Les Ardentes J4: Son Altesse D’Angelo

D'Angelo © REUTERS/Shannon Stapleton
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

En toute fin de festival, il ne fallait pas rater le dernier feu d’artifice soul-funk.

Ne manquait plus qu’un dernier coup d’éclat. Pas de souci, D’Angelo est là pour ça. Sur le coup de 23h, la plaine liégeoise s’est pourtant déjà largement vidée. Surtout qu’à l’heure à laquelle est censé commencer le concert, on en est encore à régler certains instruments… Heureusement, une demi-heure plus tard, la machine est bel et bien lancée. Elle est impressionnante. Dès les premières secondes, elle tourne à plein régime. Soul moite, funk épique: après avoir disparu de la circulation pendant un long moment, D’Angelo est bel et bien de retour. Ain’t That Easy ouvre le feu, provoque les premiers balancements. A partir de là, la température n’arrêtera plus de monter. Quatre jours de festival laissent immanquablement des traces dans l’organisme. Mais quand le soul imperator prend les commandes, toute fatigue disparaît. Guitares jazzy sur Betray My Heart, espagnolades humides sur Really Love : tout est parfaitement à sa place, architecture musicale d’une luxuriance inouïe. The Vanguard, le groupe XXL qui accompagne D’Angelo, fait en effet des étincelles, paquebot funk impertubable (on rêve de le voir partir en tournée avec Kendrick Lamar). Avec 1000 Deaths, dédié « aux victimes de la brutalité policière », D’Angelo renvoie au Sly Stone psyché de There’s A Riot Goin’ On ou à Funkedalic. Quand il enchaîne Brown Sugar et Sugah Daddy, on vire du côté de James Brown. La Saintre Trinité.

Après une heure et quart, le festin arrive déjà à son terme. Trop court, trop bon. Tout festival se termine par un feu d’artifice. Les Ardentes ont eu mieux : D’Angelo.

Il permettait par ailleurs de clore une 10e édition au bilan artistique en grande partie réjouissant. Ce qui n’a certes pas empêché une baisse de fréquentation mais venant d’une année 2014 record.

Difficile d’isoler une cause précise à ce moins bon résultat. Le jeudi a moins bien marché : à cause de sa programmation hip hop ? ou du fait qu’elle n’ait été quasi que hip hop ? Où il serait donc moins question d’un genre en particulier qui attirerait moins de monde, que d’une journée trop monothématique, là où un festival est censé brasser les genres… Par ailleurs, en ramenant Kendrick Lamar en bord de Meuse, les Ardentes savaient qu’elles réussissaient un gros coup, mais sans être vraiment certaines que le succès critique du rappeur allait suffire à ramener la grande foule. Soit : ce qu’elles n’ont pas gagné en public, les Ardentes l’ont récupéré en prestige : un festival ne se construit pas seulement sur ses chiffres de fréquentation, mais aussi sur ses paris artistiques. A cet égard, l’avenir de l’événement liégeois, appelé tôt (l’an prochain) ou tard (l’année suivante) à déménager, s’annonce plutôt bien.

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