Critique | Musique

Prince, le roi du slow

Prince © DR
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

FUNK | Une réédition documentée, incluant des inédits, le film et l’album original, replace Purple Rain dans la méthodologie funk eighties.

Après quatre albums où il apparaît, désapé en fils de la débauche (Dirty Mind) ou fringué en groom d’ascenseur (Controversy), Prince peine à vendre sa pop-funk louchement sexuée. À l’automne 1982, le double album 1999 -orné d’une des plus laides pochettes de l’Histoire mais sans photo de lui-change la donne et la psyché, principalement nord-américaine, du succès. Prince, 24 ans, décroche l’attention massive du marché US -quadruple disque de platine au final- alors que ses deux épatants singles 1999 et Little Red Corvette creusent l’intérêt européen, principalement pour cause d’efficacité létale sur le dancefloor. Le 25 juin 1984, la sortie mondiale de Purple Rain rebat une nouvelle fois les cartes et propulse dans la stratosphère publique le rejeton précoce d’un couple de musiciens afro-américains. Rétrospectivement, on peut en établir quelques raisons objectives: comprenant que les allusions pelviennes n’intéressent au final que le public des backrooms si elles sont dénuées de mélodies, Prince compose d’une écriture plus serrée. Un funk moins épars, basé sur la vieille répétition hypnotique d’une même phrase musicale mais avec refrain catchy. Entouré de Revolution, son groupe drillé autour de Wendy Melvoin, Lisa Coleman et Bobby Z, Prince compose dans cette veine thermogroove Let’s Go Crazy et When Doves Cry, numéros uns américains.

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Troisième mi-temps copulatoire

La pochette de l’album fourgue d’emblée l’histoire de Purple Rain, le film. Prince en improbable biker à pompadour dans des lumières favorisant le fauve nocturne: fauve au sens animal dans le long métrage sorti un mois après le disque. Sous le pseudo de The Kid, notre héros-musicientente de survivre dans une ville, Minneapolis, et une famille, peu accueillantes. Plutôt sympatoche, l’affaire cinématographique signée par le réalisateur Albert Magnoli -futur auteur de Tango & Cash…- rapporte 80 millions de dollars pour moins d’un dixième de mise. Ainsi, album et film vont réciproquement se booster sous le même morceau emblématique: Purple Rain. Si ce troisième single de l’album n’est que numéro 2 aux États-Unis, il touche un public qui ne s’intéresse pas forcément au funk, à la musique noire ou aux chanteurs à forte testostérone déclarée. Ce qui est -techniquement- un hymne lent à la troisième mi-temps copulatoire devient ambassadeur du slow mondial, un standard absolu à la Without You de Harry Nilsson. Une chanson qui dépasse son géniteur et atteint même les régions reculées de Wallonie. La réédition actuelle a la bonne idée, outre deux disques d’inédits, faces B et raretés qui incarnent la Prince touch des années 80, d’inclure le film, le tout plaçant alors l’amateur de moto et de croupe funky à égalité de popularité avec un Michael Jackson qui commence à peine à changer de couleur.

Prince & The Revolution, « Purple Rain ». Distribué par Warner. ****(*)

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