Jesse Hughes: rejouer à Paris, « une thérapie » après le Bataclan

Jesse Hughes, Eagles of Death Metal. © AFP/Gustav Maartensson
FocusVif.be Rédaction en ligne

Douloureux mais nécessaire. Le retour des Eagles of Death Metal sur une scène parisienne, mardi soir, trois mois après l’attaque contre le Bataclan, « est une thérapie » pour le chanteur du groupe américain, Jesse Hughes.

Il marque une pause, retire ses lunettes aux verres roses et essuie les larmes qui coulent abondement jusqu’à sa moustache tombante. Puis Jesse Hughes attrape une cigarette et peut reprendre son récit, dans cette chambre d’hôtel à Paris, 24 heures avant de monter sur la scène de l’Olympia pour une soirée chargée d’émotion. « J’ai peur, j’ai vraiment peur », dit-il à l’AFP.

« J’espère être capable de monter sur cette scène et être plus fort que je le suis maintenant. Je ne veux pas m’écrouler devant tout le monde, je ne veux décevoir personne, c’est ma plus grande crainte », ajoute le chanteur. « Eux, ils ne m’ont pas laissé tomber », dit-il au sujet des fans du groupe qu’ils appellent toujours ses « amis ».

Le chanteur raconte cet épisode incroyable pendant l’attaque du Bataclan: « Je fuyais pour sauver ma vie dans la ruelle, un type à côté de moi avait du mal à marcher, j’ai vu qu’il saignait beaucoup sur le côté, je ne sais pas ce qu’il est devenu. Il a respiré un grand coup et il m’a dit: « Ton dernier concert était franchement mieux… »«  Il rit, tripote nerveusement la cartouche de 10 paquets de cigarettes qu’il a apportée avec lui, et tente de contenir les nouvelles larmes qui apparaissent. « C’est incroyablement courageux, une telle blague. C’est l’exemple que je vais m’efforcer de suivre. »

Le rock? « De l’amusement »

Contrairement au concert du 13 novembre, il aura cette fois à ses côtés Josh Homme, avec qui il a fondé le groupe il y a bientôt 20 ans. Lequel apparaît bientôt dans la chambre pour épauler son acolyte lors de l’interview, à peine débarqué des Etats-Unis. « Josh est le meilleur ami qu’on puisse espérer », dit Jesse Hughes. « Ce sera très différent pour moi de voir mon meilleur ami là » pendant le concert.

La soirée de l’Olympia, en présence de fans ayant acheté leurs billets mais aussi de survivants du Bataclan invités? « Ce sera un concert de rock normal », continue le chanteur. « Le rock’n’roll, pour moi, c’est de l’amusement. Je ne vais laisser personne m’enlever ça, ni à mes amis », ajoute-t-il. « Je veux voir mes amis sourire. Je veux revoir tous les sourires de ce soir-là » avant l’attaque.

Les Eagles of Death Metal se produiront à l'Olympia ce 16 février, trois mois après l'attaque du Bataclan.
Les Eagles of Death Metal se produiront à l’Olympia ce 16 février, trois mois après l’attaque du Bataclan.© AFP/Jacques Demarthon

A Stockholm, samedi, où le groupe a relancé sa tournée mondiale, il avait estimé que ce retour à Paris relevait d’une volonté divine. Cette fois, il se contente de souligner que « c’est le moment (…) de retirer les cellules cancéreuses ». « C’est un cancer psychologique qui affecte le monde entier et je pense que nous nous apprêtons à voir l’une des plus belles choses possibles: des gens qui vont refuser que ce cancer prenne le dessus », continue Jesse Hughes.

Si certains fans ont renoncé à l’Olympia, jugeant qu’il était « trop tôt », ce concert constitue « une thérapie » pour le chanteur. « Je comprends ce que ressentent les gens qui ne peuvent pas venir. Je sais que la bonne chose à faire est aussi la plus difficile. »

« Le fait que nous venions aidera même ceux qui ne peuvent pas venir », estime pour sa part Josh Homme. Et pour ceux qui seront dans la salle, « j’espère qu’ils pourront laisser un peu de cette merde et faire de la place pour de bonnes choses », ajoute celui qu’on connaît aussi comme le leader des Queens of the Stone Age, qui s’installe généralement derrière la batterie quand il joue avec les Eagles.

Législation sur les armes à feu

Jesse Hughes a également donné une interview à Laurence Ferrari pour iTélé (à voir ci-dessous), dans laquelle il s’exprime notamment au sujet des armes à feu. À la question de savoir si le drame lui a fait changer d’avis sur la législation, il a tenu à réaffirmer ses valeurs très conservatrices et pro-armes. « Le contrôle des armes à feu n’a pas de rapport. Est-ce que vos lois sur le contrôle des armes en France a empêché cette attaque? Non. Tout ce qui a permis d’arrêter cette attaque, ce sont les actes des hommes les plus courageux qui se sont rués sur les attaquants. »

Et de continuer avec ces propos tout en contradiction: « Certaines personnes ne vont pas être d’accord avec moi, mais j’ai l’impression que les armes ont rendu tout le monde égal ce soir-là. Le seul changement dans ma tête, c’est que tant que tout le monde n’a pas une arme à feu, tout le monde doit en avoir une. (sic) Je veux que tout le monde ait la chance de vivre. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content