Critique | Musique

L’album de la semaine: Ty Segall – Manipulator

Ty Segall revient avec 17 morceaux tout frais, sous forme de double album. © Denée Petracek
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Minimum syndical. L’hyperactif Ty Segall sort Manipulator. Son premier album de l’année, mais un double, s’il vous plaît.

Une année, douze mois, pratiquement 365 jours, sans nouvel album à son nom. Certains disquaires ont dû le croire mort ou à tout le moins gravement malade. L’inusable Ty Segall, look glam de son idole Marc Bolan, va bien. Merci pour lui. Le serial rockeur et bosseur californien, qui avait juste jusqu’ici cette année sorti une reprise du Till the End of the Day des Kinks, a pour une fois pris ses aises et consacré plus d’un an, quatorze mois, à Manipulator. De loin le plus de temps qu’il ait jamais consacré à un disque.

Un peu comme son pote Tim Presley (White Fence) dont il a produit le dernier album (on a parfois l’impression d’entendre le son du même clavier vintage), le chevelu a décidé de pousser ses chansons le plus loin possible tout en laissant parler les fibres pop et folk qui sommeillaient en lui. Un double album (Ty est fan du Electric Ladyland d’Hendrix et du White Album des Beatles). Une heure de musique… L’ambitieux Manipulator exp(l)ose en 17 morceaux toute la palette du guitar hero de Laguna Beach.

Check-list

Ce sont les lois du marché. Si la concurrence a tendance à faire chuter les prix, elle a aussi généralement le don de hausser le niveau. A fortiori quand elle règne dans une famille, un groupe voire une communauté de mecs doués, partageurs et ouverts d’esprit plus que de pseudo rock stars égoïstes et nombrilistes. Jonathan Borlée n’aurait jamais couru aussi vite sans Kevin. Les Beach Boys n’auraient jamais sorti Pet Sounds sans les Beatles. Mine de rien, pendant que Pure FM et les radios jeunes saoulent à grosses gorgées éventées d’Adele, de Clean Bandit et de Bastian Baker, Segall et la scène californienne, John Dwyer, Tim Presley et dans un autre registre Nick Waterhouse, sont en train de marquer leur époque. Que ce soit à travers leurs albums, leurs productions voire leur micro label (Castle Face pour Dwyer, God? pour Ty).

Travailler un an sur l’album, check. Y glisser des cordes, check… En mode « je fais ce que je veux et je t’emmerde » mais avec un son qui ne froissera les oreilles de personne, Segall démontre tout ce qu’il sait faire d’une guitare. Hurlante sur le furieux et explosif It’s Over, espagnole pour faire tourner The Clock, Nirvanienne sur Susie Thumb ou à la Who pour lancer Feel, c’est une nouvelle fois elle la vedette de Manipulator.

Mis à part The Faker, qui ressemble à un titre raté des Queens of the Stone Age, et l’un ou l’autre extrait plus fadasse et insignifiant qui referme le disque, Segall réussit un nouveau tour de force. Mélanger (parfois sur un seul titre) les ambiances de Goodbye Bread, Twins et Sleeper, ses trois derniers albums pour le label Drag City. Une performance de Ty.

  • DISTRIBUÉ PAR DRAG CITY/V2.
  • A écouter en ligne sur NPR.
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