Le Gent Jazz a fait le plein

Le festival gantois clôturait sa double programmation ce week-end, avec un nouveau record de fréquentation. Et un Raphael Saadiq somptueux.

Et hop! Un nouveau record d’affluence, un! Après les Ardentes et Dour, un festival supplémentaire, d’un tout autre genre, a pu afficher cette année des chiffres de fréquentations inédits: pas moins de 38.000 spectateurs se sont rendus au Gent Jazz, qui se clôturait dimanche soir. De quoi confirmer la nouvelle donne: si le chemin du disquaire devient de plus en plus compliqué à trouver, celui, pourtant plus tortueux, qui mène à la plaine de festival, est devenu une 4 voies dégagée. C’est bien simple: même sous eaux, comme ce week-end, ça roule.

Samedi soir, par exemple. Le site du Bijloke a beau s’être à nouveau amélioré, on s’en rend à peine compte. En plein centre de Gand, l’ancien hospice médiéval est devenu un splendide centre culturel. Ambiance cool, BCBG, où la trappiste est servie dans un verre. Mais sur la pelouse inondée, on patauge à peu près autant qu’à Dour. La pluie donne la même couleur aux gens…

Heureusement, sous le chapiteau, la triple affiche de samedi ne manquait pas de couleur: les tubes new wave version bossa de Nouvelle Vague, le tango revisité de Gotan Project, et entre les deux, la soul vintage de Raphael Saadiq. Vintage? En gros, cela veut dire que les musicos portent la casquette façon Brigade du Tigre, plutôt que New York Mets. Dans le détail, sur scène, pour accompagner Saadiq, il y a donc batterie, guitare, basse et clavier: du miel pour les oreilles, tant le band est en place. Le son de la batterie par exemple: là où, en festival, la caisse claire sonne la plupart du temps métallique, le moindre toucher garde ici une élasticité épatante. Du coup, tout paraît plus simple. Saadiq entame par exemple le concert avec Heart Attack, tiré de son excellent dernier album Stone Rollin’. Un simple riff sur des nappes d’Hammond: directement dans le mille. Stone Rollin’ enchaîne façon boogie blues, quasi rock, et l’ambiance est définitivement lancée. A ses côtés, un choriste-shouter-danseur dynamite un peu plus le spectacle, sans pour autant voler la vedette. En général, l’osmose du groupe est assez fascinante, qu’il prenne des accents rock, doo wop ou soul 70’s (Movin’ Down The Line), offrant une voie royale à Saadiq.

Évidemment, l’option « classique » (plus que vintage, rien à voir ici avec le grain des productions Daptones par exemple) n’amène par définition rien de bien neuf. Du coup, interrogation: avec une telle musicalité entre les mains, que donnerait Saadiq s’il creusait (à nouveau) des terres plus contemporaines? Question légitime, non? Peut-être. Sauf qu’après l’heure quart de concert, éblouissant, on l’a déjà oubliée…

Laurent Hoebrechts

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