Critique | Musique

L’album de la semaine: Deerhunter – Fading Frontier

Deerhunter © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Renversé il y a moins d’un an par une voiture, immobilisé dans son lit pendant plusieurs mois, Bradford Cox dégaine le nouveau Deerhunter. Apaisements…

Il y a des mecs que la vie ne cherche jamais à épargner. Des types à qui la poisse tombe dessus à la naissance et semble ne plus jamais vouloir lâcher les basques. C’est le cas notamment de Bradford Cox. Grand névrosé, né il y a 33 ans à Athens, Géorgie, Cox est atteint du syndrome de Marfan, une maladie génétique qui s’attaque aux yeux, aux os et au système cardio-vasculaire dont auraient souffert quelques illustres aînés: Lincoln, de Gaulle et Joey Ramone pour ne citer qu’eux…

Après Halcyon Digest, inspiré par la mort de son ami Jay Reatard, et Parallax d’Atlas Sound, marqué par le décès de Trish Keenan (de Broadcast, qu’il aurait essayé de contacter dans l’au-delà via l’écriture automatique), le peu commode Bradford racontait les répercussions de son premier coup de foudre d’une bien drôle de manière avec l’inégalable Monomania, son garage nocturne, sa colère claustrophobe et ses chansons insomniaques. Il déballe aujourd’hui avec Fading Frontier un album qui aurait pu ne jamais voir le jour. En décembre 2014, Bradford Cox est victime d’un accident duquel il sort assez sérieusement blessé. Renversé par une voiture alors qu’il est en train de promener son chien, il se casse le bassin et la mâchoire. Souffre le martyr et se gave d’antidépresseurs. La poisse, vous disait-on.

Carte interactive

Neuvième album de Bradford Cox, sixième sous le nom de Deerhunter, Fading Frontier n’est certainement pas son disque le plus radical (l’enfer, le garçon connaît). Fabriqué avec le concours de quelques invités fameux (Tim Gane de Stereolab, James Cargill, partenaire amoureux et musical de feu Trish Keenan, ou encore Cole Alexander des Black Lips), il est même plutôt placé sous le signe de l’apaisement. Renoue avec les ambiances, les atmosphères et les paysages de Microcastle et Halcyon Digest (comme lui produit par Ben H. Allen), en plus radieux peut-être.

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Premier single particulièrement catchy de Fading Frontier, Snakeskin avait quelque peu divisé les amateurs du chasseur de cerfs mais ne donne pas le ton, si ce n’est de par son accessibilité, de cet album kaléidoscopique. Géniale idée: Cox a dessiné une carte interactive de ses influences. Liens vers des sites Internet, photos et vidéos à l’appui. REM, Tom Petty, INXS, Pharoah Sanders, Caetano Veloso, JG Ballard, Almodovar, Bresson, Pablo Neruda… La céramique japonaise cassée et réparée avec de l’or, le politicien John Lewis, les poèmes du surréaliste Vicente Huidobro et l’odeur sans âme d’une nouvelle voiture… Voilà quelques-unes des choses qui ont traversé l’esprit du génial Bradford au moment de donner naissance à ces neuf nouvelles chansons. Neuf titres qui, à défaut de former notre album préféré du bonhomme (c’est par contre le favori de son père), planent bien au-dessus de la moyenne. Parce qu’il n’y a et n’y aura toujours qu’un seul Bradford Cox. Ce sens bluffant de la mélodie. Cette voix qui nous est devenue si familière. Puis aussi cet attachant et torturé caractère de cochon…

DISTRIBUÉ PAR 4AD.

LE 09/11 AU GRAND MIX (TOURCOING), LE 21/11 AU BOTANIQUE.

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