Les Ardentes J2: Insane in the Brain(feeder)

Jameszoo © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le producteur de Den Bosch Jameszoo, le bassiste de jazz Thundercat et le patron Flying Lotus. Les Ardentes font la fête au label Brainfeeder.

Apparu à la fin des années 2000, le Hollandais Mitchel Van Dinther mélangeait déjà, dans sa période DJ, l’avant-garde jazz, le prog-rock, le kraut et les expérimentations électro. Mais depuis le printemps dernier, Jameszoo (un nom de scène était indispensable) a rejoint l’écurie américaine Brainfeeder. Et le 13 mai, collant à merveille aux nouvelles directions empruntées par le label de Flying Lotus, sa volonté d’ouvrir la voie à un jazz moderne, Jameszoo sortait Fool, un disque insaisissable et hybride auquel il a collé l’étiquette de « naive computer jazz »… Si l’électronique était jusque-là à la base de ses compositions, le mec de Bois-le-duc a fini par s’intéresser au travail de Steve Kuhn et Arthur Verocai (ils figurent tous deux sur son disque), au Rock Bottom de Robert Wyatt… Et s’est mis à intégrer à sa musique des instruments classiques. Dans l’immense HF6, désert en ce début d’après-midi, Mitchel et son pote semblent un peu perdus derrière leurs claviers et appareillages. À revoir dans des conditions plus intimes.

Thundercat
Thundercat© Olivier Donnet

Le jazz ne nous est pas retombé sur le coin de l’oreille par hasard. Avant que des BadBadNotGood et des Kamasi Washington le remettent au goût du jour, il y avait déjà par exemple le bassiste Stephen Bruner. Âgé de 31 ans, croisé auprès de Suicidal Tendencies, d’Erykah Badu et de Kendrick Lamar (il fut l’un des architectes de To Pimp a Butterfly), Bruner alias Thundercat teinte ses morceaux de soul, de funk. On rend les armes assourdi par une sonorisation défaillante, par un bâtiment qui tremble. Ça l’aurait davantage fait dans le plus petit et plus sombre Aquarium.

Flying Lotus
Flying Lotus© Olivier Donnet

Au sein de la délégation Brainfeeder, c’est le chef Flying Lotus qui tire le mieux son épingle du jeu. Planqué derrière un écran et des projections psychédéliques, Steven Ellison joue avec son ombre dans un bluffant dispositif visuel. Peut-on faire du jazz sans jouer d’aucun instrument? Pas mal se posent encore la question en écoutant FlyLo. Certains citent Mingus et Ellington, d’autres crient à l’hérésie. « Si Jelly Roll Morton et Coltrane, c’est du jazz, comment peut-on prétendre que Flying Lotus n’en fait pas? », questionne Kamasi Washington, qui se produira dimanche soir aux Halles des foires de Coronmeuse. Pour anecdote, c’est au John Coltrane Jazz Festival de Los Angeles, sponsorisé par ses parents (FlyLo est le petit neveu d’Alice), que Steven Ellison a vu Thundercat, son frère Ronald Bruner et Kamasi Washington jouer pour la première fois alors qu’ils étaient encore adolescents. Qu’on se le dise, la communauté californienne Brainfeeder aime toujours slalomer entre le hip hop, le jazz et les musiques électroniques et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

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