Micro festivals, l’antithèse de Rock Werchter

Le Micro Festival © Sébastien Cuvelier
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Quelques festivals à taille humaine misant sur la découverte, la convivialité et la proximité s’installent durablement dans un programme estival surchargé. Où, comment et pourquoi faire face au gigantisme?

Qu’ils s’appellent Micro Festival, Rock Zerkegem, Feeërieën ou Deep In The Woods, ils sont l’antithèse du gargantuesque et boulimique Rock Werchter. De ses 88.000 spectateurs parqués comme des boeufs, de ses concerts sur écrans géants et de ses paquets de frites (pas cuites) à cinq euros. Dans une industrie du concert qui a flambé, ces festivals de proximité pullulent aux quatre coins du pays. Plus ou moins charmants, plus ou moins bien organisés, plus ou moins intéressants aussi artistiquement parlant…

En cinq éditions, le Micro Festival (1500 visiteurs), complet l’année dernière avant même de siffler son coup d’envoi, est devenu une affaire qui roule. Les Australiens de UV Race, Larry Gus, les Growlers, les Belgians, BRNS et l’incroyable DJ sixties Jonathan Toubin entre autres se succèderont à Liège les 1er et 2 août. « En proposant une programmation vaguement en marge et une ambiance décontractée, nous cherchons à toucher le fan de musique qui ne se retrouve ni dans les gros machins impersonnels ni dans les petits bazars locaux », explique Jean-François Jaspers du collectif Jaune Orange.

Comme il n’y a jamais eu autant de groupes qu’aujourd’hui sur les routes, a fortiori l’été (tourner plus pour gagner plus, dirait Sarko), chacun peut y aller de ses exclusivités. Proposer autre chose que des artistes belges qui arpentent le moindre podium de ducasse.

« Tout festival, quelle que soit sa taille, est un risque. Disons que jouer la carte de la découverte accentue encore la pression. C’est bien simple: si lors d’une édition nous vendons 500 tickets de moins, nous serons dans le lac. Cette année, nous perdons un peu de soutien logistique et nous avons un trou de 3000 euros sur les chapiteaux… »

L’an dernier, Rock Zerkegem, installé à dix kilomètres de Bruges, a attiré 500 visiteurs. Son concept? Des groupes du coin et une pointure pour tirer l’affiche. Il mise aussi sur de tout petits prix. Un euro la pinte et sept boules seulement la journée. Soit 70 cents par groupe. Difficile de faire plus démocratique. Jonas Messelier, membre d’Alpha Whale (qui sera de la partie), a créé l’événement il y a sept ans maintenant. « Nous vivons dans un petit village où il n’y a vraiment pas grand-chose à foutre pendant l’été. On s’est donc mis en tête d’en briser la monotonie en créant un festival. Nous avons commencé avec nos potes et leurs groupes. Pratiquement tout le monde a joué gratuitement lors de la première édition. »

La débrouille est assurément un trait d’union pour la plupart de ces événements à taille humaine. « On a fixé la date en fonction des congés du bâtiment. On survit parce qu’on est dans un bled, qu’on peut utiliser du matériel gratuitement et qu’on est inventif. Notre scène par exemple est un camion… »

Cette année, avec Mountain Bike, Double Veterans, Mind Rays et Night Beats, les organisateurs surfent sur la vague du garage et du rock psychédélique. « Avant, je voulais que les gens de Zerkegem prennent du bon temps et surtout m’assurer qu’ils sortent de chez eux. Le fait d’être fauché ne peut pas être une excuse vu les prix que nous pratiquons. Mais désormais, je me laisse guider par mes goûts musicaux. La musique psychédélique, c’est ce que je joue et écoute. »

Au-delà de ses tarifs respectables, le Deep In The Woods propose une expérience: une immersion d’un week-end dans un village de vacances, le domaine de Massembre. Là où, à Bruxelles, les toujours agréables Feeërieën, gratuites, dans le Parc Royal, sont une opération séduction de l’Ancienne Belgique. Il n’y a pas de mauvaises raisons à une saine résistance…

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