Gent Jazz: le baume au coeur de Jill Scott

Jill Scott au Gent Jazz © Bruno Bollaert
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Jeudi soir, le Gent Jazz reprenait sa programmation, avec notamment la star soul américaine Jill Scott. Du tout grand art.

On peut dire ce qu’on veut du Gent Jazz – qu’il est chic, cher, que ce n’est pas vraiment un festival, blabla -, on ne peut pas lui reprocher d’être braqué ou monomaniaque. Que du contraire. Au moment d’entamer sa 2e semaine, plus que jamais, l’événement gantois tord la proposition de départ dans tous les sens pour mieux embrasser les dérivés (plus ou moins) naturels de la note bleue. Jazz, St-Germain? Certes. dEUS ou Perfume Genius? Nettement moins. Soit.

Pour opérer la transition, l’affiche de jeudi était en tous points parfaite. Au programme, un doublé féminin Lianne La Havas/Jill Scott, louvoyant entre soul et jazz. Bloqué dans les travaux de Wetteren (un bon quarante minutes dans la vue, autant le savoir), on ne verra pas grand-chose de la première, sinon un Grow électrique et un Midnight enlevé. Fan de l’Américaine, La Havas reprend également sur scène son He Loves Me.

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Le public aura tout le loisir de comparer les deux versions. Quelques minutes après l’horaire prévu, Jill Scott entame son concert par ce même morceau. A la douceur de l’Anglaise, Scott ajoute des couleurs plus tranchées, montagne russe vocale lyrique qui flirte quasi avec l’opéra. La chanteuse est solidement accompagnée: trois choeurs masculins, batterie, deux cuivres, basse, guitare, percussions, clavier… Un attelage conséquent qui ne loupe pas une miette des tragédies soul du soir. Parfois polie sur disque, la musique prend ici une densité inédite. Cela trace, mais avec du sentiment, de l’intensité. Il faut dire que Jill Scott, pieds nus après 10 minutes, aborde chacun des titres avec une amplitude épatante. Rien ici ne semble gratuit: la moindre inflexion de voix est chargée, engagée, investie. Drama queen combattive, Scott multiplie les tours de force, fait accélérer son groupe (The Real Thing et ses clins d’oeil blues à Led Zep), avant de se pencher pour voir les dégâts dans le public…

Après 15 ans de carrière, son premier album continue d’être plébiscité. Scott a toutefois la bonne idée de retravailler quasi systématiquement ses morceaux les plus connus, comme Slowly Surely claudiquant, It’s Love en version latino. En rappel, A Long Walk prend une tournure funky assez irrésistible, tandis que Say Thank You déploie ses humeurs blues-psychédéliques avec un sens du crescendo qui ne laisse personne indemne. En toute fin, Jill Scott supplie encore: Show Me, ad lib… Après une heure et demie de concert quasi sans temps mort, la diva repart, laissant cette drôle d’impression: celle d’avoir tout donné tout en maintenant une sorte de distance. Fort.

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