Critique | Musique

L’album de la semaine: White Fence – For the Recently Found Innocent

White Fence © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Guitar hero du renouveau psychédélique, Tim Presley a déserté sa chambre et enregistré le nouveau White Fence en studio avec son pote Ty Segall. Lumineux.

Suivre la carrière de Tim Presley, c’est un peu comme regarder Danny Green battre le record de paniers à trois points dans une finale NBA, découragé mais admiratif devant l’écoeurante aisance qui dégouline trop souvent des champions. Depuis qu’il se fait appeler White Fence -du nom d’un des plus vieux gangs de rue de l’East Los Angeles-, Presley dégaine les disques indispensables aussi facilement que le Spurs score en dehors de la raquette. Après une année 2012 on ne peut plus productive, deux albums solo et un troisième, Hair, enregistré conjointement avec Ty Segall, Presley s’était contenté d’un seul disque, l’étourdissant Cyclops Reap, l’an dernier. L’Américain repasse déjà à l’attaque avec ce For the Recently Found Innocent toujours cramé au soleil californien des années 60 et 70.

L'album de la semaine: White Fence - For the Recently Found Innocent
© DR

Pour la première fois, Dream Tim a déserté le domicile familial, abandonné les enregistrements Do It Yourself à la maison et décidé d’enfin aller exercer ses talents dans un vrai studio. « I want my new album to be a bigger deal. Not just a bedroom affair. Peur, colère, douleur, anxiété… Coupable! J’avais besoin de quelque chose de nouveau. D’être libre et innocent. Je voulais savoir comment mes chansons sonneraient avec un vrai batteur. À quoi elles ressembleraient avec l’aide d’une oreille alien. »

Le tympan extra-terrestre, c’est donc celui de son pote Ty Segall. Installé dans le fauteuil du producteur et même à l’occasion sur le tabouret du batteur.

Le Syd Barrett ricain

Plus propre forcément que ce à quoi Presley a jusqu’ici habitué ses fans mais toujours marqué par son sceau psychédélique, For the Recently Found Innocent est un grand album pop. Comme tous les disques de White Fence, il divague, hante et poursuit. Mais cette fois sans jamais chiffonner les auditeurs fragiles qui refusent le son cracra -qu’il soit nécessité ou choix artistique. Sorte de Syd Barrett ricain qui n’aurait pas totalement perdu la boule, Tim Presley fait à la fois renaître le culte du guitar hero (un morceau de Darker My Love, son groupe précédent, a pour la petite histoire été utilisé dans le célèbre jeu vidéo des apprentis gratteux) et les petits chefs-d’oeuvre de pop songs sous acides.

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Like That se joue sur une dynamique à la Who. Sandra (When The Earth Dies) et Arrow Man se promènent avec le Velvet Underground dans les murs de la Factory. Raven on White Cadillac est emmené par un piano comme les aime Jack White. Là où les plus excités The Light et Paranoid Bait renvoient directement à son pote producteur.

Fondateur de Birth Records, micro label qui ne sort que la musique de la folkeuse Jessica Pratt, Tim Presley est un passionné maladif, avec cette capacité à enfiler les perles -c’est sans doute ce qui le rend si attachant et lui vaut une place sur le podium du renouveau psychédélique californien aux côtés de Ty et de John Dwyer, le leader de Thee Oh Sees. Sur quelle marche, à vous de le dire…

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