Les Ardentes J2 : tous les raps sont dans la nature

De La Soul © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

De La Soul se fait plaisir ; A$ap Rocky se fait attendre.

Il fallait bien que ça arrive. C’est avec pas moins d’une heure de retard qu’A$AP Rocky est monté sur la scène des Ardentes, vendredi soir. Voilà ce qui arrive quand on blinde son affiche de cadors du rap US? Facile. Et un peu cliché, certainement. Merci donc encore à A$AP Rocky de l’avoir confirmé, et ce avec un certain panache… Quand il rejoint ses deux DJs, et trois autres camarades sur scène, sur le coup de 22h30, il est heureusement bien remonté. Les synthés polaires de Lord Pretty Flacko Jodye 2, tiré de son récent (et excellent) AT.LONG.LAST.A$AP, lancent les hostilités. Et pendant deux morceaux, on se dit que le bonhomme va réussir à retourner la situation. Sauf que très vite, la tension redescend. Même le single drogué L$D finit en queue de poisson, virant quasi à la ballade neuneu, vague de mains en l’air comprise. Alors que le rappeur possède un flow de fou furieux, il laisse aussi trop souvent ses camarades de jeu tenir le crachoir, préférant faire le beau. Après 50 minutes à peine, un lancer de confettis, et malgré tout l’une ou l’autre fulgurance qui sauve la mise, A$AP Rocky a fait son office.

Juste avant lui, d’autres rappeurs occupaient la grande scène des Ardentes. Eux aussi originaires de New York, mais avec quelques années en plus. Loin des pimpinnades de la jeune génération, De La Soul représentait un peu l’ancienne garde, celle qui a fait les beaux jours du rap dans les années 90. Contrairement à pas mal de collègues de l’époque, Dave, Maseo et Posdnuos ont conservé une fraîcheur qui fait toujours plaisir à entendre. En fin d’après-midi, sous le soleil, leur rap feelgood fut en tout cas particulièrement jouissif. En outre, le trio était accompagné d’un groupe conséquent: batterie, percussions, cuivres, basse, guitare… Les groupes de hip hop, accompagnés de « vrais » musiciens, ne sont plus rares. Mais rarement a-t-on entendu la sauce prendre aussi bien. De La Soul a ainsi balancé un hit après l’autre (Ring Ring Ring, Me Myself and I, All Good , Oooh…), avec une bonne humeur jamais niaise.

Le contraste est évidemment frappant avec le set frimeur d’A$AP Rocky. A chacun de choisir son camp? Ou pas. Car, plus que jamais, le hip hop ne peut se résumer à un courant, une attitude. Devenu mainstream, et riche d’une histoire de près de quarante ans, le rap est aujourd’hui tentaculaire. Les deux premiers jours des Ardentes l’ont bien montré: entre le rap à haute valeur spirituelle de Kendrick Lamar, les gamineries réjouissantes des Rae Sremmurd, ou l’expédition-commando des Flatbush Zombies, tous les raps sont dans la nature. Pourquoi se priver?

A sa manière, De La Soul l’a bien rappelé. Par exemple quand Dave explique que la culture hip hop va de George Clinton à Drake, ou Snoop. Voire même plus loin. Puisque le rap est moins une musique, qu’un vecteur qui les englobe toutes, avide de samples et de sons, qu’ils viennent du funk ou du rock (Mase porte un t-shirt de Pink Floyd), de la soul ou du folk… Avant de partir, De La Soul se permet même de lâcher le tube de Gorillaz, le fameux Feel Good Inc. Comme d’habitude, il est introduit par le rire énorme, monstrueux, de Maseo. All you need is laugh…

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