Goodbye Moscow, la « nostalgie positive » d’une Russie rêvée

Goodbye Moscow © ManuGo Photography
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Finaliste de la dernière édition du concours Du F. dans le texte, Goodbye Moscow s’apprête à sortir « pour de vrai » son premier EP, ce vendredi chez Balades Sonores à Bruxelles. Rencontre avec sa tête pensante.

Il a des origines arméniennes, a grandi en France, son coeur est à Moscou mais il se sent chez lui à Bruxelles. Et il a la tête dans les étoiles, Benjamin Hutter. Lui qui a créé son projet Goodbye Moscow au retour d’un voyage marquant en Russie, démarre au quart de tour quand il s’agit d’évoquer ce pays « de tous les extrêmes » d’où il a ramené la femme de sa vie. « Quand je suis parti de Moscou, j’ai eu l’impression d’être dans un microcosme où tout était doux, nous explique-t-il d’une voix rêveuse. Les gens souriaient dans la rue, ce qui n’arrivait jamais. Il devait faire 8 degrés, mais avec un grand soleil. Ça m’a rendu extrêmement nostalgique, mais positivement. C’est là qu’est née ma première chanson, Moscou. En rentrant à Bruxelles, j’ai senti que l’aventure était lancée. »

Cette aventure, il la baptise logiquement Goodbye Moscow, y chante en français (« Je ne suis pas du tout militant, mais j’aime bien la langue française. Et je trouve ça logique de m’adresser au public dans sa langue »), et enregistre cinq titres qu’il grave sur un EP qu’il sort enfin en physique ce vendredi, à l’occasion d’un « instore show » chez Balades Sonores. Sur scène, Benjamin Hutter est aujourd’hui rejoint par trois musiciennes, un quatuor « qui marche parce qu’elles me renvoient beaucoup d’émotions ».

Ce qui frappe avant tout dans la musique de Goodbye Moscow, c’est ce grand écart entre, d’une part, la froideur de l’imagerie russe et de la pop des années 80 desquelles il s’inspire, et d’autre part, l’optimisme des textes, particulièrement légers et lumineux. « C’est vraiment ça. Je suis un grand fan de Dominique A. Le minimalisme de ses premiers albums: une mini-machine, une guitare pas accordée, et juste de la poésie… Je me suis armé d’un logiciel et de quelques plug-ins, ça a donné ce disque. C’étaient mes premiers pas, mon premier projet sérieux. Esthétiquement, je ne me suis pas trop posé la question: j’ai pris ce qui me plaisait. »

À l’origine de sa fascination pour la Russie, un événement qu’on pourrait qualifier d’heureux accident. « C’était pour le travail. Une amie m’a dit: « je m’en vais, ça te tente de m’accompagner? Par contre, il faut être là-bas dans dix jours », rit-il. Je n’avais même pas de passeport, j’ai fait tout en quatrième vitesse. » Et sur place, le coup de foudre est doublement immédiat. « J’ai rencontré cette femme merveilleuse, sur laquelle j’ai écrit la moitié de mes chansons. Très vite, je me suis retrouvé à vivre avec elle et sa grand-mère. Une grand-mère ultra soviétique, beaucoup devant la télévision, ne parlant aucune autre langue, ni le français ni l’anglais. Mais c’était la première qu’il fallait que je convainque que je suis cool, que sa petite fille ne sortait pas avec n’importe qui. J’ai appris super vite le russe. Je n’ai pas fait de grammaire, rien, mais il fallait que je puisse communiquer. » Ne dit-on pas que l’amour est le meilleur professeur?

Goodbye Moscow, Souvenirs futurs, autoproduction.

En concert le 17/11 chez Balades Sonores, Bruxelles. Infos ici.

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