Pluie d’hommages à David Bowie partout dans le monde

Hommage au chanteur à son ancienne adresse à Berlin, Hauptstrasse 155. © AFP
FocusVif.be Rédaction en ligne

Les hommages ont afflué lundi après le décès de la légende du rock David Bowie, l’un des artistes les plus marquants de sa génération, caméléon visionnaire emporté à 69 ans par un cancer tenu quasi secret jusqu’au bout.

« David Bowie est mort paisiblement entouré de sa famille à l’issue d’un courageux combat de 18 mois contre le cancer », ont annoncé les comptes Twitter et Facebook de la star britannique décédée dimanche, deux jours après la sortie de son 25e album « Blackstar », pour son 69e anniversaire. Ni le lieu de son décès, ni le type de cancer qui l’a emporté n’ont été immédiatement précisés.

L’annonce a surpris le monde entier, car l’artiste aux 140 millions d’albums vendus en plus de 45 ans, qui n’avait jamais cessé de se réinventer, avait réussi à tenir quasiment secrète sa maladie, absent depuis des mois sans susciter trop de questions.

Madonna s’est dite « effondrée », les Rolling Stones ont salué « un artiste extraordinaire », Paul McCartney a loué « une grande star » et s’est dit fier de son influence sur la scène musicale mondiale. Kanye West, les Pixies ou encore les Foo Fighters se sont revendiqués de son influence.

« Un artiste visionnaire », a aussi déclaré Bruce Springsteen, saluant un homme « toujours à changer et en avance sur les autres ». « Une rock star absolue », a estimé le couturier Jean Paul Gaultier, rendant hommage à celui qui avait été surnommé le « roi du style », réinventant aussi sans limites son apparence au fils des ans.

Musique, mais aussi incursions au cinéma, théâtre, dans la mode et la peinture, tout lui était bon pour exprimer sa créativité. Dans son dernier album, Bowie se laissait encore à de séduisantes expérimentations jazz, toujours décidé à surprendre.

Ces derniers jours, sa deuxième épouse Iman, ancienne top model d’origine somalienne, épousée en 1992 et avec laquelle il a une fille de 15 ans, Alexandria, avait publié plusieurs messages, rétrospectivement très poignants. « Parfois vous ne connaissez pas la valeur d’un moment jusqu’à ce qu’il devienne un souvenir », avait-elle écrit samedi. Elle avait retweeté des photos pour son anniversaire le 8 janvier, dont l’une, avec David Bowie et Tina Turner affirmait: « Je t’aimerai jusqu’à ma mort, je te verrai dans le ciel #cesoir bon anniversaire monsieur Bowie ».

Le musicien et producteur Brian Eno, qui le connaissait depuis 40 ans et avait souvent travaillé avec lui, notamment sur sa trilogie berlinoise, s’est dit complètement surpris par sa mort. David Bowie lui avait écrit un mail il y a une semaine. « Il était drôle comme toujours, et surréaliste (…) Je réalise maintenant qu’il me disait au revoir ».

Sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux se sont fait l’écho de l’immense émotion suscitée par la mort de l’artiste.

Sur le site de streaming Spotify, la demande de chansons de Bowie a été multipliée par 2.700. Titres les plus demandés: « Under Pressure », « Space Oddity », « Life on Mars », « Heroes » et « Let’s Dance ».

« Au revoir David Bowie. Tu es maintenant parmi les #Heroes. Merci d’avoir aidé à faire tomber le Mur » de Berlin, a tweeté le ministère allemand des Affaires étrangères, en référence à son titre +Heroes+.

« L’amitié de David était la lumière de ma vie. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi brillant. Il était le meilleur », a tweeté Iggy Pop, qui avait collaboré avec lui pendant sa période berlinoise. « Cet homme a changé ma vie », a écrit sur Twitter et Instagram Lenny Kravitz.

Des fleurs et des larmes, des bougies et des petits messages d’amour ont accueilli l’annonce de sa mort devant sa maison de Manhattan à New York et à son ancienne résidence berlinoise, Hauptstrasse 155.

Mais dans son quartier natal de Brixton, dans le sud de Londres, c’est en chantant que plus d’un millier de fans lui ont rendu hommage, entonnant notamment « Space Oddity » et dansant sur les tubes de leur idole. Fleurs et bougies ont été déposées tout au long de la journée au pied d’une grande fresque de son visage.

A Bruxelles, des centaines de personnes se sont réunies sur la Grand-Place pour assister au spectacle son et lumière donné sur la façade de l’Hôtel de ville en hommage à l’immense artiste britannique.

Pas un testament mais « un album tourné vers l’avenir »

Il y a quelques semaines, « il avait confiance, et était positif, comme toujours », a déclaré sur CNN le producteur Robert Fox, qui le connaissait depuis 40 ans. Il a ajouté que « quelques personnes » seulement étaient au courant de sa maladie.

Le dernier opus de Bowie n’était pas un album testament mais « un album tourné vers l’avenir, de quelqu’un qui redevient maître de son destin, à la fois expérimental et pop, loin du repos du guerrier, un album de battant, de casse-cou, le plus audacieux depuis presque trente ans », a déclaré à l’AFP Jean-Daniel Beauvallet, rédacteur en chef au magazine Les Inrockuptibles, basé à Brighton.

« C’était un honneur et un privilège de diffuser sa musique au monde entier », a réagi sa maison de disque, Columbia.

Le monde de la mode lui a aussi rendu hommage, dont le styliste britannique Paul Smith, lors de la Fashion week à Londres. Les deux hommes avaient travaillé ensemble récemment sur un tee-shirt portant l’étoile noire du dernier album du musicien. « Son talent était évident, très impressionnant », a-t-il dit.

David Bowie était né David Robert Jones le 8 janvier 1947 dans une famille modeste. Il avait quitté l’école dès l’adolescence et accédé à la notoriété en 1969 avec « Space Oddity », ballade devenue mythique sur l’histoire de Major Tom, un astronaute qui se perd dans l’espace.

Il avait ensuite multiplié les albums, les changements musicaux et de personnages, s’amusant à se transformer en s’appuyant sur sa formation de mime et son goût pour le costume, la mode ou encore le théâtre kabuki. Bowie avait également joué une trentaine de rôles au cinéma.

Il avait enchaîné disques et tournées jusqu’au début des années 2000. Un accident cardiaque en juin 2004 l’avait ensuite contraint à un long repos, et il s’était ensuite fait rare, mais avait récemment multiplié les projets: générique de série, comédie musicale, quelques apparitions comme sur le dernier album de The Arcade Fire, semblant redevenir celui qui dictait la mode dans les années 1970.

Après « The Next Day » sorti en 2013, son 25e et dernier album est placé sous le signe d’une mystérieuse étoile noire. « Sa mort ressemble à sa vie: une oeuvre d’art », a commenté son producteur de longue date Tony Visconti. « Il a fait Blackstar pour nous, un cadeau d’adieu ».

Un concert en son hommage a été annoncé pour le 31 mars au Carnegie Hall à New York.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content