Night in, Light out

Lundi, c’est Mimie Mathy. Malgré un bien sage week-end, notre chroniqueur nocturne Guillermo Guiz a d’interpellantes considérations à partager. Night in, Night out, épisode 30.

Ca commence par une citation, puisée dans un chouette bouquin dont j’ai oublié le titre, mais qui prête à Confucius de bien rigolotes intentions. On y lit, par exemple, l’assertion suivante: « Si un serpent pue des pieds, c’est qu’il s’agit probablement d’un imposteur. » J’aime beaucoup. Et c’est tellement révélateur d’un esprit qui règne la nuit dans nos joyeuses contrées. Ou pas. Mais cela dit, ça me rappelle une autre de ces créations joliment torchées par un monsieur X dont je me ferai fort de retrouver le patronyme durant cette journée d’écriture: « La nuit, tous les chats sont plats. » Justement, pas d’histoires de voiture cette semaine, pas d’histoire de lose amoureuse, et assez peu d’histoires tout court d’ailleurs. Je pourrais te mythonner en large, en long, en profond et tout, mais non mais non, pas mon genre. Ce week-end, je l’ai sagement consacré à ce que notre valeureuse société nous pousse à réaliser encore et encore, avec plus ou moins d’intérêt ou de bonheur: des prouesses professionnelles, essentiellement destinées à revitaliser le frigo.

Cela dit, une semaine complète sans sortie, c’est comme un commentaire de Georges Grün sans bafouillage: une inaccessible étoile, une licorne en tongs, un Keyser Söze de Wemmel, un gouvernement. Un truc improbable, quasi impossible, pour ne pas dire non-souhaité. Mi-mars, j’avais rédigé dans les colonnes de notre vénérable hebdomadaire Focus un petit papier intitulé: « Mercredi, le nouveau jeudi? ». De fait, il semble bien que Bruxelles gigote en pleine semaine, tablant sur la présence 1) des chômeurs 2) des étudiants trop 2.1) glandeurs 2.2) malins pour étudier si loin des examens 3) des journalistes indépendants 4) des Horecatologues 5) des insomniaques chroniques 6) des accros sévères à l’alcool, aux stupéfiants, à la musique ou à la drague. Dans ce nouveau bal du mercreday, le Wood, le Marquee, le Flat et parfois le Café Bota, le Tavernier, le K-Nal ou le Blaes 208 récupèrent donc les plus sportifs d’entre nous. Je dis « d’entre nous » parce que de ces sorties mercredesques, il se dégage un parfum d’initiés, comme si les geeks de la nuit se retrouvaient autour d’une version vintage de Donkey Kong, celle du boîtier orange aux deux écrans rabattables.

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Cela dit, sortir le mercredi ressemble au supplément cocktail-frites-à-part avec mon durum: un luxe que je m’autorise uniquement en cas de line-up affolant ou d’appartenance intérimaire à la catégorie 6. Un luxe, parce que le jeudi matin, à 8h45, j’ai pour habitude de me faire broyer la dignité par la donzelle Myriam Leroy qui, au volant de Snooze sur Pure FM, jouit à grasse voix des humiliations perpétuelles qu’elle m’inflige devant la Belgique entière. Ou en tout cas devant 2% de la Belgique francophone entière, hors sourds et enfants en bas âge. L’heure de la vengeance a pourtant sonné. Que les auditeurs de Snooze, enjolivés par la beauté carnassière de Myriam, me le pardonnent, mais la vérité devait éclater: le soir, leur animatrice préférée erre dans les rues, masquée, la combinaison près du corps, bien décidée à rendre la justice des hommes ses lettres de bravoure. Et comme elle s’en retourne généralement bredouille, j’encaisse toute sa frustration le jeudi matin, entre moqueries et attaques personnelles, fourberies et violences verbales. Te voilà remboursée, tortionnaire!

Cela dit, malgré les douloureuses perspectives de ma chronique radio, il m’arrive d’emmener mes grandes chaussures dans les sommets du night-life bruxellois. Même le mercredaille. Et comme un bon exemple vaut mieux qu’un mauvais dessin: surtout quand le Londonien d’origine Mark Ronson, producteur renommé et DJ aussi éclectique qu’ultra-coté, dépose son minois d’angelot en plein Marolles. Le garçon Ronson, pour resituer, a notamment offert Rehab et Back to Black à Amy Winehouse, avant de sortir un album tubesquement pop en septembre 2010. Un album qu’il rentabilisa d’entrée, en lançant l’électrisant Bang Bang Bang (baigné par le flot du géant Q-Tip) pour mettre dans sa poche la populace fusienne du Blaes 208. Il est un peu plus d’1h30, et son tour de plaques commence bien, d’autant que l’ami Bernard Dobbeleer, en connaisseur, a pour une fois décidé d’être attentif à la musique au lieu d’aligner les réflexions sexistes et machos (Nino 29, sors de ce corps !!)…

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Cela dit, emmener Mark Ronson un mercredi à Bruxelles, fallait avoir les cojones bien accrochées au scrotum. Parce que, malgré le frémissement mercredien dont j’ai parlé plus haut, on reste quand même un peu très violement en plein milieu de la semaine. Et Ronson ou pas Ronson, beau-gosse ou pas beau-gosse, l’essentiel de la faune nocturne s’épargne encore pour le déboulé du week-end. J’imagine que les trois ou quatre centaines d’acharnés présents ce soir-là n’auront pas rééquilibré le trou dans la caisse: un DJ du haut de la montagne, ça ne dort pas chez l’habitant, ça ne mange pas au snack Malibran, ça ne voyage pas avec Ryan Air, ça ne se paye pas en tickets restaurants. Bah, un anniversaire, ça justifie bien les petites folies: pour célébrer les cinq ans de leur excellent concept, les Liégeois de Forma.T se sont payé un tour de carrousel en or, mais ils s’en remettront.

Cela dit, je peux me tromper. Et de toute façon, avec les privilégiés du mercredouille, on a assisté à une débauche de maestria platineuse. Tous les sens et tous les styles, pompés dans une culture musicale exemplaire. Pas que les tracks enchaînés par Ronson chantaient la révolution, vraiment pas, mais ses enchaînements glissaient sur les enceintes comme le skate d’un manchot sur la banquise. De la haute couture. Et puisque cette semaine, je n’ai pas grand-chose d’autre à signaler, puisque j’imagine que tu n’auras pas envie de partager tes expériences nocturnes dans les commentaires, on va jouer à un petit jeu: toi aussi, fais ton Didier Mark Ronson et mixe deux chansons, en essayant d’enchaîner les morceaux le plus proprement possible. Faut juste un peu ralentir l’une des deux. Si tu réussis, tu pourras envisager de voyager dans les plus beaux hôtels, en t’allongeant sportivement avec les plus enthousiastes des groupies. C’est pas un destin de dingue, ça? De rien, ça me fait plaisir. Rideau.

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Guillermo Guiz

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