Les hymnes à la joie d’Underworld

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Avec leur huitième album « Barking », le duo Underworld ouvre sa musique à une série d’invités. Et sort du coup son album le plus accessible. Voire le plus euphorique.

Pour comprendre Barking, huitième album d’Underworld, une des possibilités est d’écouter directement Always Loved A Film. Echos trance, montée euphorique et, sur le refrain, des choeurs. Oui, des choeurs! « C’est le genre de choses qu’on s’est longtemps refusé de faire, explique Karl Hyde. Cela ne nous correspondait pas. Mais aujourd’hui, c’est le bon moment, on peut s’y retrouver. »

Courant des années 90, Underworld a fait partie de ceux, aux côtés des Chemical Brothers ou de The Prodigy, qui ont contribué à rapprocher rock et techno. A leur manière, singulière, mélangeant gimmick pop et longs développements dance. Les 9 minutes de Born Slippy NUXX, le carton issu de la B.O. de Trainspotting, reste ainsi un des hymnes des nineties, toujours joué en radio malgré son format inhabituel.

Aujourd’hui, le mélange des genres et des tribus est devenu beaucoup plus banal. Le défi pour Underworld, soit Karl Hyde et son acolyte Rick Smith, est ailleurs. « Malgré le succès, on n’est pas forcément dans une situation plus confortable. Du point de vue artistique, l’argent et l’âge n’aident pas au processus créatif. Au contraire. Cela vous empêche de prendre des risques. »

Pour Barking, Underworld a donc trouvé la parade. Le duo a ouvert le chantier à une série d’invités, plutôt surprenants: de Paul Van Dyke, pape de la trance, à Mark Knight, en passant par High Contrast, cador dubstep. « En fait, on l’a fait pour chacun de nos disques. Mais par après, sous la forme de remixes. Ce qui est souvent frustrant. Régulièrement, il y avait l’un ou l’autre remix qui nous parlait particulièrement, qui amenait un point de vue intéressant. On a voulu avoir ce dialogue. Mais cette fois-ci, dès le départ. »

Célébration

Après un Oblivion With Bells (2007) plus sombre et introspectif, Underworld a donc voulu ouvrir grand les fenêtres et amener un peu d’air frais. Comme si le duo se fatiguait de lui-même? « Non, ce n’est pas la question. Dès le départ, on vient d’une culture artistique où l’échange et l’interactivité sont essentiels pour avancer. On a formé Tomato (leur boîte de design, ndlr), en rassemblant des musiciens, des graphistes… On a voulu une structure où le musicien peut commenter le montage d’un film et le monteur peut donner son avis sur la musique. Notre modèle reste le Black Mountain College, par lequel sont passés John Cage, Merce Cunningham, Robert Rauschenberg, Franz Kline… Tous travaillant dans le même environnement, souvent ensemble. Il faut rester ouvert, se remettre en question. »

Résultat: Barking est leur album le plus pop, le plus accessible. « J’imagine, oui. Ce qui est certain, c’est qu’on voulait faire un disque qui reflète les trois dernières années que l’on a passées essentiellement à tourner à travers le monde. Des moments où les gens dansent, ont du plaisir… On a cherché à retrouver ce sentiment d’euphorie, de joie, de célébration. » Un peu à la manière du One Life Stand de Hot Chip ou du This Is Happening de LCD Soundsystem, Underworld baisse la garde, perdant en « cool » ce qu’il gagne en émotion brute. Un risque comme un autre, quoiqu’on en pense. Et dans ce cas-ci, plutôt payant.

Free music – Barking

Underworld, Barking , distribué par Cooking Vinyl/V2. En concert à I Love Techno, le 13 novembre, au Flanders Expo, Gand.

Laurent Hoebrechts

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