Critique | Musique

L’album de la semaine: Michael Jackson – Xscape

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Près de cinq ans après sa disparition, Michael Jackson a droit à un deuxième album posthume. Xscape est un sublime rappel du génie du roi de la pop.

L'album de la semaine: Michael Jackson - Xscape

C’est le genre de disques dans lequel on rentre à reculons. Ou, pour rester dans le thème, en moonwalk… Un nouvel album de Michael Jackson… Déjà de son vivant, la carrière du « Roi de la pop » avait sensiblement perdu de son intérêt. Qu’attendre alors de cette deuxième compilation d’inédits (sur les sept promises à Sony par les légataires de l’empire Jackson)? A priori, pas grand-chose de bien excitant.

C’est l’éternelle question des disques posthumes: faut-il prolonger la carrière d’un artiste disparu? A certains égards, s’il y en avait bien un qui pouvait se prêter à « l’exercice », c’était pourtant bien Michael Jackson. A cause de la masse d’enregistrements restés dans les tiroirs. A cause aussi de son statut: über star globale, MJ était devenu un concept en soi. Un logiciel pop, quasi vidé de toute humanité, qui pouvait supporter et intégrer toute manipulation. Du moins le croyait-on, jusqu’à ce qu’arrive Michael. Sorti en 2010, un an à peine après la mort par overdose de l’icône pop, l’album était une première tentative de rentabiliser le matériel inexploité. Elle fut largement ratée. Au point que certains, y compris au sein même de la famille, se demandèrent si la voix entendue sur le disque était bien celle de « Bambi »…

C’est la première leçon retenue par Xscape. L’album ne laisse en effet jamais planer le moindre doute sur l’identité du chanteur. Tout est là: les inflexions, les onomatopées, les tics… Le tout exécuté avec une facilité phénoménale. C’est particulièrement impressionnant sur un morceau comme Chicago, sur lequel les deux « voix » de Jackson se répondent: sucrée et moelleuse en lead, hargneuse et querelleuse en seconde.

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Même pas mort

C’était aussi un des arguments de LA Reid, l’un des grandsmanitous du music business, et maître d’oeuvre de Xscape: pour être retenus, les morceaux devaient bénéficier de pistes vocales complètes. Puisque Jackson ne gravait sa voix que quand un morceau lui parlait vraiment, le critère devait garantir qu’on ne s’attaque qu’à des titres « significatifs ». Les démos ont ensuite été confiées à une série de pointures: le producteur Timbaland principalement, mais aussi le duo norvégien StarGate, J-Roc Harmon et Rodney Jerkins, le seul à avoir déjà travaillé à l’époque sur le matériel de base.

Au final, Xscape propose huit titres inédits (accompagnés de leurs versions initiales sur l’édition deluxe, ainsi que d’un duo virtuel avec Justin Timberlake). Malgré les réserves de départ, le résultat est bluffant. Jouissif même par moments, à l’image de Love Never Felt So Good, sonnant presque comme du Jackson vintage, période disco-soul Off The Wall. Relecture du titre d’America, A Place With No Name rappelle lui étrangement un titre comme Leave Me Alone, tandis que Blue Gangsta renvoie forcément à Smooth Criminal. En soi, Xscape n’apporte donc rien de neuf à l’univers de Michael Jackson. Par contre, il vient rappeler à quel point son influence pèse encore aujourd’hui sur la pop, de Bruno Mars à Pharrell Williams en passant par The Weeknd, Timberlake… Michael même pas mort.

  • DISTRIBUÉ PAR SONY.

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