Critique | Musique

Liz Green – O, Devotion!

FOLK | Depuis Manchester, Liz Green trousse des murder ballads, entre blues et chanson, avec des cuivres pour assurer l’ambiance cabaret.

LIZ GREEN, O, DEVOTION!, DISTRIBUÉ PAR PIAS. ***
EN CONCERT LE 26/01, AU BOTANIQUE, BRUXELLES.
Ecouter l’album sur Spotify.

Voilà le genre de disques qui passerait facilement inaperçu. Liz Green est anglaise, de Manchester, et semble presque s’excuser d’être là. O, Devotion! est son 1er album, et il pourrait par exemple atterrir entre ceux de sa compatriote Laura Marling et ceux de l’Américaine Alela Diane -surtout pour cette voix, qui partage les mêmes échos caverneux, la distance en plus. Sur O Devotion!, Green trousse en effet une dizaine de miniatures folk acoustiques. La guitare et la voix pour creuser les angoisses, et un ensemble de cuivres pour les tenir un minimum à l’écart. Injectant une ambiance cabaret « à la Tom Waits », le brass band empêche les chansons de Green de s’apitoyer sur leur sort -quitte à ce que le procédé ne soit un peu trop systématique . « C’est vrai que les cuivres introduisent un second degré que j’aime bien. Une touche d’humour. Le meilleur moment de l’album, c’est la partie de tuba sur Displacement Song« , explique l’intéressée. « Mais vous savez, la raison pour laquelle il y a autant de cuivres est plus basique. Quand on m’a filé de l’argent pour faire un disque, je me suis dit que ce serait sympa d’inviter des potes. Or il se trouve que la plupart jouent de ce type d’instruments. »

Dans les coulisses de Glastonbury

On a eu peur. A un moment, on a cru que Liz Green allait tenir un discours sur sa musique… Ce qu’elle refuse obstinément -pas le genre de la maison. En interview, elle annonce d’ailleurs directement la couleur. « Je n’ai pas grand-chose à raconter. » Elle fait bien des efforts, mais avoue: « Au départ, la musique vient assez naturellement, il s’agit d’être moi-même. Ce qui devrait être assez simple. Mais je me rends compte aujourd’hui, quand on me pose toutes ces questions, que cela n’est apparemment pas si évident d’être moi. » Sa 1re guitare, par exemple, c’est son père qui lui offre quand elle est encore gamine, à Noël. « On n’a jamais compris pourquoi. Certainement parce que cela ne devait pas coûter trop cher. Cela dit, tout le monde devrait avoir un instrument à la maison, même si personne ne sait en jouer. » De fait, quand elle s’ennuie à l’unif, Liz Green retombe dessus et commence à chipoter, sans grandes ambitions. Après les études, elle a d’ailleurs le temps d’enchaîner les jobs: chef dans un restaurant végétarien, prof… Un jour, en 2007, elle est en train de donner à manger à un petit à la cantine quand son téléphone sonne: on lui annonce qu’elle est sélectionnée pour jouer sur la scène découvertes du festival Glastonbury. « Je ne savais même pas que je participais. Ce sont des amis qui m’ont inscrite. » Elle remporte le tremplin et croise dans les coulisses les Arctic Monkeys et autres Killers, sans que cela l’émeuve outre mesure. « Juste des mecs en jeans, quoi », glisse-t-elle, avant d’ajouter: « On prend la musique trop au sérieux. »

Les histoires de Liz Green n’ont pourtant rien de léger, avec ses envies de meurtres, de pendaison… « J’aimerais bien écrire des chroniques sociales comme Jarvis Cocker ou The Streets, mais ce n’est pas ce qui vient. » A la place, Green chante des contes morbides, murder ballads carburant aux grands archétypes blues . « Il ne faut pas fuir les clichés. Ils sont la vérité. C’est bateau de dire que vous avez des papillons dans le ventre quand vous êtes amoureux. Mais c’est aussi très concrètement ce qui se passe, non? »

Laurent Hoebrechts

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