Ibrahim Maalouf, fiché par Interpol et arrêté, raconte sa mésaventure

Le musicien libanais Ibrahim Maalouf, au Byblos International Festival à Beyrouth, 2014. © EPA/Wael Hamzeh
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le musicien jazz, neveu d’Amin Maalouf, a été retenu par la douane en gare du Nord à Paris alors qu’il se rendait à Londres pour un concert. Il déplore l’incident, mais le considère comme un « dommage collatéral insignifiant » des mesures prises dans l’état d’urgence.

La mésaventure a lieu ce mardi 17 novembre. Alors qu’il a rendu hommage aux victimes des attentats de Paris la veille sur le plateau du Grand Journal de Canal+ (voir la vidéo plus bas), Ibrahim Maalouf doit se rendre à Londres pour poursuivre sa tournée de promotion avec un concert au Barbican Center, en compagnie notamment de Manu Katché.

C’est avant de prendre son Eurostar que les choses se compliquent. « J’ai été retenu par la police à la Gare du Nord. Il était indiqué sur leur ordinateur que mon passeport était signalé « Interpol positif », témoigne Ibrahim Maalouf dans une interview donnée à Clique au lendemain des événements. Ils me l’ont confisqué et m’ont interrogé. J’ai raté deux trains supplémentaires, et annulé toute la journée de promotion que je devais faire à Londres. Puis, j’ai été relâché. J’avais ma carte d’identité sur moi, j’ai donc pu monter dans un train. Une fois assis, j’ai été rejoint par trois agents de la Douane qui m’ont demandé de descendre. J’ai refusé et nous avons eu une explication musclée, car je n’avais rien à me reprocher. En fait, ils avaient mal pris le fait qu’un article du Parisien, publié quelques minutes plus tôt, relate ma mésaventure en disant que la douane m’avait arrêté, sur la base de ce que j’avais raconté sur mon compte Facebook personnel. »

« Assurer notre sécurité, mais sans abus »

Il y avait effectivement maldonne dans la publication sur Facebook que le musicien a effacé depuis: Maalouf y parlait de police et pas de douaniers. C’est le relais de l’information par Le Parisien qui apportera son intervention aux oreilles des agents et lui vaudra un « échange musclé » durant lequel il menace la police de s’étendre sur le sujet dans la presse. Ce qui n’aura pas lieu, Ibrahim Maalouf préférant finalement se livrer dans une unique interview à Clique dans laquelle il détaille le déroulement des événements. Il y estime notamment « qu’il y a, depuis la promulgation de l’état d’urgence, des procédés qui doivent dépasser les surveillances habituelles. Et là, je ne suis qu’un dommage collatéral insignifiant… »

Quant à ce que signifie ce fameux statut « Interpol positif », le musicien a dû se renseigner. « Cela veut dire simplement qu’on vous met des bâtons dans les roues lors de vos déplacements. Un terroriste fiché positif par Interpol sera automatiquement appréhendé à la frontière. » Et si la bisbrouille se finit bien (Ibrahim Maalouf a finalement pu rejoindre la salle de concert à temps), elle devrait servir de signal d’alerte. « Je ne souhaitais pas en parler à la presse, ni même à des avocats. Mais exceptionnellement, je vous en parle parce que je trouve qu’il faut assurer notre sécurité, mais sans abus. Et c’est bien que la police, comme la douane, soient au courant qu’on les surveille aussi, et qu’ils doivent être vigilants. » Et de conclure: « Heureusement, ils ont eu la présence d’esprit de réaliser l’absurdité de la situation et m’ont laissé partir. Des agents moins « intelligents » auraient pu dépasser les bornes, et là ça se serait beaucoup moins bien passé. »

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