Critique | Musique

Foo Fighters Sonic Highways, aussi passionnant qu’insipide

Foo Fighters © DR
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Avec son 8e album assorti d’une série télé, le groupe de Dave Grohl déclare son amour à la musique américaine. Problème: la série est aussi captivante que l’album n’est mortellement banal.

Faire une montagne d’une sortie discographique. Balancer l’armada communicationnelle plus d’un an à l’avance, dévoiler goutte à goutte le contenu d’un album attendu. Daft Punk et Arcade Fire ont excellé en la matière l’an dernier, les Foo Fighters de Dave Grohl ont parfaitement pris le relais pour annoncer la sortie de Sonic Highways, le huitième album du groupe.

Il faut dire que sur papier, le concept a de quoi se faire mousser: construire un album morceau par morceau en passant par autant de villes que de studios, et emmener au passage une équipe télé qui documenterait le tout pour en faire une série à destination de HBO. Gâteau sous la cerise: le documentaire ne se concentrerait pas uniquement sur un making-of traditionnel de l’album (how boring), mais s’attèlerait aussi et surtout à retracer l’histoire de la musique américaine au fil des villes visitées en y rencontrant ses musiciens-phares.

Il y a quatre semaines débutait donc la diffusion de la série à travers le monde (elle est également diffusée chez nous, sur Ketnet/Op12, tous les lundis et mardis soir). Faisant halte par Chicago, Washington, Nashville et Austin (avant Los Angeles, la Nouvelle Orléans, New York et Seattle), Dave Grohl y rencontre une quantité impressionnante de musiciens de tous horizons et toutes générations: de Buddy Guy à Ian MacKaye (Fugazi) , de Pharrell Williams à James Murphy (LCD Soundsystem), de Joan Jett à Emmylou Harris, de Dan Auerbach (Black Keys) à Billy Gibbons (ZZ Top) en passant par… Barack Obama (!).

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Il nous a rarement été donné de voir matière aussi dense, palpitante et instructive en télévision. Car si les figures connues s’enchaînent, Sonic Highways s’emploie également à donner du sens à ces villes musicales via leurs acteurs de l’ombre, des producteurs aux propriétaires de salles de concerts, en passant par une tripotée de groupes underground qui ont contribué à en faire l’histoire. Il y en a pour tous les goûts: celui qui affirmera tout connaître est un fieffé menteur, celui qui au contraire ne reconnaîtra personne souffre d’un sérieux manque de culture. La bande son, quant à elle, est une vraie pépite, puisant à tout va dans tous les pans de la musique américaine. De quoi faire des huit épisodes un vrai incontournable télévisuel.

Série top, musique flop

Mais. Il y a un mais, et de taille: la musique. Soyons honnêtes: les Foo Fighters n’ont pas sorti un album digne de ce nom depuis leurs deux premiers essais Foo Fighters et The Colour and the Shape. De nombreux singles rutilants certes (Breakout, All My Life…), une fausse promesse de retour aux sources (White Limo augurait de meilleurs horizons à Wasting Light), et des clips plus hilarants les uns que les autres, du style à vous faire passer la musique au second plan. Or ici, chaque épisode de la série Sonic Highways mettant en lumière un morceau en particulier, il est difficile de passer à côté de la vacuité de la grande majorité d’entre eux.

Autant l’intention était louable d’écrire les morceaux au fur et à mesure, suivant l’inspiration des lieux et des rencontres, autant la crêpe semble systématiquement vouloir retomber à côté de la poêle. Soit une bouillie classic rock molle du genou et consensuelle, avec des grands refrains à grandes idées qui font flop (« You can’t make me change my name/I’m something from nothing » ou plus loin « God as my witness/Yeah it’s gonna heal my soul tonight »). Seul sort du lot The Feast and the Famine, titre nerveux s’il en est, sans doute plus inspiré que les autres du fait d’avoir été écrit à Washington d’où Dave Grohl est natif. Salvatrices racines punk?

La série étant encore en cours de diffusion (on en est à 4 épisodes sur 8, les détails de la diffusion par ici), il est encore grand temps de se rattraper. À noter que le groupe sera en concert à Rock Werchter le 25 juin prochain. Pour le reste, l’album est en écoute ci-dessous…

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