Les Ardentes J2: Cidade de dEUS

dEUS © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Oui, on peut être et avoir été. Un bon sujet de réflexion alors que le rock et la pop se cherchent des têtes d’affiche.

Ce n’est pas nécessairement les bons disques qui font les meilleurs concerts. A fortiori en festival… On l’a souvent pensé et ce constat s’est encore vérifié vendredi du côté des Ardentes, de ses bords de Meuse et de ses Halles des Foires. Prenez Baxter Dury. Fils de Ian aux allures de Droopy cockney. Le quadra a quatre plaques impeccables à son actif, un dernier album plein de charme et pratiquement aucune chanson à jeter. Ca ne l’a pas empêché malgré son humour, sa présence toute bancale et décalée, de proposer un set tout pourri, presque inaudible, entre deux lampées de Jack Daniels. Son infâme. Bousillage de morceaux en règle. Le parfait cliché du gig raté.

A l’inverse, dEUS n’a plus sorti un disque correct (à peine quelques titres) depuis 16 ans et la publication en 1999 de The Ideal Crash. Déjà aux Ardentes en 2013, les Anversois n’en ont pas moins démontré qu’ils avaient encore de beaux restes, un vrai savoir-faire et même que leur présence avait du sens. En festival, dans un format bien resserré d’une heure et quart, la bande à Tom Barman évite de s’appesantir sur l’affligeante banalité de sa fin de carrière (enfin de sa plus récente moitié). Il y a bien vingt minutes dont on se passerait aisément. Notamment cet extrait en français Quatre Mains qui ne vaut que pour le clin d’oeil. Mais avec des Via, des Fell Off The Floor, Man, une version incandescente et explosive d’Instant Street et cet hymne national du rock belge qu’est Suds & Soda, les retrouvailles ont des allures de communion. Célébrant le groupe le plus important de notre plat pays en replongeant dans ses disques fondamentaux. A fortiori les deux premiers.

Le cas de Tom McRae est différent. Tom McRae, c’est cet ancien beau gosse, fils de pasteur et protégé de Scott Walker, qui en 2000 avait brisé les coeurs d’un premier album magique et désespérément hanté. Des chansons comme You Cut Her Hair et The Boy with the Bubblegun et des phrases cruelles et définitives comme « If words could kill I’d spell out your name… » Le genre de début dont on se remet difficilement. On s’est d’ailleurs fait une raison. Le natif de Chelmsford, en Angleterre, courra toujours derrière la réussite de cette carte de visite aux allures d’oeuvre ultime. Son dernier disque n’a rien d’honteux. Le concert, lui, est sans grand intérêt. Une confrontation brutale avec le passé. Et ce même habitée par la meilleure des volontés.

S’il a été nominé l’an dernier pour le Mercury Music Prize, le premier album de Nick Mulvey a chez nous eu moins de retentissement. Echappé en 2011 de Portico Quartet pour assouvir ses ambitions personnelles et ses désirs de singer songwriter, Mulvey (30 balais) est un intello de la musique. Il est parti l’étudier, ainsi que l’art, à La Havane dès l’âge de 19 ans et est ensuite retourné à Londres pour potasser l’ethnomusicologie à l’Ecole des études orientales et africaines. Accompagné d’un groupe (il était tout aussi à son affaire tout seul dans une église), le Britannique rappelle un peu, beaucoup, le Suédois José Gonzalez mais gère tout ça avec maestria. Définitivement un métier que de vieillir dans la musique…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content