Nuits Bota: Dominique A, lumineux

Vendredi, au Cirque Royal, le chanteur français faisait le grand écart entre son premier (La Fossette) et son dernier album (Vers les lueurs). Sublime.

Faux départ. On débute nos Nuits Bota ce vendredi, au Cirque Royal, avec Dominique A, mais la veille déjà le festival s’est jeté à l’eau avec le concert des Ting Tings. Faux départ à nouveau: il est 20h15 quand on pénètre dans le parterre du Cirque, et Dominique A a déjà commencé depuis 10 minutes. Comme annoncé, finalement…

Le pitch du soir: une première partie pendant laquelle le chanteur français rejoue La Fossette, album inaugural de sa discographie qui célèbre ses 20 ans; puis, après une courte interruption, la découverte du récent Vers les lueurs.

La Fossette donc, pour ouvrir les débats, en configuration minimale: basse, guitare, piano. Dominique A enchaîne les morceaux les uns aux autres, alignés dans l’ordre de l’album. Va t’en est un premier bijou électrique, tandis que Mes lapins sont attrapés au collet, assommés par un riff devenu quasi métal. Dominique A lui-même, est posé, bloc imperturbable à la voix ample, loin, tellement loin du chant aigrelet des débuts en chambre. C’est l’immense mérite de cette tournée: en remettant La Fossette à l’honneur, Dominique Ané démontre une bonne fois pour toute que le disque dépasse de loin le mythe un peu vain de l’album autarcique, dont la force dépendrait surtout de la pauvreté des moyens, de la maigreur des programmations bricolos, alors que tout rappelle ici que les chansons de l’époque n’ont pas besoin de ça pour déployer tout leur charme.

L’autre conclusion de la soirée est tout sauf une surprise: Dominique A est aujourd’hui, peut-être encore plus qu’hier, une figure essentielle, centrale, majeure de la chanson française. Rarement le chanteur a fait à ce point l’unanimité, sans avoir baissé à aucun moment ses propres exigences – toujours capable d’écrire un morceau long de 10 minutes comme Le Convoi ou une chanson d’amour aussi déprimante que Parce que tu étais là

Une longue intro salue ainsi le début de la deuxième partie de soirée, à laquelle est invitée le quintet d’instruments à vent présent sur Vers les lueurs. Le trio d’entrée est parfait: Contre un arbre, Quelques lumières déjà crucial et Ostinato. Le rythme doit cependant encore s’accélérer. Ce sera fait avec le tubesque Vers le bleu, ou Close West dont le riff à la Noir Désir passe nettement mieux sur scène. Le dernier album est livré dans son intégralité, inédits compris, comme ce Mainstream dont le final tient du baroud bruitiste: ceux qui craignaient de voir Dominique A s’attendrir au contact des arrangements orchestraux peuvent être rassurés… Mais finalement, c’est encore quand les guitares sous distos se frottent au plus près des instruments à vent que le concert atteint des hauteurs rares: La Possession est ce sommet-là, où l’électricité se mêle aux arabesques des clarinettes, du cor, du basson et du hautbois. Sublime.

Le convoi, puis Par les Lueurs terminent un concert où il fut beaucoup question de lumière. Impossible d’ailleurs de ne pas noter la « mise en lumière » de Didier Martin, aussi sobre qu’élégante, jouant sur des plafonds qui, tantôt bloquent les rayons des projecteurs, tantôt les projettent.

En rappel, « quelques oldies » rigole Dominique A: Le Sens (uniquement accompagné d’un accordéon), En Secret et Le métier de faussaire, pour terminer un concert parfait, presque trop. Alors, on remet ça quand?

Laurent Hoebrechts

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