Critique | Musique

Floating Points, écosystème analogique

Floating Points © DR
Didier Stiers Journaliste

Le Londonien Sam Shepherd confirme son statut d' »électronicien » atypique avec Reflections – Mojave Desert, un album enregistré au milieu de nulle part. Ou presque…

Chacun de ses enregistrements a son histoire propre. Chacun est né d’une méthode de travail, d’une réflexion particulière qui semble n’appartenir qu’à lui. À propos d’Elaenia, par exemple, son excellent album sorti en 2015, Sam Shepherd alias Floating Points confiait au magazine Fact: « Je me sers des contrastes, des espaces et des différences. La manière dont une pièce sonne peut constituer un son en soi. Je vois l’album comme un projet d’architecte, je crée des espaces dans des espaces. Créer un son dans un morceau, c’est comme créer une pièce. Puis la pièce est insérée dans un étage, l’étage dans un immeuble, l’immeuble dans une rue… Et ainsi de suite jusqu’à ce que le disque ait son propre univers. »

L’univers développé dans Reflections – Mojave Desert est vite cerné. En août 2016, Shepherd s’est installé avec son groupe quelque part dans les 40.000 km² de cette étendue minérale. Le plan: répéter entre deux escales d’une tournée américaine, et enregistrer quelques morceaux… « Alors que nous étions en train de jouer et de nous imprégner de cet environnement -le son renvoyé par les rochers, le bruit du vent passant entre eux, le calme absolu de la nuit, le cri des coyotes dans le lointain-, il est apparu évident que nous devions nous servir de tout cela comme d’un cadre d’enregistrement unique. »

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Le synthé analogique de Mojave Desert, la plage d’ouverture, est annoncé par un bruit ambiant: celui du vent. Plus loin, Kelso Dunes est une référence à la plus vaste étendue de dunes éoliennes dans ce paysage unique, réputées pour leur… chant! En réalité: le bruit émis par le déplacement des grains de sable dévalant de manière totalement synchrone. Au risque de faire un peu cliché: on perçoit ici clairement l’espace. Non seulement par cette espèce de réverbération, mais aussi par le style propre des compositions. S’il y a par exemple un peu de Pink Floyd dans Silurian Blue, celle-là est aussi imprégnée de space rock. Les grands espaces deviennent alors ceux qui règnent au-dessus de nos têtes et plus uniquement sous nos pieds, à perte de vue. Shepherd y convoque également les profondeurs de l’Histoire, « silurien » renvoyant à cette période de développement des océans voilà près de 450 millions d’années. Se demander en plein désert où sont passés les vagues et le bleu peut donner le vertige!

On comprend qu’un explorateur du son et des textures comme le Londonien se soit senti inspiré par un tel cadre et ait tenté d’enregistrer ses musiciens avec des micros surround! Mais Reflections… n’est pas qu’un album de « field recording », c’est aussi un film prévu pour être intégré dans une série d’expériences cinématographiques du même genre, menées un peu partout aux quatre coins du globe. Et le Shepherd globe-trotteur de devenir aussi intrigant que celui qui joue seul en live, penché sur ses machines et ses amas de câbles…

Floating Points, Reflections – Mojave Desert, distribué par Pluto Recordings/NEWS. ****

le 19/08, au Pukkelpop.

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