Critique | Musique

Kasabian – Velociraptor!

ROCK | Honni soit qui mal y pense: pour son 4è album, Kasabian continue de livrer sa version de la Brit Pop, toujours avec un certain panache.

D’abord 2 claques. Kasabian, c’est l’English attitude dans ce qu’elle a de plus populo-flamboyante (football et poésie), mais aussi d’irritante. Volontiers grandes gueules, les gars de Kasabian ont prévenu: leur nouveau Velociraptor! tient du « classique », du disque capable « de changer des vies ». Damned! Ça valait bien la peine qu’Oasis mette la clé sous le paillasson…

Les Kasabian prolongent ainsi la grande tradition angloïde (comme dans tabloïd) pour le meilleur et pour le pire. Leur précédent West Ryder Pauper Lunatic Asylum a d’ailleurs écoulé la plupart de son million d’exemplaires sur ses terres natales, peinant, malgré le succès critique et le tube de rigueur (Where Did All The Love Go?), à provoquer le même impact à l’étranger. Les Kasabian, c’est donc bien de la Brit Pop, si cela existe encore, brassant un large héritage local. A commencer par celui des pères fondateurs, les Beatles – « I see Lucy in the sky », chante Tom Veighan, voix traînante de circonstance, sur ce nouveau Velociraptor! (le morceau La Fée verte). Sur Neon Noon, on croit encore entendre McCartney, période psychédélique. Rien de neuf sous le smog? « Call me a cliché/How right you are », écrit encore Sergio Pizzorno, guitariste et seul crédité aux paroles et musiques du groupe, sur le single Days Are Forgotten.

A l’aventure

Il serait pourtant injuste de cantonner les « Kasabiens » à leurs racines. Aussi insulaire et rétro soit-il (après tout, le titre fait bien référence à la bébête de Jurassic Park), le groupe n’oublie pas d’agrémenter sa démarche d’un certain panache. Et d’une réelle ouverture (là où, par exemple, Oasis a continué, disque après disque, à s’empêtrer dans un certain conservatisme). Sur West Ryder Pauper Lunatic Asylum, il avait ainsi fait appel aux services du producteur américain branché hip hop Dan The Automator (Gorillaz). Celui-ci reprend du service sur Velociraptor!, qui tente à nouveau de combiner efficacité et sens de l’aventure.

C’est par exemple le cas avec Let’s Roll Just Like We Used To, en entrée. Kasabian tape directement haut: trompettes « morriconniennes » et bourdon drogué introduisent ce qui pourrait parfaitement faire office de générique au prochain James Bond. Plus loin, la ballade Goodbye Kiss a beau être plus cadrée, elle n’en reste pas moins convaincante dans son genre. Frondeur, le morceau-titre serait lui franchement cornichon, si le refrain n’était pas doublé de cordes orientalisantes du meilleur effet. Sur I Hear Voices, Kasabian prend encore des accents krautrock, tandis que Switchblade Smiles va traîner du côté de l’électronique voir si les Chemical Brothers n’y sont pas.

Au final, cela ne fait pas de Velociraptor! le magnum opus qui va bouleverser la donne musicale en vigueur pour 2011. Loin de là. Mais cela ne fait pas pour autant de Kasabian les bouseux de service. Encore capables du pas de côté, les Anglais donnent même une belle allure à leur 4e album. Toujours ça de pris…

Laurent Hoebrechts

Kasabian, Velociraptor!, distribué par Sony. ***
En écoute intégrale sur la page Soundcloud de Kasabian.

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