Festival Propulse: 10 qu’on aime

Rive © Matias Ranwez Van Elst
Lola Contessi Stagiaire

Du sang neuf pour du sang neuf. On a envoyé nos deux nouveaux stagiaires à la chasse aux nouveaux groupes belges au festival Propulse qui se tenait tout au long de la semaine dernière. Voici leurs coups de coeur.

Propulse offre chaque année une vitrine à des artistes belges ou étrangers émergeants. Le contrat est simple: un concert de 30 minutes face à des professionnels de la musique qui scrutent la scène à la recherche de la perle rare. La programmation est hétéroclite, partagée entre jazz, folk, pop, rap, hip-hop et métal. Les stagiaires du Focus ont infiltré les rangs des représentants de maisons de disques et des programmateurs de festivals afin de dénicher 10 artistes à suivre.

RIVE

On vous en parlait il y a un mois en tant qu’une des révélations possibles et espérées de cette année 2017. Les derniers lauréats du concours du F. dans le texte et Premier Prix du Franc’Off lors des Francofolies de Spa 2016 ne font que confirmer tout le bien que l’on pense d’eux. Le duo bruxellois est composé de Juliette Bossé au chant, à la guitare et aux claviers et de Kevin Mahé à la batterie et aux machines. Elle apporte la douceur et la légèreté tandis que lui amène une forme de violence et l’envie de bousculer les codes. Le tout est chanté en français qui rend le mélange plus subtil. Un spectacle bien rôdé, bien aidés par un show lumière de qualité. Entre force et délicatesse, ils emmènent le public dans des chemins où peu osent encore s’aventurer et se permettent de clôturer leur prestation tout en douceur à deux derrière le piano.

THE CHOOLERS DIVISION

Festival Propulse: 10 qu'on aime
© Matias Ranwez Van Elst

C’est la rencontre improbable entre deux musiciens bidouilleurs et deux MC atteints de déficience mentale. Leur musique se situe à la frontière de plusieurs styles sans jamais se retrouver entièrement enfermée dans un seul. Résolument hip-hop, ils puisent leur énergie dans différents genres de musique électronique. Leur musique sonne souvent trip-hop, parfois noisy sans jamais être brouillonne, allant même puiser dans la techno quand Kostia Botkine et Philippe Marien, les deux chanteurs, prennent place derrière les machines laissées libres par Antoine Boulangé et Jean-Camille Charles.

Ce n’est pas un concert à écouter mais plutôt une expérience à vivre. Les musiciens mélangent machines électroniques et engins expérimentaux allant jusqu’à scratcher sur une platine vinyle pour enfant. Si les paroles passent au second plan, c’est parce qu’il faut voir plus loin. Et si on y arrive, c’est l’assurance de sortir de la salle avec un stock de sérotonine.

(RUN) SOFA

L’or n’est plus noir à Charleroi. Il est de toutes les couleurs, bariolé comme un training rétro, traversé d’influences pop, rock et psychédéliques. Après un premier EP Shenanigans sorti il y a presque un an, le groupe carolo est passé par l’Angleterre où il a fait ses armes. Il assure maintenant sur scène un show bondissant. Exhortant son public à danser avec enthousiasme et douceur, leur chanteur n’est assurément pas un « Tough Guy ». Les garçons de (Run) Sofa ont appris leurs leçons: une voix grave aux accents new wave qui ne craint cependant pas de se faire plus douce par moments, des guitares qui ondulent, des distorsions psychédéliques, des accords basiques de rockeurs… Avec leurs airs nonchalants, leur touche pop et leurs chansons sautillantes, ils rappellent Tame Impala et Jagwar Ma.

THEO CLARK

Cinq ans après Jake Bugg, c’est une nouvelle vague qui déferle sur nous depuis les côtes anglaises. Implacable comme la voix de son jeune chanteur, elle est cette fois écossaise. Theo Clark, épaulé par son frère à la guitare, propose dans son Blood E.P. un retour sur les belles années du rock d’Outre-Manche. Après avoir été le parolier de groupes belges tels que Ghinzu ou Great Mountain Fire, il monte maintenant lui-même sur scène pour poursuivre la longue lignée de la britpop. Agrippé à son micro, il trépigne et gesticule, comme poussé par une force intérieure qui voudrait s’exprimer. Il porte l’héritage du rock indépendant avec sa voix grave aux inflexions punk et son timbre clair. Une tête rousse et un accent à couper au couteau qui devraient ne pas passer inaperçus.

A SUPERNAUT

Les bruxellois d’A Supernaut sont bien décidés à sauver le métal. Passés récemment d’un quartet à un power-trio, ils ont sorti début février un album tout neuf: La Menace. Produit par le Rare Sound Studio de Remy Lebbos, il serait né d’une punchline de Black Sabbath. « Got no religion. Don’t need no friends. Got all I want. And I don’t need to pretend » (Supernaut, 1972), leur va en effet comme un gant. Les musiciens d’A Supernaut entrent en scène comme on entre en religion, pour une performance entière et sauvage. Ils matraquent leurs guitares et s’emportent dans des délires électriques. Promoteurs d’un stoner agressif, ils ne craignent pas de jouer avec les larsens, de crier ou de terminer un concert à moitié nus. Comme possédé par les fantômes du métal, leur chanteur semble devenir fou au milieu de ce métal hurlant. Leur obscur rituel sera à (re)voir au Chaff le 20 février.

SAGES COMME DES SAUVAGES, RENATO BACCARAT & UTZ

Festival Propulse: 10 qu'on aime
© Matias Ranwez Van Elst

Rencontre musicale sur fond de voyage. D’un côté, nous faisons le tour du globe grâce à la folie de Sages Comme Des Sauvages. Le duo composé d’Ava Carrère et Ismaël Colombani n’impose aucune frontière: les musiques du monde entier se mélangent ainsi que les langues. On entend souvent du français mais aussi du créole entre autres. On se laisse facilement perdre dans leur imaginaire.

De l’autre côté, on prend la direction du Brésil avec Renato Baccarat & UTZ. On ferme les yeux et les premières notes installent directement le décor. Un transat posé sur une plage, quelques palmiers pour contrer le soleil et un cocktail rafraichissant.

Le final de cette prestation mélange les deux groupes. On commence par une reprise des Sages Comme Des Sauvages pour enchainer sur une reprise de Renato Baccarat & UTZ. Une rencontre où deux mondes se croisent et qui offre au public un concert beau, joyeux et différent.

OKON

Festival Propulse: 10 qu'on aime
© Matias Ranwez Van Elst

Les six musiciens qui composent OKON se sont rencontrés un peu par hasard et c’est tant mieux pour nos oreilles. Chacun des six membres apportant ses propres influences, on touche au rock, au jazz, au hip-hop mais surtout à la soul.

Après deux EP sortis en 2013 et 2014, le groupe anversois en a profité pour défendre sa musique aux quatre coins de la Belgique et de l’Europe. Si leur musique déborde d’énergie et de qualités, on est surtout impressionnés par la chanteuse du groupe. Judith Okon dégage une aisance technique et un charisme auxquels il est difficile de résister sur scène. Le premier album ne saurait trop tarder…

WUMAN

« On fait des portraits de femmes et la suivante s’appelle… » Julia, Alice, Rose ou encore Jeanne. On veut connaitre toutes les femmes de Wuman. Ils nous en offrent un échantillon dans leur EP Portraits, produit via la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank. Mêlant vidéo et musique pop, les musiciens fabriquent dans leur laboratoire des filles, jeunes et moins jeunes. A coups de claviers, de guitares aquatiques et de voix pop, elles prennent vie. Leur côté surf, enfantin, pop et nonchalant n’est pas sans rappeler Mac Demarco. Batterie et guitare ajoutent une dimension rock et dynamitent l’ensemble. Ces petits Frankenstein offrent des performances visuelles et musicales, mêlant leur électro-pop naïve à des courts-métrages tournées par des étudiants de la Cambre. Gagnants du Tremplin de Dour en 2015 et du Concours Circuit en 2016, ils étaient présents cette année sur la scène du Propulse. Les Tournaisiens ne cessent de séduire… et pas seulement les filles. A voir en première partie de Piano Club au Salon de Silly ce samedi 11 février et au Belvédère à Namur le samedi 4 mars.

ESINAM DOGBATSE

Entre jazz, électro et influences africaines, Esinam Dogbatse mêle ses expériences musicales pour se transformer en femme-orchestre et captiver son public. Sa vie se partage depuis longtemps entre Accra, la capitale du Ghana, et Bruxelles. Se tournant plus tardivement vers l’Amérique du Sud, elle se découvre une passion pour la flûte jazz. De ces multiples voyages, elle crée une musique personnelle. A des percussions africaines et des rythmes de jazz, elle ajoute une dimension électro, dynamique et dansante. Depuis un cercle lumineux, elle chante et ondule sur scène. Si on ne croyait pas à la magie, on pourrait s’inquiéter des vertus envoutantes de sa flute. La jeune femme se partage entre petites salles belges et festivals internationaux de jazz, jouant au sein de différentes formations musicales. La sortie de son EP est prévue dans le courant de cette année.

THE TWO

The Two c’est deux guitaristes: l’un suisse et l’autre mauricien. Associés, ils créent un blues métissé dans la lignée du Delta blues et du blues créole de l’île Maurice. Ils déchainent leurs guitares dans un même amour de la musique, pour un voyage au coeur du Mississippi. Tapant du pied, ils font résonner des rythmes classiques, brassant des héritages country et blues. Un harmonica résonne de-ci de-là, mais c’est la voix de chanteur Yannick Nanette qui emporte véritablement le duo. Il insuffle à leurs compositions des mélodies mauriciennes et un esprit rituel. Le chanteur est possédé, heureux d’être là et sa joie est contagieuse. The Two aura le mérite d’être un des seuls groupes à avoir fait se lever le public « pro » du Propulse. Leur blues évoque l’image étrange d’un rite vaudou au coeur de paysages sud-américains. En attendant que les deux musiciens quittent la Suisse pour revenir jouer en Belgique, leur album Sweet Dirty Blues est disponible.

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