Laurent Raphaël

In the mood for Bowie: un hors-série de 100 pages dès le 19 février

Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Le 19 février, Le Vif/L’Express -powered by Focus Vif- publiera un hors-série exceptionnel de 100 pages sur cet artiste majeur du XXe siècle qui n’a cessé de se réinventer au gré des époques pour devenir une sorte de super-héros pop.

Le 11 janvier 2016, toute la planète a pleuré comme une madeleine avant de mêler sa voix, un tweet, un mail, un snap au concert de louanges déversé sur le linceul de Bowie, le seul, l’unique. Sonné, abattu, choqué, le peuple perdait un pro­che. Et avec lui les derniers lambeaux de sa jeunesse. On a beau savoir que les idoles ne sont pas éternelles, quand un artiste de ce calibre tire la prise, ça fait un choc. Comme si un bloc de sa falaise intime venait de se détacher.

Comment expliquer une telle unanimité qui a ré­uni pour une fois -sans doute la seule- le punk retraité, le boloss, le freak, l’ex-hippie, le trader à Rolex, la folle, le geek, le roi du dancefloor, la fashionista, le militant black? La réponse se trouve dans la carrière monstrueuse et la discographie électrique du Duke. Mais pas seulement. A la différence des Beatles et des Rolling Stones, ces autres grands fauves du rock, Bowie était seul en scène. Même entouré d’un band, il n’y en avait que pour lui. Son aura sauvage, indomptable se suffisait à elle-même, disqualifiant par avance toute forme de concurrence, reléguée dans l’ombre de la production. Alors que Paul sans John, c’est un peu comme du champagne sans bulles. Et on n’ose imaginer ce que Mick nous concocterait sans l’assaisonnement épicé du pirate de service. Par la seule grâce d’un pedigree hors norme et d’une génétique favorable, David Jones a ainsi enfilé le costume fuselé de l’individualisme que le libéralisme naissant allait bientôt imposer en vitrine.

Quand un artiste du calibre de Bowie tire la prise, u0026#xE7;a fait un choc. Comme si un bloc de sa falaise intime venait de se du0026#xE9;tacher.

Autre paramètre de l’équation: Bowie est un traité de sociologie à lui tout seul. Doté d’un radar infaillible, il a épousé les causes esthétiques de chaque décennie sans jamais donner l’impression de forcer le jeu. A croire que sa nature caméléon est justement de s’adapter aux circonstances. Aussi à l’aise en meneur de révolution dans les années 70 qu’en bourgeois gentilhomme au début des années 2000, il a mué au gré des vents dominants, retournant sa veste en lamé toujours du bon côté comme disait l’autre. Et même un peu avant que le vent tourne, s’assurant cette longueur d’avance qui en a fait un meneur de troupes plutôt qu’un vulgaire plagiaire. Chez d’au­t­res moins doués, moins habités, on parlerait d’opportunisme suspect, de contrefaçon. La coque de sa crédibilité, pourtant mise à l’épreuve sur d’autres terrains artistiques, n’a au contraire jamais été éraflée, même quand il s’est perdu dans le marais de la variété synthétique à l’ego dilaté. Les fans n’auraient pas supporté qu’il fasse du surplace, qu’il s’encroûte, qu’il se banalise. Comme quoi, l’intégrité intellectuelle peut encore être une vertu dans ce monde à la morale douteuse. Seule, elle est souvent mal payée il est vrai. Mais combinée à un solide sens du spectacle -les deux n’étant pas incompatibles-, elle aimante les convoitises comme la mare au milieu de la savane. Dans le restaurant Bowie, chacun a pu trouver au moins un plat à son goût.

Ces qualités seraient restées stériles sans le pana­che et l’élégance pour les sublimer. On ne choisit pas son corps, encore moins sa tête. Physique d’écrevisse, Bowie déployait dans l’espace une androgy­nie graphique rehaussée d’un visage d’aristo taillé au laser. Un mélange irréel, vaguement inquiétant, qui en impose même aux rustres. Ajoutez à cette silhouette magnétique un regard venu d’ailleurs et vous avez le genre de beauté vénéneuse qui fait chavirer les coeurs.

L’Anglais aura brûlé la chandelle de cette seconde moitié du XXe siècle par les deux bouts, incarnant mieux que personne le vent de liberté qui a balayé les plaines arides de l’ancien monde. S’il n’est plus là pour ouvrir le chemin de l’avant-garde, on continuera à boire les paroles de ses évangiles musicaux, témoignages fiévreux et universels d’une conscien­ce tourmentée qui a trouvé dans l’art un début de rédemption. Bref, Bowie est au rock ce que la petite robe noire de Chanel est à la mode: un truc sexy, classe, rebelle, indémodable, qu’on portera encore dans 20 ans…

Le 19 février, Le Vif/L’Express -powered by Focus Vif- publiera un hors-série exceptionnel de 100 pages sur cet artiste majeur du XXe siècle qui n’a cessé de se réinventer au gré des époques pour devenir une sorte de super-héros pop.

Au menu: des photos, des témoignages, la genèse de cette icône, un détour par sa discographie, mais aussi des récits (Bowie et Berlin, Bowie et son image, Bowie et le cinéma, Bowie et la culture black) et en bonus les portraits originaux de l’artiste par de grands noms de la bande dessinée comme Brecht Evens ou Frederik Peeters. Un numéro collector à conserver près de sa platine.

Dans le magazine, un concours exclusif (un gagnant par jour!) avec, à gagner, 12 albums Blackstar, 12 albums The Next Day, 5 albums The Next Day Extra (2 CD + DVD) et 1 box David Bowie (plus disponible à la vente!). Participez via www.levif.be/bowie

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