Critique | Musique

Matthew E. White – Big Inner

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

COUNTRY SOUL | Matthew E. White, barbu joufflu de Virginie, se révèle à 29 balais avec un redoutable premier album de country soul au charme spirituel.

MATTHEW E. WHITE, BIG INNER, DISTRIBUÉ PAR DOMINO. ****

Croyant ou pas, il y a tous les ans l’un ou l’autre disque à l’ambiance chrétienne, mystique, spirituelle voire pastorale qui vient se frayer une place de choix dans nos oreilles alertes, nos coeurs écorchés et nos discothèques sentimentales. Quand ce ne sont pas les Kingsbury Manx (The Kingsbury Manx) ou Josh T. Pearson (Last of the Country Gentlemen), c’est un certain Matthew E. White qui se charge de montrer la lumière. Et autant écrire que le songwriter américain s’acquitte de la tâche avec soin, brio et panache.

Natif de Manille, Matthew vit à Richmond, dans la très puritaine Virginie. L’un des fiefs de Mitt Romney et l’un des Etats les plus blancs du pays. Fils de missionnaires chrétiens évangéliques (il les a, enfant, accompagnés pendant quatre ans aux Philippines), le garçon semble tombé du ciel avec ce disque improbable influencé en vrac par Randy Newman, le tropicaliste Jorge Ben (il lui emprunte même quelques paroles), Ray Charles, The Band, Dr. John, Allen Toussaint et Curtis Mayfield… Il a pourtant déjà roulé sa bosse avec son groupe de country rock psychédélique The Great White Jenkins et son octette de free jazz Fight The Big Bull. Membre du Patchwork Collective, un projet artistique voué à la création d’une indispensable scène locale, il a fondé l’an passé le label Spacebomb Records, partagé des dates avec Megafaun et Sharon Van Etten et arrangé le dernier disque des Mountain Goats.

Regional music

Big Inner, ce sont des chansons de foi et de rédemption. Des chansons sur la vie, la mort, l’amour. La vie, la mort, l’amour et Dieu. Forcément. One of These Days ouvre ainsi la messe avec classe, langueur et sensualité.

Avec Matthew, il y a le Spacebomb House Band: Cameron Ralston à la basse et Pinson Chanselle (un nom de hippie) à la batterie et aux percussions. Mais aussi les Spacebomb Horns, une petite dizaine de saxo, trompettes et trombones. Les Spacebomb Strings, huit violons, alto et violoncelles. Et une Spacebomb Choir. Une armada pour un album à la fois grandiloquent et feutré.

« It’s regional music », dit White de son disque. Soulignant que seul quatre de sa trentaine de musicos ne sont pas de Richmond. Il passe de la guitare au piano. Joue avec la soul, un funk Nouvelle-Orléans pépère, le gospel et des ambiances pastorales, une country cosmique et une pop toujours distinguée…

Ecrit la nuit où son jeune cousin est mort, le lambchopien Gone Away plombe joliment l’atmosphère. Là où Steady Pace réveille les âmes de danseurs avec son trip Jackson 5. Big Inner se termine sur Brazos. « Jesus is our friend » en guise de mantra. Dix minutes d’extase gorgées de choeurs et dédiées au plus long fleuve du Texas jadis appelé le Rio Brazos de Dios. Le fleuve des bras de Dieu… La boucle est bouclée.

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