Micro Festival: nouvelles frontières

Le Micro Festival fêtait cette année ses cinq années d'existence. © Kerem/Instagram
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les rockeurs hollandais de The Ex, les bluesmen touaregs d’Imarhan, des Battles japonais et un Matias Aguayo aux yeux bridés… Cette année, le Micro Festival fait voyager.

Le Sold Out est écrit tellement grand à l’entrée de l’Espace 251 nord qu’on ne saurait pas le rater. Alors que les Ardentes cherchent toujours la formule gagnante (elle semble clairement à aller chercher du côté des musiques urbaines), les organisateurs du Micro Festival l’ont trouvée. Une seule scène, une taille humaine, une programmation pointue, exigeante, audacieuse placée sous le signe de l’éclectisme et de la découverte. Au Micro, le festivalier ne sait pas souvent ce qu’il va voir mais il s’en retourne rarement déçu. La plus belle preuve étant cette confiance qu’il lui accorde d’année en année depuis 2010. Ces 2000 personnes qui s’abandonnent les yeux fermés au projet solo (mais pas tout à fait) d’un Scrap Dealer, à une bande de jeunes Touaregs ensablés et un quatuor de math rockeurs aux yeux bridés. Mis à part avec les vétérans hollandais de The Ex qui pleurent depuis début avril la mort du saxophoniste éthiopien Getatchew Mekurya avec lequel ils ont donné tant de grands concerts, on ne peut pas dire que le Micro a joué la carte de la sécurité. Et c’est en partie ce qui plait (outre l’ambiance relax) dans une société où les radios et la télé te martèlent les mêmes tubes dégueux à longueur de journée. Emmené par Hugues Daro, l’un des deux guitaristes/chanteurs des Scrap Dealers, Duane Serah propose de longues plages enfumées enregistrées en solitaire dans un deux pièces liégeois et déclinées ici en groupe sans grande folie mais avec un esprit hypnotique qui rappelle autant les tourbillons américains à la Wooden Shjips/Moon Duo et compagnie qu’à l’esprit baggy made in Madchester d’un Stone Roses.

Si la pop gentiment psychédélique de Morgan Delt, qui sortira son nouvel album fin du mois d’août, est plaisante et reste dans l’oreille, cette première journée de Micro a surtout brillé par le blues des sables d’Imarhan. Fils spirituels de Tinariwen (ils se sont d’ailleurs fait produire par son bassiste) cousins des Tamikrest et des Terakaft, les Touaregs déjà croisés aux Nuits du Bota emmènent le Micro ailleurs. Lui donnent de nouvelles couleurs. Deux guitares, basse, djembé, calebasse (cette demi sphère potagère)… Dépaysement et tapages de pied assurés.

The Ex, le plus culte, légendaire et tendu des groupes de rock néerlandais, jouait déjà à Liège il y a quasiment 30 ans. Libres dans leur tête et dans leur musique, urgents et militants, les post punks déclenchent quelques pogos. Toujours aussi redoutablement efficaces.

Nouvelles frontières, soirée asiatique. Avec Jambinai et ses instruments traditionnels ancestraux bizarres aux noms imprononçables (geomungo, haegeum, taepyeongso), on s’envole (ou pas) pour la Corée au son d’un post rock lourd et un peu ennuyeux. Plus emballant Goat, à ne pas confondre avec l’afro collectif suédois masqué, vient d’Osaka et fait grosso modo du Battles japonais. En mode super statique, assis et avec un saxophone. Vous reprendrez bien un petit coup de saké? La soirée se termine encore au pays du soleil levant avec Anchorsong, une espèce de Matias Aguayo nippon. Une électro exotique, un peu tribale, rythmée mais légère, avec ce petit côté Panda Bear « asiat »… Le Micro n’avait définitivement jamais été aussi bariolé.

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