La mythique maison de disques Capitol Records fête ses 75 ans (photos)

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Julien Bordier Journaliste

Sur la côte Est des États-Unis, la statue de la Liberté est souvent la première à se faire dégommer dans les films catastrophe. À l’autre bout du pays, ce rôle est dévolu au Capitol Records Building. Point de repère de Los Angeles, la tour cylindrique de treize étages en forme de pile de vinyles abrite depuis sa construction, en 1956, le siège de l’un des plus prestigieux labels américains. Une marque qui a su trouver sa place entre l’art et le commerce, l’innovation et les valeurs sûres, hébergeant des figures comme Nat King Cole, Frank Sinatra, Pink Floyd, les Beach Boys, les Beatles, MC Hammer, Coldplay…

Les éditions Taschen publient un fabuleux pavé à la gloire de ce monument, qui fête ses 75 ans. Plus de six kilos sur la balance, 492 pages de superbes photos, pour la plupart inédites, et d’un texte signé Barney Hoskyns, spécialiste de la scène musicale de Los Angeles. « ItaliqueCapitol Records, c’est toute la musique populaire depuis la Seconde Guerre mondiale/Italique, souligne l’éditeur Reuel Golden. ItaliqueL’entreprise était en avance sur son temps. Sa plus grande star, Nat King Cole, était un Afro-Américain. Il avait tellement de succès que la tour était surnommée/Italique: Italique »The house that Nat built »/Italique [la maison que Nat a construite]. »

Lancé en mai 1942 par le compositeur-interprète Johnny Mercer, le label est le premier à s’installer à Hollywood. La musique est alors l’affaire de New York, où s’affichent les concurrents Decca, RCA Victor et Columbia. Très vite, il se détache par la qualité de sa production et le soin apporté au graphisme des pochettes et des disques. Surtout, il se veut à l’écoute de ses artistes, se dotant de trois studios maison conçus par l’ingénieux Les Paul. Le premier à y enregistrer est Frank Sinatra, récupéré en 1953 après avoir été jeté comme un has been par Columbia. Bonne pioche.

Dans les années 60, les registres historiques de la compagnie, le jazz et le R’n’B, sont en perte de vitesse. La direction sent le vent tourner et accepte les choix de ses jeunes cadres partis à la recherche de groupes pop pour adolescents. Les Beach Boys rejoignent l’écurie. Filiale depuis 1955 du britannique EMI, Capitol Records hésite toutefois à lancer quatre jeunes de Liverpool qui commencent à percer en Angleterre. Les patrons se réveillent heureusement à temps. Avec les Beatles, le label tombe sur la poule aux oeufs d’or, mais se repose sur ses lauriers et rate la vague hippie. L’industrie du disque n’a rien d’une science exacte. Convenons que Capitol Records a rarement manqué de flair et a sauté dans les bons wagons: l’électro avant-gardiste de Kraftwerk, le hip-hop festif des Beastie Boys, le rock alternatif de Radiohead. Propriété d’Universal Music depuis la disparition d’EMI, la maison continue d’être soutenue par la culture de la jeunesse. Comptant sur la pop sucrée de Katy Perry et de Sam Smith, Capitol n’est pas près de capituler.

75 YEARS OF CAPITOL RECORDS. ÉDITIONS TASCHEN, 492 PAGES. ****

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