Nuits Bota: l’hymne à la joie d’Anna

Anna Meredith © Kate Bones
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Samedi soir, les Nuits du Bota se la jouaient largement électronique. Avec ou sans machines, à l’image du concert explosif d’Anna Meredith, au Musée.

Samedi soir. L’Eurovision partout dans le poste. Fête. La gay pride qui se prolonge dans la rue. Fête. Et devant le Bota, une dizaine de soldats: on ne s’y fait toujours pas… Mais fête quand même. Pour le premier samedi de ses Nuits 2016, la progra a pris un tournant largement électro. Les party people sont dans la place. Au Chapiteau, en tout cas, qui joue à guichets fermés, tranquillou. À l’affiche pourtant, pas de gros noms ronflants. Shungu, promesse locale au groove particulièrement léché; Sam Gellaitry, producteur écossais né en 1997 -19 ans à peine donc, et le beat qui va avec, malin, fracassé, bien dans l’air du temps, avec son mélange de heavy bass et de relents hip hop; puis Kaytranada, le prodige canadien, qui vient de sortir son premier album, l’excellent 99,9%, star de la soirée qui soigne son groove électro-soul-funk, glissant ici et là l’un de ses nombreux remixes. Comme le fameux If, de Janet Jackson, gâterie éminemment sensuelle qui clôture le set, a capella – « If I was your woman, the things I’d do to you/But I’m not, so I can’t, then I won’t, but if I was your girl ». Ah yeah.

Après, faut bien avouer que tout cela reste malgré tout de la musique de machines: un homme derrière son ordinateur. Pas très spectaculaire. Au Musée, par contre, ça danse aussi, mais en groupe et avec des instruments. Anna Meredith est venue avec ses amis. Ils sont quatre à ses côtés: guitare (Jack Ross), batterie (Sam Wilson), violoncelle! (Dan Hammersley) et tuba!! (Tom Kelly). La musicienne écossaise a beau avoir une formation et une carrière classique, c’est dans l’électronique qu’elle s’est plongée pour son album Varmints, sorti en mars dernier. Ce n’est pas la première fois que la techno croise la route de la musique classique. Rarement la matière n’aura été cependant malaxée avec autant de fougue et d’élan quasi juvénile. Comme sur l’album, Nautilus démarre le bal, répétition à la Steve Reich, et pompe à la TNGHT. La chevauchée est lancée. Au début un peu brouillonne (le mix qui traîne à trouver ses repères, la voix d’Anna sur Something Helpful qui doit un peu se battre pour se faire entendre). L’engagement emporte malgré tout. Il faut entendre Taken, ses « yeaaaah » repris en choeurs, son roulement quasi « moroderesque ». Irrésistible. Ludiques, Anna et ses potes ont le plaisir communicatif, se permettant d’enchaîner dissonances, gimmick hard rock (Shill), guitares math (The Vapours), quasi solo de violoncelle (Blackfriars) et moments effrontément pop (Dowager, meilleur morceau de Hot Chip de la décennie). C’est à la fois savant et directement jouissif. Élégant et bombastic. Après une bonne heure de concert, en tous points épatant, Anna Meredith ponctue son rappel d’un grand rire. Fête, on vous dit!

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