Critique | Musique

L’album de la semaine: Micah P. Hinson and the Gospel of Progress

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Micah P. Hinson © DR
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Album - Micah P. Hinson and The Gospel of Progress

Artiste - Micah P. Hinson

Genre - Folk

Label - Talitres

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

AMERICANA | Le label français Talitres réédite le 1er album de Micah P. Hinson. Chef-d’oeuvre d’un songwriter US cabossé, depuis peu retapé d’un terrible accident de la route.

Pour peu, c’eût été une réédition posthume. De celles, funestes, qui excitent le grand public et lui font mettre la main au portefeuille aujourd’hui pourtant couvert d’épines quand il s’agit d’acheter des disques. Eté 2011, Micah P. Hinson et son groupe, en tournée sur les routes espagnoles, sont victimes d’un violent accident de voiture. Il retrouve ses esprits coincé sous le mini bus. Aveuglé par l’essence qui s’échappe du véhicule et lui éclabousse le visage. Souffrant de douloureux problèmes de dos depuis qu’un pote l’a frappé au mauvais endroit pour déconner quelques années auparavant, le singer songwriter américain a pris des médocs, s’est allongé et n’a pas bouclé sa ceinture de sécurité. C’est ce qui, pour le coup, lui a sauvé la vie. Le natif de Memphis est plié comme un accordéon mais n’a pas un seul os de cassé. Cependant, son bras gauche ne répond plus. Et le droit plafonne à un quart de ses capacités…

Après deux ans de purgatoire, le miraculé a retrouvé l’usage de ses membres et les plaisirs de la guitare pour sortir un nouvel album, Micah P. Hinson and the Nothing, au printemps dernier, chez Talitres. Le label français a aujourd’hui l’excellente idée de rééditer son tout premier disque. Epuisé depuis un bail et indisponible autrement qu’en occase.

Micah P. Hinson and The Gospel of Progress prouve déjà en 2004 tout le talent de ce Texan d’adoption quand il s’agit de magnifier la détresse et les expériences éprouvantes. De transformer le désespoir en chansons tristes, belles et précieuses. Ce premier album de folk noir tourne comme tant d’autres autour de la dissolution douloureuse d’une relation amoureuse. Mais renforcée par quelques couches de malheurs à faire sortir les mouchoirs à un camionneur tatoué champion de bras de fer sur autoroutes.

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Micah a morflé. Connu les affres de la came adolescent. Eté sans le sou, sans toit et sans emploi. Il a même passé un séjour derrière les barreaux… John Mark Lapham, qui croit en lui, l’aide à sortir de la mouise. Il envoie aux maisons de disques un exemplaire de sa première démo en même temps que chaque copie de son propre groupe The Earlies. Puis, glisse la chanson The Possibilities enregistrée par son ami dans une sélection pour la BBC Radio. Hinson signant, deux semaines plus tard, sur le label britannique Sketchbook Records.

Produit et arrangé par The Earlies, Micah P. Hinson and The Gospel of Progress est une merveille. Animé par treize chansons à faire chialer les cailloux. Le garçon déclarera plus tard s’être limité à enregistrer sa voix (déjà caverneuse), sa guitare et son piano. Laissant tout le reste du boulot à ses collaborateurs. Le résultat n’en est pas moins désarmant. Habité par un type d’une petite vingtaine d’années que les déboires et les excès ont vieilli. Un musicien à fleur de peau. A ranger dans les discothèques quelque part entre Bill Callahan et Mark Kozelek

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