Francofolies J3: La reine de Spa

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Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Selah Sue attire des scoutes limbourgeoises, Marc Radelet n’est pas content et la prestation des Joshua est passée au crible d’impitoyables critères d’évaluation.

Hier jeudi soir, Hugh Laurie/Dr House, foutait assez logiquement le bordel sur la scène principale Pierre Rapsat. Warner, son label, parquant les photographes en troupeaux agglomérés, interdits d’approcher l’hasardeux acteur/praticien (…), reconverti en chanteur de blues. Comme si on nous servait de l’hypra-star Coldplay ou Lady Gaga à portée d’âme humaine, quelle blague. Et ce, même si la reconversion chantée de l’Anglais cynique (à l’écran), embarqué sur les vieilles rives du Mississippi, a du charme, à défaut d’envoyer Muddy Waters au cimetière (il y est déjà). Partagé entre fans de Thomas Dutronc, amateurs de l’infameuse série US et connaisseurs bluesy -une minorité…- le public a adoré l’oiseau. Enfin, c’est ce que l’on déduit alors qu’on arrive le vendredi fin d’après-midi dans un crachin incarnant la fraîche température de cette édition 2012.

Coup tordu

L’autre coup de froid nous tombe d’emblée dessus via Marc Radelet, porte-parole des Francos, qui n’est pas du tout, mais alors, pas du tout content. En cause, un articulet paru il y a quelques jours sur le site du Vif -dont nous ne sommes nullement l’auteur…-, et titré « Francofolies de Spa cherchent festivaliers. Désespérément? »… Radelet: « C’était tordu, le titre, avec cette photo de la Place de l’Hôtel de Ville vide. Même si aucun concert sur la scène Pierre Rapsat (scène principale, en open air), n’est complet, les Francos vont attirer du monde. Peut-être pas les 180.000 spectateurs de 2011 mais quand même probablement dans les 160.000… Le festival témoigne d’une forme de récession qui se voit aussi ailleurs, ni plus, ni moins ». Oui, sans doute, peut-être, à voir en clôture dimanche, mais en tout cas sur le coup de 19 heures à la Place de l’Hôtel de Ville en question, Joshua ouvre la soirée devant une mini-foule, 1500-2000 personnes selon notre radar perso.

Cul qui gratte

Néanmoins, le public arrive peu à peu pour assister à la prestation des jurés de The Voice auxquels il semble logiqued’appliquer les impitoyables critères subjectifs de l’émission télé. On dira donc que 1) l’accent anglais joshuesque est moyen 2) la présence scénique de même et 3) last but not least, après une demi-douzaine de titres, aucune personnalité musicale clairement identifiée par les Nations-Unies, ne se détache de ce mix funky-soul-chanson qui a le cul qui gratte. C’est donc nul Joshua? Non, même que cela groove et que cela funkyse agréablement mais un choix artistique clair manque, tout comme une voie bien saignante (à poser en intraveineuse suggèrerait le bon docteur Laurie). Question de talent (?), nous donnerons ici diplomatiquement notre vaillant joker.

Testostérone sentimentale

Bon, en attendant la suite Place de l’Hôtel de Ville, on rate Charlie Winston (dont le She Went Quietly du second album est splendide), filant au Village Francofou, pour tâter de Rover en live. Le Français voyageur se produit en compagnie d’un batteur, d’un bassiste et d’un claviériste qui tâte aussi de la pedal-steel guitar, donnant des profils longilignes, voire planants, à une musique qui assume pleinement son romantisme charbonneux. Même si le lieu n’est pas vraiment adéquat -le théâtre spadois aurait été parfait- Rover, avec ses chansons bourrées de testorénone sentimentale, ses airs de légionnaire lettré, son chant proche de l’abîme, confirme tout le talent de son premier album paru au printemps. Et renvoie obligatoirement à son concert du Botanique le 26 octobre prochain…

Chanson flamande?

L’éclectisme étant devenu l’ADN obligatoire de pratiquement tous les festivals de l’été, on se demande quand même si le succès apparemment moins flagrant de ces Francos 2012 -en attendant les chiffres officiels et nonobstant le décourageant mauvais temps de juillet- n’est pas dû au trop grand écart des genres présentés. S’il est louable de doubler le cadre chanson française des débuts, il faut bien dire qu’entre The Subs pratiquant leur boum-boum electro peu imaginatif sur la scène Proximus du Village, et Selah Sue, adoubée comme « La reine de Spa » par le boss Charles Gardier sur la grande scène Pierre Rapsat, il n’y a strictement aucun point commun musical. Les gantois comme la louvaniste faisant, ceci dit, un égal carton devant des publics tout chose et tout chaud. Alors, Spa festival de chanson flamande? Peut-être à en croire le nombre de filles scoutes venues de Hasselt croisées dans les rues spadoises….

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