Critique | Musique

[L’album de la semaine] Laura Mvula – The Dreaming Room

Laura Mvula © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Trois ans après un premier album épatant, l’Anglaise Laura Mvula confirme une voie musicale aussi inédite que passionnante. La pop rêvée des anges.

Les étiquettes ont la vie dure. Elles ont beau être réductrices, on ne peut malgré tout jamais tout à fait s’en passer. Dans le boxon qu’est la musique en 2016, c’est même comme un mal nécessaire. Il y a trois ans, quand l’Anglaise Laura Mvula sortait son premier album, Sing to the Moon, certains ont pu s’arracher les cheveux. Pop, mais avec une vibration soul. Jazz, mais avec des éléments de classique. Comment décrire le disque? Au petit jeu des influences, étaient citées, dans le désordre, celles d’Erykah Badu, Amy Winehouse, Nina Simone ou même Björk. Tout cela n’était pas faux, sans être complètement vrai.

D’aucuns ont pu, plus paresseusement encore, la ranger dans la catégorie « nouvelle Adele ». À ceci près que, là où la précitée triomphait avec son deuxième album, au point d’en ressortir à moitié cramée, Mvula avait du mal à réellement toucher le grand public. Il n’a pas manqué grand-chose. Un peu comme les prix pour lesquels elle s’est retrouvée citée: qu’il s’agisse des prestigieux Mercury Prize (James Blake cette année-là) ou des Brit Awards. Lors de cette dernière cérémonie, en 2014, Prince, invité à remettre le trophée de la meilleure artiste britannique, était certain de récompenser Laura Mvula, sa favorite. Finalement, c’est Ellie Goulding qui repartira avec l’award. « J’étais déçue d’être déçue », confiera l’intéressée à Prince, quand ils se croiseront en coulisses. Plus tard, ils se retrouveront pour une « audience princière » plus longue. L’occasion pour Mvula de s’assurer que, définitivement, la musique est affaire d’entêtement, de personnalité et surtout d’intrépidité. Cela saute à nouveau aux oreilles de son second album.

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Rencontrée il y a trois ans, Laura Mvula confiait: « Cela va demander de la force et du temps pour développer une résilience. Pour continuer à être authentique et fidèle à moi-même. Et résister à la tentation de correspondre à un idéal. » On peut la rassurer. The Dreaming Room constitue une nouvelle proposition singulière. À la fois canalisée et extatique. Abordable et complètement unique. Même l’apport d’un sorcier du tube comme Nile Rodgers (Chic) n’arrive pas à standardiser complètement un morceau comme Overcome: la gratte reconnaissable entre mille du maestro se retrouve à accompagner des choeurs béats et des cuivres qui semblent davantage sortir d’une symphonie grandiose que d’une suée funk.

Au centre du disque, Show Me Love indique à la perfection le chemin suivi ici, incapable de se résoudre à un schéma couplet-refrain classique. Plus sombre (reflet d’un récent divorce traumatisant avec celui dont elle porte toujours le nom), voire en colère (People qui évoque la question raciale), The Dreaming Room laisse malgré tout toujours passer la lumière, vibrant, remuant, passionnant. En ouverture, Laura Mvula se demande: « If all I am is wrong/And all I have is gone/Then how am I to live? », avant de se résoudre: « I can only be who I am ». C’est déjà énorme…

DISTRIBUÉ PAR SONY.

EN CONCERT LE 09/07, AU CACTUS FESTIVAL (BRUGES).

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