Critique | Musique

Jay-Z – Magna Carta Holy Grail (écoute intégrale)

Jay-Z © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

HIP HOP | Si le douzième album de Jay-Z n’est pas l’opus magnum annoncé, il contient assez d’éléments pour que le rappeur conserve son rang. Au sommet.

Jay-Z par-ci, Jay-Z par-là. Pas une seule semaine sans que le rappeur new-yorkais ne squatte les feux de la rampe. Jay-Z et sa femme Beyonce, Jay-Z et le président Obama, Jay-Z dans The Great Gatsby, Jay-Z qui jamme avec son pote Kanye West (Watch The Throne); Jay-Z le rappeur, le businessman, l’agent sportif…

Du coup, on peut rire d’un titre d’album comme Magna Carta Holy Grail. Pourtant, s’il en est un qui peut se permettre l’hyperbole, c’est bien Shawn Carter. Chaque nouveau disque du bonhomme est abondamment commenté. Celui-ci encore plus qu’un autre, avant même qu’il ne sorte. La tactique marketing qui l’a accompagné a fait notamment couler beaucoup d’encre. Disponible uniquement pour les détenteurs d’un smartphone Samsung pendant la première semaine, le disque a même amené l’industrie du disque américaine à revoir ses chiffres donnant droit à un disque d’or…

Double jeu

Jay-Z - Magna Carta Holy Grail (écoute intégrale)

De prime abord, Magna Carta Holy Grail cumule les attributs du nouveau riche. À longueur de morceaux, Jay-Z aligne les invités (Justin Timberlake, Rick Ross…), les références (Nirvana, REM…), pratiquant le name-dropping à une cadence infernale: Picasso, Basquiat, le Louvre, Jeff Koons, Rothko… (ce qui, on l’avouera, change tout de même de Tony Montana). Même la pochette se la pète, dévoilée pour la première fois sur les murs de la cathédrale de Salisbury (là où est conservé l’un des quatre exemplaires de la Magna Carta). Bling bling donc, mais cultivé malgré tout.

Et la street credibility, là-dedans? Jusqu’ici, Jay-Z a toujours réussi à concilier son statut d’entrepreneur multimillionaire et son passé de dealer dans le Bronx. C’est toujours le cas ici. À l’inverse du côté frondeur et légèrement asocial de Kanye West, Jay-Z continue de dérouler un hip hop accrocheur, hospitalier: BBC (avec Nas) ou Picasso Baby sont deux exemples parmi d’autres de tubes hip hop en puissance. Cela ne veut pas dire que le rappeur se contente de ronronner: Heaven ou Oceans (avec l’ami Frank Ocean) sont deux des morceaux les plus réussis, sans pour autant jouer la facilité.

Au final, Magna Carta Holy Grail est peut-être bien piégé par sa propre ambition, un poil trop boursouflé (seize titres, c’est évidemment beaucoup) que pour être considéré comme le chef-d’oeuvre annoncé. N’empêche: que Jay-Z puisse sortir un tel disque -le douzième!- après autant de temps dans le rap game est en soi un petit exploit…

Jay-Z, Magna Carta Holy Grail, distribué par Universal.

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