Fin du rêve de la mandarine: décès d’Edgar Froese de Tangerine Dream

Edgar Froese de Tangerine Dream, en concert en juillet 2007 © Wikicommons/Ralf Roletschek
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Edgar Froese, leader du plus célèbre des cosmic bands allemands, Tangerine Dream, est parti pour les étoiles.

Le vendredi 23 janvier, on apprenait la nouvelle de la mort d’Edgar Froese, survenue trois jours auparavant: foudroyé à Vienne par une embolie pulmonaire. Né à Tilsit le 6 juin 1944 dans ce qui était encore la Prusse, Froese fait initialement l’une ou l’autre tentative de rock psyché -jouant même chez Salvador Dali à Cadaquès- avant de créer Tangerine Dream à Berlin en 1967.

La scène y est viscéralement underground, le contexte à la Guerre Froide et les moyens d’une électronique encore pionnière: Klaus Schulze sera brièvement membre du groupe qui réalise un premier album à l’été 1970, marqué par l’expérimentation, le free jazz et les synthés. Le rêve de la mandarine connait le succès international trois ans plus tard avec Atem, où le mellotron de Froese dessine des paysages soniques à vocation hautement atmosphérique. Le DJ anglais déjà star, John Peel, en fait son disque de l’année 1973 et Richard Branson signe le groupe sur son label Virgin, qui vient de décrocher un succès mondial avec le Tubular Bells de Mike Oldfield.

Entouré de deux autres multi-claviéristes berlinois, Peter Baumann et Christopher Franke -également percussionniste- Froese rentre dans ses années de gloire: Phaedra (1974) est disque d’or dans sept pays, et le groupe triomphe au Théâtre antique d’Orange comme dans le décor grandiose de la Cathédrale de Coventry.

Cette musique, à prédominance instrumentale, éminemment cinématographique, dessinée par les synthétiseurs analogiques, met aussi en orbite planétaire la mode du krautrock. Celle qui de Can à Neu! incarne le renouveau de la musique allemande contemporaine: Tangerine Dream sera l’un des premiers et plus versatiles utilisateurs du sequencer. Avec le recul, cette BO tout droit sortie d’un songe onirique ou camé -on l’écoute aussi allongé…- a gagné des galons: peut-être parce qu’elle a multiplié ses ressources au-delà de la musique de genre, ainsi les guitares fusillées du live Ricochet de 1975. Surtout, elle s’est insinuée dans une large partie de la culture de la fin du XXe s, le groupe signant de multiples soundtracks -le Sorcerer de William Friedkin- sonnant comme une influence sur la trilogie berlinoise de Bowie, la Trance Music ou même Radiohead. La discographie de Tangerine Dream et d’Edgar Froese, seul membre original qui restait en activité, est d’ailleurs fleuve, avec plus d’une centaine d’albums. On peut la redécouvrir comme une sorte de classicisme électronique, actuel et même parfois, futuriste.

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