L’Autumn Rock, de l’intérieur

Braine-le-Comte accueillait la 15è édition de l’Autumn Rock Festival ce samedi. Compte-rendu du festival à l’affiche quasi 100% belgo-belge par le guitariste de Von Durden.

Perplexe. Quand le rédacteur en chef de Focus, Laurent Raphaël, nous demande en début de semaine passée de couvrir l’Autumn Rock, on ne sait quoi répondre. C’est qu’on y joue, à ce festival. Si on ne cache pas de manger aux deux rateliers, l’occasion ne s’est pas encore présentée d’abattre publiquement les deux cartes en même temps: musicien et journaliste. Tant pis, au feu les idées bas du front: on accepte le défi. Au pire, on dira que c’est un blog…

La journée commence mal. Une semaine qu’on a commandé des affiches pour promouvoir la sortie de notre deuxième album, Dandy Animals, et qu’elles n’arrivent pas. Pourquoi faut-il que ça arrive maintenant? Dans le stress, la veille, toutes les solutions de dernière minute sont envisagées. On en photocopie? Trop cher. On en imprime nous même? Trop petit. On en sérigraphie? Pas le temps. On y va au pochoir? Pas vraiment l’expérience nécessaire… Mais qui ne tente rien n’a rien: au petit matin, on se rend quand même au point de dépôt où est censé être arrivé le colis, une librairie du côté de Boondael. –« On n’a rien reçu, monsieur. »« Rien reçu? Mais c’est quoi ces deux cartons à côté du comptoir? »« Ça? C’est là depuis le début de la semaine! » Pas le bon nom inscrit sur le colis. Plus de peur que de mal. Quelques instants de négociation plus tard, c’est bon, on a les affiches. Ouf. Direction Braine-le-Comte, pour aller placarder tout ça avant que le public n’arrive.

Braine-le-Comte, Autumn Rock. 11h. Ce n’est pas comme si on était en terrain inconnu. En 5 ans d’existence, Von Durden aura foulé les planches du festival à 3 reprises, plus extras. Notre premier concert ever aussi, était un tremplin pour participer au festival. C’est dire si on connaît les visages… Arrivés sur place, les galères s’enchaînent, comme pour faire croire à la loi des séries. Quel meilleur endroit pour ouvrir le carton d’affiches que sur une bombe impunément déposée sur le sol du parking? Et quelle meilleure idée que de s’asseoir dedans également? Et quelle meilleure initiative que d’ouvrir le coffre de la voiture pour y chercher de quoi se nettoyer, d’y laisser les clés et de refermer le tout en n’ayant laissé ouvert qu’un malheureux centimètre à la fenêtre passager? Fort heureusement, un MacGyver qu’on ne connaissait pas s’est réveillé en nous… Ouf.

Ça mérite bien la première bière de la journée. Autant en profiter devant Crazy Lady Madrid qui ouvre le festival après avoir gagné un tremplin local. On avait aperçu leur chanteur, Christophe Willems (ça ne s’invente pas!) dans plusieurs autres formations et force est de constater que celle-ci est sa plus aboutie à ce jour. Pas une révolution musicale, mais de l’énergie à revendre et une solide mise en place dans un déluge électro rock. La journée commence enfin.

Retour vers le local de répète. Rendez-vous général avec tout le groupe qui affiche une solide mine du lendemain (il n’est que 13h, djeu!). La partie de Tetris traditionnelle qui s’ensuit est emballée en moins de deux: les amplis ont beau être lourds et nombreux et les voitures petites, l’habitude fait le reste. L’ampli basse en premier, le Vox dans l’autre sens, les claviers au-dessus… S’être éclipsé de la scène un bon moment n’a pas fait perdre le coup de main.

Braine-le-Comte, Autumn Rock. Deuxième halte. On n’est plus seuls à décharger, on se déplace en Mini du parking à la scène principale… Pour sa quinzième édition, le festival a décidément vu les choses en grand. L’ex-scène principale, sous chapiteau, est reléguée au second plan pour faire place à une scène en plein air, digne des meilleurs festivals à moyenne échelle. La hâte de la fouler se fait de plus en plus ressentir. Plus vraiment le temps d’aller se fondre dans le public avant que notre concert ne commence, si on veut avoir le temps de souffler et de s’occuper des derniers préparatifs.

Il y a toujours quelques instants de stress avant de monter sur scène. Mais dès les premières notes de The Plasterer of Love de Siriusmo –qui joue parfaitement le rôle d’intro aux concerts de Von Durden— c’est une autre dimension qui s’ouvre. À grands élans de riffs de guitare, on est le maître du monde pendant une petite heure. Et quand on regarde les sourires sur le visage sur les instantanés d’après-concert, on se dit qu’on n’est pas venus pour rien. Et ça, même à côté des montées d’adrénaline et du défouloir géant offert par la scène, c’est le plus beau des cadeaux.

Retour à la case « public » quelques instants après avoir pris le bain de foule obligatoire: on a manqué Driving Dead Girl en mode électrique, on se rattrape sur leur session « acousto » dans l’espace VIP. « Acousto » comme ils le disent eux-mêmes: pas question de jouer sur des guitares folk. Pour limiter la casse, les guitares sont branchées dans de petits amplis portables, et la batterie se résume littéralement à une caisse claire et une boîte de choucroute sur laquelle est tendue une peau. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça en jette: ça suinte et ça grince alors que les amplis ne sont même pas sur 11.

Avant de passer à notre tour sur la même petite scène en configuration minimale, petit détour par la main stage où jouent les Great Mountain Fire, toujours aussi efficaces. Ces gars ont le sens du groove et de l’harmonie, et sont capables de vraies petites perles pop. Pas le temps d’en voir beaucoup, mais assez pour confirmer que ça tient toujours solidement la route. On les reverra plus tard en mode acoustique, et si le côté harmonique reste bien présent, l’énergie communicative qui est leur fort est mise au placard. Pas aussi percutant mais bien senti.

On ne s’attardera pas sur beaucoup d’autres groupes présents ce soir. Pas par snobisme, loin de là. Mais le contrecoup d’après-concert et l’appel du bar sont forts. Et le néo-metal d’Empyr est poussif et vain. Et on aime bien MLCD et les Vismets, mais à force de les voir partout, on frise l’overdose. On râle par contre d’avoir manqué Applause (sous le chapiteau à peu près en même temps que notre set acoustique), dont on nous a dit beaucoup de bien. On jette tout de même une oreille attentive à Kid Noize qui s’est tellement bien vendu qu’on ne pouvait pas ne pas faire le détour. Malgré tout, la crêpe tombe à moitié à côté de la poêle: le visuel claque, le single est terriblement efficace, mais dans l’ensemble, on a l’impression que le groupe manque sa cible. Tant pis. On reviendra quand même l’année prochaine!

Kevin Dochain

Von Durden, Dandy Animals, distribué par Pias.
En écoute intégrale ci-dessous:

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