Critique | Musique

GaBLé – Cute Horse Cut

POP | GaBLé sort un nouvel album excitant et déglingué. Ou quand 3 Normands détraqués décomplexent la pop française.

Live, ils ont un peu d’Animal Collective en eux. Pas celui qui se planque derrière des machines. Celui qui, extatique, jonglait jadis avec les instruments et transformait la scène en cour d’école à l’heure de la récréation. Décalé, unique, audacieux et franchement jouissif, GaBLé est du genre à déstructurer la musique. A bricoler ses chansons sans queue ni tête avec un aspirateur, une perceuse et des samples de l’émission Strip-Tease.

Pour commencer, GaBLé, ça ne veut rien dire. C’est juste un prénom, Gaëlle, mal collé sur une porte et qui évoque la plus grande star du box-office hollywoodien aux débuts du cinéma parlant. Improbable, oui. Comme les disques loufoques et débridés de ce groupe artisanal caennais qui décomplexe la pop française.

GaBLé -9 ans déjà-, c’est l’alchimie en ébullition de 3 esprits tordus. La rencontre de 2 batteurs qui se sont décidés à jouer de la guitare et d’une fille qui a appris le clavier en collant des gommettes de couleur sur ses touches.

Avant d’atterrir dans les mains du label britannique LOAF (Seeland, Extra Life), GaBLé a autoproduit ses 3 premiers albums, gravés sur CD et empaquetés dans des artworks faits maison. Il a ensuite écumé bars, chapelles, squats et autres lieux alternatifs.

Demolition party

Seven Guitars With A Cloud of Milk plus tard, les Frenchies, bien boostés par Jean-Louis Brossard, le grand manitou des Transmusicales de Rennes, ont définitivement fait leur trou avec une musique imprévisible. Un grand fourre-tout où folk bancal, électronica tarabiscotée et collages dadaïstes répandent leurs effluves anarchiques.

Accordéon, banjo, violoncelle, piano jouet, instruments pour enfants, timpani, casseroles, coups de klaxon, bruits d’oiseaux et de tronçonneuse… Disque à rebondissements, le délirant Cute Horse Cut, remède auformatage généralisé, rivalise d’inventivité. « Définir, c’est limiter », disait Oscar Wilde. Et c’est bon signe: pas évident de mettre des mots sur ces étranges Français qui allient effet de surprise et pouvoir de séduction.

Avec leur pop construite de bric et de broc, les Normands évoquent tour à tour le génie de Beck, le hip pop de Why, les collages de The Books, le freestyle du Beta Band, la liberté de Captain Beefheart et, à l’occasion, la fraîcheur des premiers Architecture in Helsinki. En une vingtaine de morceaux et seulement une quarantaine de minutes, ces McGyver du son font du simple avec du compliqué. De l’expérimental pour (grands) enfants. Cute horse cut a l’esprit rebelle et l’âme libre. Le tempérament goguenard et l’humeur ludique. Il explore, chipote, triture, déforme… Défie les lois de l’attraction. Les idées fourmillent. GaBLé fait mouche.

GaBLé, Cute Horse Cut, distribué par LOAF. ****

En concert le 9 juillet aux Ardentes (Liège).

www.gableboulga.com

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Julien Broquet

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