La BO de Mai 68 en 30 titres

Il y a 50 ans naissait l’un des mouvements protestataires les plus marquants en France, voire en Europe. Mais s’il fallait recréer une bande originale de cette révolution, quelles chansons ressortiraient? En voici une liste, évidemment non-exhaustive.

Du 3 au 27 mai 1968, étudiants et ouvriers manifestent dans ce qui restera l’une des plus grandes, si pas la plus grande révolution populaire en France. Tandis que les étudiants bloquent les universités, les ouvriers font grève dans leurs usines, bloquant toute la production du pays afin de faire réagir le gouvernement en place. Une révolution mémorable qui a eu droit à ce qu’on pourrait appeler une bande originale de mai 68, faite de chansons faisant office de boutefeu, de hits de l’époque et de chants inspirés par ce terrible mois de mai.

Du Moyen-Âge à aujourd’hui, l’Histoire a toujours vu défiler des artistes tentant de dresser des remparts en musique envers l’autorité. Pour retrouver le premier à chanter pour les ouvriers, il faut remonter au début du 20e siècle, avec Joe Hill, un ouvrier syndicaliste qui fut l’un des premiers à utiliser cette forme de rébellion musicale. Il inspira d’ailleurs Joan Baez qui écrit une chanson sur lui. C’est dans les années 60 que leurs chansons ont trouvé une véritable puissance de revendication avec des musiciens comme Bob Dylan, John Lennon ou même Joan Baez. De notre côté de l’Atlantique, c’était avec des Jean Ferrat, Léo Ferré et Georges Brassens.

On commence donc cette liste avec quelques chansons qui ont pu faire office d’inspiration pour les futurs manifestants, à commencer par Workers of the World, Awaken! de Joe Hill. Dans cette chanson, l’un des pères des syndicalistes américains écrit « Ouvriers du monde, réveillez-vous! Cassez vos chaines, demandez vos droits. Toute la richesse que vous faites est prise par ces parasites exploitants« . On retrouve également deux artistes engagés des années 60 que sont Bob Dylan et Joan Baez, tous les deux farouchement engagés pour la paix. Blowin’ in the Wind ou Oh Freedom en sont des bons exemples, la première ayant même été chantée lors de la Marche sur Washington de Martin Luther King en 1963. Julien Clerc et Jean Ferrat se placent dans cette liste également, l’un pour sa chanson L’Amour en chantier, écrite par l’écrivain Etienne Roda-Gil au printemps 1967, comme prédicateur de la révolution, l’autre déjà révolutionnaire dans l’âme avec Les Guerilleros, écrite par Jean Ferrat alors en voyage sur l’île de Cuba. Jean Ferrat sera l’un des acteurs de mai 68 de par son appartenance au parti communiste et de son engagement au côté des grévistes. Tout comme Léo Ferré qui donna un concert mythique à la Mutualité, lors de la première nuit des barricades au Quartier Latin, le 10 mai 1968.

Pendant ce terrible mois de mai, la rue scande des chants révolutionnaires tandis que la radio crée un contraste en diffusant les hits populaires. On peut retrouver d’une part le jeune Renaud de l’époque chanter un très cru Crève salope ou les Gavrochards (groupe de manifestants) hurler leurs slogans, dont la chanson du C.M.D.O. Parallèlement à cela, la scène musicale populaire continue de vivre sa vie et des énormes tubes atteignent les sommets des charts en France et en Belgique. De Delilah de Tom Jones à Think d’Aretha Franklin en passant par Siffler sur la colline de Joe Dassin, Lady Madonna des Beatles ou Il est cinq heures, Paris s’éveille de Jacques Dutronc, beaucoup de succès intergénérationnels sont nés durant cette révolution.

S’achevant sur l’annonce par le Général de Gaulle de la dissolution de l’Assemblée Nationale, le mois de mai 68 signe une sorte de victoire du peuple sur l’État et ne manquera pas d’inspirer de nombreux artistes par la suite, jusqu’aux Rolling Stones et leur Street Fighting Man en décembre de la même année. Léo Ferré, activiste renommé pendant les manifestations, en fera un album, L’été 68, tandis que beaucoup d’autres se contenteront d’une ou plusieurs chansons, comme Jean Ferrat, Dominique Grange, Claude Nougaro, Hubert-Félix Thiéfaine et même plus récemment le groupe Sinsémilia.

Guillaume Scheunders

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