Critique | Musique

L’album de la semaine: Colin Stetson and Sarah Neufeld – Never Were the Way She Was

Sarah Neufeld et Colin Stetson © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | L’ancienne violoniste d’Arcade Fire et le saxophoniste le plus novateur de sa génération font équipe pour un disque fabuleux à la puissance évocatrice rare.

Sarah Neufeld et Colin Stetson. L’ancienne violoniste d’Arcade Fire, co-fondatrice de Bell Orchestre, et le saxophoniste le plus excitant et novateur de sa génération. Un musicien dont ont pu se réclamer aussi bien Bon Iver et TV On The Radio que David Byrne, Tom Waits et Lou Reed… Si, sur papier, l’association avait sacrément de l’allure, elle dépasse sur disque toutes les espérances. Neufeld et Stetson avaient déjà joué ensemble lorsqu’ils partageaient en 2012 leurs tournées solos respectives. Se rejoignant sur scène le temps de quelques morceaux. L’homme au nom de chapeau avait par ailleurs prêté ses services aux deux groupes canadiens de la jeune femme. Et le tandem monté un trio d’improvisation jazz en 2010 avec Shahzad Ismaily. Les deux artistes aux univers forts et singuliers avaient aussi surtout travaillé en 2013 sur la bande originale de Blue Caprice. Le film indépendant d’Alexandre Moors s’inspirait de faits réels. Le périple sanglant dans le Maryland, en Virginie et à Washington DC, de deux tueurs tirant sur leurs victimes avec un fusil de sniper depuis le coffre d’une Chevrolet Caprice bleue… Stetson et Neufeld revendiquaient alors l’influence de Hans Zimmer (The Thin Red Line), de Jonny « Radiohead » Greenwood (There Will Be Blood, The Master) et de Gustavo Santaolalla (Babel).

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Composé en 2014, testé sur les routes, et enregistré dans une ferme du Vermont dont le grenier a été reconverti en studio, Never Were The Way She Was est lui guidé par « la vie métaphorique d’une fille qui vieillit lentement comme les montagnes; excitée, exaltée et finalement exilée dans sa quête d’un monde qui ressemble à son expérience ». Un résumé mystérieux, intrigant, pour un disque auquel chacun donnera sa propre signification et résonance… Bande originale d’un film sans images, Never Were The Way She Was fait sans prononcer un mot naître à lui seul les paysages et les ambiances avec une puissance évocatrice rare. Les saxophones (ténor et basse) et la clarinette contrebasse de Stetson y dialoguent avec le violon de Neufeld sur huit pistes d’une beauté à couper le souffle. Tour à tour léger, grondant, majestueux et menaçant, l’univers tourmenté créé par ces deux musiciens de génie (résumé par la cime d’arbre dépouillé qui lui sert de pochette) a été mis en boîte dans des conditions live sans overdubs ni boucles avec Hans Bernhard.

Fascinant, passionnant, il est de ces disques qui vous agrippent et vous transportent. Qui vous surprend l’oreille et écarquille l’oeil. Neufeld, Colin Stetson et ses instruments truffés de micros (le natif d’Ann Arbor, passé maître dans l’art de la respiration circulaire, va jusqu’à capter son souffle en en collant un à sa gorge) joueront dans les prochains jours au Reflektor et au Handelsbeurs. Des concerts qu’on vous recommande plus que chaudement. Pour la performance, notamment physique, mais surtout le voyage intérieur, beau et riche, auquel ils invitent.

DISTRIBUÉ PAR CONSTELLATION/KONKURRENT.

LE 27/04 AU REFLEKTOR (LIÈGE) ET LE 28/04 AU HANDELSBEURS (GAND).

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