Grand Blanc d’essai

Grand Blanc © Philippe Mazzoni-Petit
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Sensation hexagonale du moment, les quatre de Grand Blanc sont de retour ce mercredi soir au Botanique, avec un tout premier album Mémoires vives.

Il y avait Petite Noir. Voici désormais Grand Blanc. Pardonnez le rapprochement foireux du journaleux fatigué: hormis le nom, les deux projets – le premier sud-africain, le second lorrain – n’ont rien à voir. Quoique. L’un comme l’autre cultivent en effet un goût prononcé pour la cold wave eighties.

Les curieux avaient déjà pu s’en rendre compte l’an dernier. Les quatre Français de Grand Blanc faisaient en effet déjà partie de l’affiche 2015 des Nuits Bota, avec leurs potes de Bagarre. Moins d’un an plus tard, ils sont de retour, au même endroit, et cette fois-ci avec un tout premier album, Mémoires vives. Un disque référencé donc, mais pas chiqué. À l’occasion de leur concert bruxellois prévu ce mercredi, petit entretien express, avant d’autres développements.

Quelle est l’origine du projet? Il démarre à Metz, c’est ça?

Benoît: Le groupe est né à Paris, mais reste fort lié à Metz en effet. Parce qu’on est trois à venir de là, et parce que les premières personnes auxquelles on a fait écouter les morceaux, et auprès desquelles on a trouvé les premier supports, comme les gens des Trinitaires, viennent aussi de là. Mais c’est quand on a rencontré Vincent, qui étudiait le son avec Luc, à Paris, que l’on a abouti à la formule actuelle. C’était il y a deux ans et demi, peut-être trois. Avant? Grand Blanc se rapprochait plus de la folk en fait. Mais cela n’a pas duré longtemps. On a dû faire deux, trois concerts pas plus. Un morceau comme Montparnasse date de cette époque-là, par exemple. Même s’il sonne complètement différemment aujourd’hui.

Qu’est ce qui s’est passé pour changer aussi radicalement de direction?

Camille: On a découvert les logiciels de MAO (musique assistée par ordinateur, NdlR) (rires). Sans blague, on a compris qu’on pouvait tout faire ou presque avec un ordi, une bonne carte-son, et quelques bons logiciels « crackés ».

Benoît: En gros, on a rentré tous nos morceaux dans la machine pour voir ce que cela pouvait donner. On a halluciné. On n’a pas compris ce qui s’était passé. On a alors commencé à écouter énormément de techno, de musiques électroniques, de manière assez systématique.

Du rap aussi?

Vincent: Absolument. Même si ce n’est pas une influence directe. Moins musicale qu’au niveau de la production en fait. C’est dans le hip hop que l’on trouve aujourd’hui le plus de trucs intéressants et novateurs. Dans le r’n’b aussi, avec des filles comme FKA Twigs ou Kelela.

Benoît: On a tous écouté Iam, NTM, aujourd’hui Booba… Même chose côté américain: on a grandi avec des albums du Wu Tang Clan, par exemple, qui était un groupe à géométrie variable – tu ne sais jamais trop qui fait quoi… C’était le genre de paysage où la définition classique du groupe ou de la chanson ne marche pas. C’est pour cela qu’on préfère parler de productions que de morceaux. Cela vaut pour les textes aussi. Un morceau comme Désert désir, il y a trois phrases, et on fait notre tambouille avec ça. Nous, ça nous paraît naturel… Regarde par exemple un groupe comme PNL, à la fois super street cred sur les radios jeunes, et qui arrive à faire un premier concert au Palais de Tokyo et à être plébiscité par les Inrocks. Leurs textes, quelque part, c’est de l’anti-littérature; et en même temps, la langue est tellement malmenée que cela finit par donner quelque chose de joli. C’est fascinant de voir comment les mots descendent dans la musique, en passant par plein d’effets, etc. C’est très loin de ce qu’on fait, mais on adhère complètement.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous êtes en effet plutôt associés à la cold wave eighties. Surtout pour le son, mais aussi pour cette manière de fonctionner en réseaux, non?

Benoît: On est autodidactes. Quand on a découvert les synthés, forcément, on s’est plongé dans les années 80: elles font un peu office de mode d’emploi, en la matière. Mais du coup, on a aussi découvert que les gens, à l’époque, chantaient en allemand, en grec, en russe… Ils s’en foutaient. Les labels étaient plus petits, la diversité plus grande. C’était une raison supplémentaire pour s’intéresser à ce moment-là, et ces sons-là. Puis, sincèrement, venant de Metz, cela collait bien avec l’ambiance de la ville. C’était assez facile de jouer ce jeu-là… Après, sur la question des réseaux, on se démerde avec ça. D’un côté, c’est vrai que tu essaies de trouver des potes. De l’autre, ce qui intéressant, c’est la pluralité des choses. On les associe souvent, mais trouve un point commun par exemple entre La Femme et Fauve…

Vincent: Cela étant dit, c’est vrai que, quand on a démarré à Metz, on a demandé à Bagarre de venir. De la même manière, quand on a joué la première fois au Petit Bain, à Paris, il y avait Flavien Berger… Ce sont des gens dont on se sent proches. C’est rassurant de savoir que tu n’es pas seul. Puis cela crée une émulation. Quand tu vois les autres péter des câbles sur leurs disques, cela te donne envie d’essayer aussi.

Grand Blanc, Mémoires Vives, distr. Entreprise. Ce mercredi 9/03 au Botanique, Bruxelles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content