Critique | Musique

[L’album de la semaine] Palehound – Dry Food

Palehound © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Avec Palehound, Ellen Kempner, réponse américaine à l’Australienne Courtney Barnett, replace le Massachusetts sur la carte de l’indie rock. Coup de coeur.

Fin des années 80, début des années 90, le Massachusetts était une vraie terre de rock alternatif. Boston vibrait au son des Pixies et des Lemonheads. Cambridge, de l’autre côté de la rivière Charles, flottait avec Morphine et Galaxie 500. Tandis que les plus petits bleds comme Amherst et Westfield s’énervaient autour de Dinosaur Jr. et Sebadoh. Un peu disparu des radars depuis (on n’a pas toujours des Frank Black, des Evan Dando, des J. Mascis et des Lou Barlow), le septième plus petit Etat des Etats-Unis semble tout doucement retrouver des couleurs. Grâce, notamment, à un label indépendant, Exploding in Sound, créé en 2011 par deux étudiants de la Northeastern University. Un label viscéralement Do It Yourself d’abord apparu sous la forme d’un blog et déjà relocalisé à New York City certes. Mais une structure toujours vouée à aider les groupes de province que personne n’a longtemps voulu signer. Timing presque parfait. La jeune Ellen Kempner, 21 ans, a à peine eu le temps de lanterner. Héritière des Breeders et de Juliana Hatfield, Kempner sortait l’été dernier aux Etats-Unis le premier album de Palehound, enfin distribué aujourd’hui en dehors de l’Amérique du Nord.

« All I need’s a little sleep and I’ll be good to clean and eat. » Né de sa première grosse déconvenue amoureuse, Dry Food documente la transition de l’adolescence à l’âge adulte. Transpire la solitude, la confusion et l’apathie de la déception. A l’exception des sons de batterie, la multi-instrumentiste joue la moindre note présente sur ce disque aux charmes nineties. Les années 90 encore. Toujours. Cette décennie dont, de Pile à Grass is Green en passant par Speedy Ortiz, Exploding in Sound semble s’être fait une spécialité.

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Avec Sadie Dupuis, la chanteuse et guitariste de ces derniers qui était son animatrice de camp de vacances, Kempner a arpenté le Connecticut en écoutant les Pixies et Pavement. Découvert My Bloody Valentine et Liz Phair.

Du tempérament, une plume déjà bien ciselée. Puis un irrésistible sens de la mélodie. Dans l’électricité comme dans le dépouillement, Palehound a cette atmosphère MTV, cet esprit Alternative Nation depuis longtemps perdu par ce qui était jadis une chaîne musicale. On aura vite fait de tracer des parallèles entre la jeune Américaine et l’Australienne Courtney Barnett. Mais malgré tout le bien qu’évoque la fille de Melbourne, ce serait un peu condescendant de réduire Ellen Kempner à un ersatz de qui que ce soit. Molly a beau d’entrée évoquer la guitare d’une St Vincent, Cinnamon renvoyer au son à la coule d’un Mac DeMarco, il y a assez de personnalité chez cette jeune femme particulièrement douée pour dépasser les comparaisons aussi flatteuses soient-elles. « Tu as fait de la beauté un monstre pour moi. Alors j’embrasse toutes les laides choses que je vois… » Ugly beautiful…

DISTRIBUÉ PAR HEAVENLY RECORDINGS/PIAS.

LE 08/03 AU NIJDROP (OPWIJK).

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