

© Olivier Donnet

18h40, Marquee. Ben Bridwell et sa bande s’ébrouent sur scène. Et confirment bientôt le déclin de ce que l’on tenait jusqu’il y a peu comme l’un des plus beaux poulains de l’écurie indie rock ricaine.

D’un strict point de vue discographique, le constat était déjà sans appel. D’une horde de fiers étalons -un premier opus au sang chaud, à la beauté sauvage et impétueuse (Everything All The Time, 2006)-, la bande de chevaux de Ben Bridwell a mué, en une poignée d’années à peine, en un troupeau de pâles canassons -un récent et troisième album lisse comme le plancher d’un ranch Ikea (Infinite Arms, 2010). Ou comment passer d’un rock racé, aux racines solidement ancrées dans la culture musicale US, au classicisme le plus plan-plan. Avec en point de mire, c’est patent, la volonté de conquérir enfin les masses, voire de squatter les stades.

Sur scène, ce jeudi, le groupe fait pourtant un temps illusion. Fort, il est vrai, d’un atout de taille. Band of Horses, en effet, c’est aussi et peut-être surtout l’une des voix les plus belles et intenses entendues ces dernières années. Celle de Ben Bridwell, donc, leader du groupe originaire de Seattle. Le genre de gus qu’on écouterait quasi religieusement chanter l’annuaire téléphonique des communes à facilités.

Las, ce seul organe vocal, aussi précieux soit-il, ne suffit pas à sauver la mise d’un ensemble donnant allègrement dans le rock gras, pataud, au lyrisme pompier et bassement conquérant. En témoignent, c’est tout bête, ces images cartes postales défilant sur un écran géant en fond de scène. Ou, plus significatif encore peut-être, la dégaine du sieur Bridwell: affichant barbe fournie, tatouages et vieilles chemises à carreaux hier, il porte, rasé de près, un petit gilet propret sur chemise blanche bien repassée aujourd’hui. Dis-moi à quoi tu ressembles, je te dirai qui tu es devenu, en somme.

Ca et là, s’échappent encore pourtant quelques jolies cavalcades, l’une ou l’autre chevauchée fantastique (Is There A Ghost, pour n’en citer qu’une). Dans ces moments, et dans ces moments seulement, Band of Horses fait courir un galop de frissons sur l’échine. Voire même, comme chez Bashung,  » hennir les chevaux du plaisir « . Pour le reste, on en viendrait presque à souhaiter la fin des aventures musicales de Bridwell et des siens. On achève bien les chevaux…

Nicolas Clément, à Kiewit

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