Nos 10 coups de coeur du dernier festival Eurosonic

Moonlandingz © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Edith Piaf folk irlandaise et rock star névrosée les fesses à l’air. Norvégienne possédée qui dépouille Britney Spears et jeune surdoué qui se paie la FIFA. Eurosonic a donné le ton de l’année musicale à venir. Victoire britannique par KO.

40 300 spectateurs en quatre jours (sold out). 4 200 visiteurs aux conférences (re-sold out). 382 artistes. 442 concerts. 48 scènes. 417 festivals internationaux. 465 journalistes. Les chiffres donnent une idée du fourmillement qui gagne Groningen chaque année dans le froid glaçant de janvier. Festival de professionnels où l’on croise autant de représentants de maisons de disques que de programmateurs, d’agents, de journalistes et de bookers, Eurosonic milite pour la diversité musicale. Une diversité qu’il veut européenne. Tentant valeureusement de combattre l’hégémonie anglo-saxonne dans cette industrie du divertissement dominée de la tête et des épaules par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

Le travail de fond paie. Nombre d’artistes belges, français, suisses, italiens, islandais, grecs ou encore danois ont réussi à sortir plus facilement de leurs frontières grâce au festival néerlandais. Il reflète cependant assez mal la qualité et même, dans une certaine mesure, la diversité de ce qui se fait de mieux sur le Vieux Continent. Combien de grosses daubes pour un set techno bricolo de Jacques? Combien de pâles copies pour une rencontre avec l’univers singulier de Mario Batkovic (le Colin Stetson suisse de l’accordéon)? Sans déblayer le terrain et jeter une oreille (souvent pas besoin des deux) aux quelque 400 artistes programmés avant de s’y aventurer, une expédition à Groningue peut vite s’apparenter à une phénoménale perte de temps. Le prix d’une vocation exportatrice et donc forcément commerciale. Si à la grosse louche à peine 10% du line-up mérite le déplacement, Eurosonic 2017 a réservé son lot de bonnes surprises. Mais moins du côté du Portugal, pays cette année à l’honneur, que du Royaume-Uni, qui n’avait sans doute jamais envoyé une aussi solide délégation.

Moonlandingz

Un sac-poubelle jaune en guise de cape. Une coquille argentée sur le service trois pièces. Et un collier de perles qui lui pendille entre les fesses (à l’air, forcément). Mesdames et messieurs, on vous présente Johnny Rocket. Rock star psychopathe, névrosée, perverse et suicidaire, Johnny Rocket est une espèce de David Bowie sous crack. Un David Bowie incarné par Lias Saoudi, leader de l’excentrique et turbulente Fat White Family. Avec son comparse Saul Adamczewski (qui n’est pas de la partie pour le concert), Johnny s’est acoquiné avec le groupe de Sheffield The Eccentronic Research Council. Après avoir participé à son disque Johnny Rocket, narcissist & music machine… I’m your biggest fan, l’histoire d’un band fictif (The Moonlandingz) raconté par une fan traumatisée, les cinglés ont décidé de lui donner vie avec leurs nouveaux amis et sortiront en mars leur premier album (produit par Sean Lennon, avec pour invités Yoko Ono et le cowboy moustachu des Village People). Plus dansant mais tout aussi déglingué et décadent que Fat White…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Shame

Avec les Londoniens de Crows et les Mancuniens de Cabbage, Shame devrait si tout va bien secouer dans les mois et les années à venir la scène rock anglaise. Shame a des opinions politiques tranchées. Il dédie une chanson d’amour ironique et crue à la Secrétaire d’Etat à l’Intérieur Theresa May, a soutenu Sadiq Khan dans sa course à la mairie de Londres et espère qu’il sauvera la vie nocturne londonienne. « Beaucoup de putain de groupes indie sont plus intéressés par le fait de vendre des disques et ne veulent pas diviser l’opinion », note le batteur de Shame Charlie Forbes. Particulièrement intenses sur scène, les jeunes garçons (pas 20 ans) ont fréquenté les Palma Violets et la Fat White Family, aiment Jesus and Mary Chain et The Birthday Party et semblent avoir hérité de The Fall comme des Sex Pistols. Mica Levi, alias Micachu, a été tellement bluffée qu’elle est passée derrière la caméra pour leur réaliser un clip. Ils seront avec Sleaford Mods aux Nuits Botanique.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Lisa O’Neill

Elle a le cheveu court, de grandes lunettes et porte une salopette bleue d’ouvrier… Avant d’assurer la première partie de The Divine Comedy le 30 janvier au Cirque royal, l’Irlandaise Lisa O’Neill jouait par deux fois à Groningen pendant la durée d’Eurosonic. Le soir, dans la petite salle, silencieuse et respectueuse, du Grand Theatre et le jour dans le gentil brouhaha, pas tant bruyant qu’indifférent, d’un Coffee Company, cette enseigne concurrente de Starbucks. C’est là, entre les brownies et la soupe bio, qu’on est tombé sous le charme de cette folkeuse à la voix d’écorchée vive. Sorte d’Edith Piaf folk à l’humour noir mordant, à l’univers rêche et au sacré tempérament.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Teksti-TV 666

« Neu qui reprend les Ramones. Des Hellacopters shoegaze », promettait sa page Facebook. Si Thee Oh Sees et King Gizzard and the Lizard Wizard avaient été finlandais, John Dwyer et Stu Mckenzie auraient sans doute trouvé le temps dans leurs agendas surchargés pour jouer avec les membres de Teksti-TV 666. Sept mecs, cinq guitares… Teksti-TV 666 vient de compiler ses trois EP’s 1, 2 et 3 sur un album intitulé 1,2,3 (ces garçons sont plein de bon sens) et n’hésite pas à faire du kraut psych garage shoegaze rock en finnois. Tu aimes les bands qui ont des mélodies et qui font du bruit? Parfait. Sauf qu’aux Pays-Bas, on est plutôt tatillon avec la loi. Surtout l’année où le festival mène une étude sur la manière dont les visiteurs et les habitants perçoivent le bruit. Un technicien leur demande de baisser d’un ton et les menace de couper le son. Un dépaysement aussi bref que rock’n’roll…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Abdomen

Eurosonic n’ayant cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années, attirant de plus en plus de professionnels à Groningen, les habitants de la cité universitaire ont eu l’impression de se faire confisquer leur ville et sa vie nocturne. Résultat, comme à Austin, le festival off s’est étoffé et a essaimé un peu partout entre les canaux et les murs de croquettes. L’occasion pour nous de découvrir Abdomen, groupe hollandais surexcité qui connaît son (post-)punk, son garage et son grunge sur le bout des doigts. Chant essoufflé, épileptique, hurleur. Morceaux accrocheurs planqués sous la crasse et le bruit. Un concert furieusement libérateur.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Siv Jakobsen

Le vent. La pluie. La neige. Les files. Dans tous les sens du terme, à Eurosonic, on lutte souvent contre le temps. La performance de Siv Jakobsen dans une discrète église luthérienne planquée au fond d’une petite cour valait bien pieds gelés, crève, patience et obstination. Originaire d’Asker en Norvège, Siv est, comme Stina Nordenstam, Mirel Wagner ou, plus proche d’elle, Ane Brun, une folkeuse venue du froid. Montagne de douceur, de classe et de délicatesse, Jakobsen n’a toujours pas d’album à son actif et n’a pour carte de visite qu’un sept titres, The Lingering, enregistré à Brooklyn et paru au printemps 2015. Mais la jeune femme, singer songwriter de son état, étincelle avec ses arrangements de cordes et sa voix échappée du fond des bois. Reprenant même avec une renversante fragilité le Toxic de Britney. Et de s’en aller léger avec l’impression d’avoir assisté à un petit miracle…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Goat Girl

« The band rebuilding London’s Indie scene », titrait avec des étincelles dans les yeux le quotidien anglais The Guardian il y a quelques semaines à peine. Les Goat Girl sont quatre, viennent de Londres donc, et ont signé sur le prestigieux label Rough Trade (celui qui a découvert The Libertines). Leur premier single, Country Sleaze, a la nonchalance de Courtney Barnett. Le deuxième, Scum, sonne comme The Coral au féminin. Au Plato, un chouette magasin de disques qui permet de désengorger les soirées surchargées en proposant des mini showcases de 20 minutes à tout casser, les filles de Peckham (nouveau quartier des musiciens dans la dèche) ont laissé entrevoir tout en décontraction de belles promesses. Ready, steady, Goat…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Declan McKenna

Autant l’Angleterre a l’habitude d’envoyer à Eurosonic des seconds couteaux, ou du moins des groupes tellement douteux qu’on imagine les Rosbeefs nous prendre pour des demeurés à moitié sourds, autant cette année la couronne a balancé du lourd. Notamment avec Declan McKenna, gringalet de 18 balais (majeur depuis le réveillon de Noël) qui a déjà signé un chouette tube à la Phoenix (Isombard) et un single sur la corruption à la FIFA (Brazil). Une bonne gueule, une chouette nonchalance et un vrai talent d’écriture pop… Ce petit prodige qui a remporté le concours Emerging Talent 2015 du festival Glastonbury assurera la première partie de Blossoms le 4 février à l’Orangerie du Botanique. Essayez pour une fois d’arriver à l’heure.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Let’s Eat Grandma

Elles sont déjà passées par le Bota et le Pukkelpop. Rosa Walton et Jenny Hollingworth jurent ne jamais avoir écouté CocoRosie mais sonnent comme une version enfantine de Bianca et Sierra Casady. Voix infantiles, coupe de cheveux Cousin Machin (au plus long, au mieux), ces deux fausses jumelles (elles ne sont même pas soeurs) se connaissent depuis l’âge de quatre ans et font de la musique ensemble depuis qu’elles en ont treize. Comme leur premier album I, Gemini paru l’année dernière, le concert de ces étudiantes en musique venues de Norwich a des allures de conte féerique entre folk bricolé, pop espiègle et électro glacée. L’une semble jouer au renard qui passe et se couche par terre dans de drôles de chorégraphies pendant que l’autre rappe et se cache derrière sa tignasse. À vous les petites Anglaises…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Korfbal

À Eurosonic, la plupart des professionnels étrangers ont pris l’habitude de se casser le samedi avant que commence le Noorderslag et que toutes les scènes de Groningen soient réservées à des artistes hollandais. Pourtant, la scène nationale se porte bien. Comme Korfbal l’a démontré avec beaucoup d’entrain au Gym (un espace complètement dingue en plein centre-ville) avant que Cocaine Piss ne dévaste tout sur son passage. Cinq euros l’entrée. De Gym, l’un des spots les plus alternatifs de la ville, accueille pendant toute la durée d’Eurosonic le festival alternatif Euromoney. Le genre d’endroit où l’on reprend vie après un tas de concerts au milieu de gens qui se tiennent le menton. Dans le hall d’entrée, la foule est tellement agitée devant Korfbal que les serveuses n’ont pas l’air à leur aise, coincées entre leurs frigos et deux petites tables en bois. Korfbal (très peu d’infos circulent sur la Toile) est un supergroupe de Dokkum, riche cité de Frise, rassemblant des membres de The Homesick, Leon Harms et Creepy Karpis. Affaire à suivre.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content