Joy as a Toy, Moaning Cities… L’automne musical belge sera rock et bruxellois

Joy as a Toy, le groupe bruxellois foufou revient avec un album plus charpenté. © A.L. Lamarque
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

À en juger par le nombre de sorties, l’automne musical belge sera rock et bruxellois. Exemple avec Joy as a Toy, coup de coeur indie de la saison, désormais moins foutraque, mais toujours aussi captivant. Avec également des bouts de Moaning Cities, Fou Detective et Hydrogen Sea.

C’est Gil Mortio qui fait le tour du propriétaire. Planqué du côté d’Ixelles, le studio est niché à l’étage d’un ancien bâtiment industriel, au fond d’une cour. Aujourd’hui, le lieu a laissé place à un atelier de menuiserie, qui a décidé de partager l’espace avec d’autres (photo, peinture, graphisme…), le tout réparti sur deux niveaux. « Au départ, l’endroit servait à entreposer et à monter des grues… » Coup d’oeil sur le plafond. « Oui, je sais, moi aussi, je me suis toujours demandé comment ils faisaient pour les sortir… »

Joy as a Toy, Moaning Cities... L'automne musical belge sera rock et bruxellois

La métaphore est trop tentante. Longtemps, la musique de Joy as a Toy -Gil Mortio donc (basse, voix), Clément Nourry (guitare, excusé ce jour-là) et Jean-Philippe De Gheest (batterie)- a en effet ressemblé à ça: un entrepôt rempli de morceaux-grues. Des machineries rock fantasques, régulièrement épatantes, mais qui, une fois montées, avaient parfois du mal à passer la porte. Ou quand l’extravagance devient parfois encombrante…

Une question d’ADN sans doute. Quand il se forme en 2009, Joy as a Toy ne se fixe qu’une seule limite: « On ne voulait pas être plus de trois, histoire de pouvoir tous rentrer dans une seule voiture. C’est plus pratique pour les tournées… (sourire) » Pour le reste, la voie est libre. Au départ, elle est même carrément expérimentale. Sans structures ni paroles.Rapidement, cependant, le trio dévie sur autre chose. Jean-Philippe De Gheest: « On s’est retrouvés en résidence dans la cave de Gil pour essayer plein de trucs. Mais, comme souvent dans ce genre d’exercice, vous finissez par tourner un peu en rond. Après deux jours à jouer dans tous les sens, on s’est arrêtés, et quelqu’un a dit: « On chanterait pas? » » (rires). Gil Mortio confirme: « On vient à la fois du rock, qu’on a pu écouter dans les années 90, et d’une étude plus précise de la musique à travers le jazz ou le classique. Au final, on reste tiraillés entre toutes ces choses. »

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Cela s’entend. L’album Valparaiso sort en 2010. Un joyeux bordel, où il est question de « tennis pop » et de « vampire rock », étiquettes qui ne sont évidemment là que pour mieux être arrachées. Deux ans plus tard, le groupe se marre toujours autant: Dead as a Dodo est un exercice imposé à partir de l’univers de Dario Argento, maître italien de l’épouvante…

Les blagues les meilleures restent cependant aussi les plus courtes. « On se rend compte que ce n’étaient pas des disques très clairs, admet aujourd’hui Gil Mortio. Quand je produis des albums pour d’autres (par exemple Karim Gharbi, Billions of Comrades, etc., NDLR), c’est pourtant ma première préoccupation: quelle est la couleur? Quel est le climat général? Jusqu’ici, avec Joy as a Toy, c’était un peu l’inverse: on passait notre temps à ouvrir de nouvelles portes. Cette fois-ci, on a décidé de se mettre sur une seule route. On avait envie de trouver ce qui allait servir au mieux les morceaux, plutôt que d’être tout le temps dans l’instant. »

Ils commencent le travail avec Pascal Deweze (Metal Molly, Sukilove, Broken Glass Heroes…), musicien/producteur flamand, fan à la fois de Deerhoof et de Claude François. « On avait besoin d’une oreille extérieure pour nous cadrer. » Ce que n’hésite pas à faire l’intéressé. Quand les breaks de batterie commencent à se multiplier, il tique. Gil Mortio: « Un jour, il nous a dit: « C’est vraiment impressionnant, mais je ne suis pas impressionné (rires). » Cela faisait longtemps qu’on le savait, mais là le franc est tombé. » Joy as a Toy sera toujours exubérant. Mais, promis, les extravagances seront désormais davantage canalisées. « Un film, c’est pareil, il faut que ça se tienne, que les histoires ne s’évaporent pas en cours de route. »

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Entre-temps, le groupe s’est également élargi, avec l’arrivée de la Lyonnaise Alice Perret aux claviers. « Dans notre tête, on écrit toujours pour 60 musiciens. Du coup, comme on ne pouvait pas toujours sortir toutes les notes, on compensait par l’énergie. Désormais, on peut compter sur dix doigts supplémentaires, ce qui permet de davantage poser les morceaux sans avoir besoin d’en faire des tonnes. »

Le résultat est là. Plus « charpenté », le nouveau Mourning Mountains mélange sens de l’aventure et dérapages contrôlés, se permettant même ici et là de baisser la garde (Satisfaction Key). Certes, Joy as a Toy cultive toujours l’ironie (Hipsters of the Apocalypse) et n’est jamais complètement à l’abri d’un ovni (Google a Gun): on ne se refait pas. Mais désormais, sa course folle tient moins de la horde sauvage que de la cavalcade héroïque.

MOURNING MOUNTAINS, JOY AS A TOY, DISTR. HUMPTY DUMPTY. SORTIE LE 23/09. EN CONCERT, NOTAMMENT, LE MÊME JOUR AUX ATELIERS CLAUS, À BRUXELLES.

Bruxelles arrive!

Moaning Cities

Formé fin 2011, Moaning Cities avait pris son temps pour mijoter un premier album des plus solides. Sorti en 2014, Pathways Through the Sail carburait au psyché-rock, guitares chiadés et vapeurs de sitar comprises. Dans la foulée, le chanteur et guitariste Valérian Meunier lançait même le festival Stellar Swamp, sorte de Psych Fest à la bruxelloise. Le groupe s’apprête aujourd’hui à sortir son second album, dont les premiers échos live donnent à penser que le ton s’est corsé. Confirmation le 23 septembre, avec la sortie officielle de D.Klein, doublée le même jour d’un concert/release party au Botanique.

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Fou Detective

« Ils rêvaient d’être les Limp Bizkit francophones », annonce la bio de Fou Détective. Heureusement, « ils ont un peu raté leur coup ». On a eu chaud… Sur la scène belge francophone, Fou Detective n’en reste pas moins un cas particulier. Après un premier album autoproduit en 2012 (« Ah bon, t’es sûr mec? »), le duo formé par Vërsatyl (paroles) et Mineral (musiques) s’est donné les moyens de fignoler sa proposition. Le genre à ne pas vouloir trancher entre rimes hip hop, variét’ absurde, et pop ironique, un peu comme une version d’Odezenne qui aurait moins carburé à la vodka qu’à la Chimay bleue. La preuve avec Lolcats, attendu pour le 30 septembre, présenté le même jour sur la scène du Botanique.

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Hydrogen Sea

Derrière Hydrogen Sea se cache le duo formé par Birsen Ucar et Pieterjan Seaux. La première est derrière le micro, le second se charge de faire tourner les machines, y ajoutant ici et là quelques textures plus acoustiques (les cordes de Beating Heart). Leur premier album, intitulé In Dreams, est un habile compromis, plutôt réussi à défaut d’être complètement original, entre électronique nocturne et instantanéité pop. Il sort ce 16 septembre. Soit le jour même de leur concert bruxellois au Beursschouwburg.

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