Eurosonic: les coups de coeur de Focus

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Un groupe punk finlandais d’handicapés mentaux, un duo londonien samplant des vieux programmes d’intérêt général, une kraut rock guerilla berlinoise et une tripotée de gamins amoureux des années 60. C’est ce qu’on retiendra de l’Eurosonic 2013. Bon cru.

Tous les ans, mi-janvier, l’industrie musicale européenne et tout ce qu’elle compte de labels, tourneurs, programmateurs, journalistes, se fixe rendez-vous à Groningen pour le festival Eurosonic. Si cette ville étudiante de 190.000 habitants bien planquée au nord des Pays-Bas peut absorber en trois jours quelque 300 artistes venus de toute l’Europe, ce n’est pas en plantant des tentes à tous les coins de rues mais bien en exploitant un nombre extraordinaire de salles, de clubs et de troquets tour à tour classieux, rock’n’roll, trendy et incongrus.

Dans la foulée de la Seconde Guerre mondiale, une loi a obligé tous les bars et les restaurants de la ville à arrêter la vente d’alcool après 22 heures. Le seul moyen de contourner cette interdiction étant de développer un espace consacré au live, tout le monde a aménagé une scène, voire plusieurs, en ses murs.

Eurosonic est une affaire qui roule. Pensée jusque dans ses moindres détails. Une puce fourrée dans les bracelets et scannée à toutes les entrées et sorties de salles permet aux organisateurs de connaître (et de vous envoyer) tous les concerts auxquels vous avez assisté. Elle vous rappelle que vous avez raté la sensation Palma Violets et Kadavar (« tu as vu les files ou quoi? »). Trouvé quelque chose à Mikhael Paskalev (un Norvégien un peu taré) et Evripidis and his Tragedies (une espèce de Neil Hannon grec installé en Espagne). Pour le reste, suivez le guide. Highlights.

Baby Guru (Grèce)

Ils sont trois. Incarnent avec Acid Baby Jesus et Bazooka la musique grecque qui en a dans le falzar. Et répondent aux doux pseudos d’Obi Serotone, King Elephant et Sir Kosmiche. Les Baby Guru s’apprêtent à sortir Pieces, leur deuxième album, chez nous (18/03) et constituent l’une des belles surprises de cet Eurosonic. Armés d’une batterie, d’une basse et d’un clavier, ce pharmacien, ce comptable et ce musicien pro(ducteur) ressemblent aux fils cachés, mais plus pour longtemps, de Can et des Doors. Un peu comme si Jim Morrison et ses potes s’étaient mis au krautrock. Dans une salle rock’n’roll, le Spieghel, au backstage sans chauffage, Baby Guru envoûte et hypnotise ses nouveaux disciples. Garanti sans sirtaki.

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Jake Bugg (Angleterre)

« Il a quel âge, Jake Bugg? » « 18 ans. » « Eh bien, il les fait pas. » Les blagues vont bon train dans les coulisses d’Eurosonic. Visage de gamin, regard franc: la dernière sensation du rock made in England vient de Nottingham, a tapé dans l’oreille de Noel Gallagher et pourrait de par son look et sa dégaine être le cinquième Arctic Monkey. Jake Bugg, c’est l’insémination de la roots music américaine, celle de Johnny Cash, de Woody Guthrie et de Bob Dylan, par la pop anglaise des La’s. Voix renversante à la Zim, présence toute british, Jake, qui a sorti son premier album chez Universal, est juste parfait. Son concert à l’Orangerie du Bota affiche complet. On parierait volontiers sur la présence du gamin au prochain Rock Werchter. Il en a déjà l’étoffe.

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L’intégralité de son concert à l’iTunes Festival à voir ici.

Jacco Gardner (Pays-Bas)

A Eurosonic, chaque année, bon nombre de professionnels étrangers se tirent le samedi matin. Fuyant comme la peste le « Noorderslag », le dernier jour du festival, réservé aux groupes hollandais. L’une des plus grandes curiosités et promesses de l’édition 2013 n’en est pas moins un petit mec du pays. Avec sa voix à la Syd Barrett et son clavier d’antan, le multi instrumentiste Jacco Gardner, 24 ans, fait dans une pop vintage certifiée sixties. Marche sur les traces des Zombies. En deux temps -un petit set dans un redoutable magasin de disques, le Plato, sorte de Caroline local, et un concert en salle soutenu par quelques projections de Méliès-, Jacco le héros a confirmé tout le bien qu’on pouvait penser de lui. Il sortira son premier album, Cabinet of Curiosities, le 11 février prochain.

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Rats on Rafts (Pays-Bas)

Dans un festival de professionnels, on croise autant de mecs bourrés et bruyants que lors de tout autre concert plus ou moins rock. Plus rarement par contre des spectateurs qui ont envie d’en découdre et de mouiller le maillot. Originaires de Rotterdam, les Rats on Rafts font ramper leur rock et danser leurs supporters au Simplon. Influencés par les années 80, les Rats on Rafts n’ont rien à voir avec Interpol, Editors et (mauvaise) compagnie. Plus nerveux, ils revendiquent à la fois les influences d’Echo and the Bunnymen et celles de Fire Engines, The Ex, Franz Ferdinand et The Fall. Chouette découverte.

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Camera (Allemagne)

Deux heures du matin passées. Un petit attroupement se forme dans le froid glaçant de la nuit. Après un concert officiel au Grand Théâtre, les trois Allemands de Camera se gèlent les mains (et le reste) dans la principale rue commerçante de Groningen. Si vous avez déjà fait un petit détour par Berlin, vous avez peut-être aussi croisé ces trois zigotos en train de jouer dans le métro au beau milieu de la nuit -le métro ou d’ailleurs tout autre lieu original du type passage souterrain ou toilettes publiques. Anticonformiste, Camera balance un rock instrumental hypnotique qui excite Michael Rother (Neu!) et Dieter Moebius (Cluster, Harmonia). Du kraut terriblement bien foutu qui finit par alerter les poulets. Tandis qu’un flic lui ôte la baguette de la main droite, le batteur continue de jouer de la gauche tentant de gratter quelques dernières secondes de bruit. La krautrock guérilla a sorti son premier album, Radiate, en 2012 sur le label Bureau B.

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Holograms (Suède)

Suédois, 23 ans de moyenne, signés sur le label new-yorkais Captured Tracks (The Soft Moon, Blank Dogs), les jeunes gens en colère d’Holograms étaient un peu perdus dans la programmation assez conventionnelle et pas vraiment burnée d’un Eurosonic. Programmation souvent guidée et minée par la vocation même d’un événement destiné à promouvoir les musiques européennes et en partie pliée aux volontés exportatrices des pays membres. Les quatre Hologrammes tranchent avec les pâles copies, les groupes fadasses voire franchement putassiers et les tonnes de projets encore inaboutis. Les Scandinaves, qui jouaient le lendemain au DNA, pratiquent un mélange tendu de punk et de cold wave. Synthés froids, grosses lignes de basse, énervement à crête… Holograms, c’est un peu la rencontre de Joy Division et des Ramones. Le reflet d’une jeunesse nihiliste, ennuyée et rageuse qui s’extirpe bruyamment de l’ennui. Puissant.

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Pertti Kurikan Nimipäivät (Finlande)

« Dans les toilettes, il y a un type avec le pantalon en bas des jambes. » Pas si étonnant que ça. C’est ici, au Vindicat, que joue une heure plus tard Pertti Kurikan Nimipäivät. Formé en 2008, Pertti Kurikan Nimipäivät est un groupe punk finlandais. Un groupe punk composé de quatre handicapés mentaux désireux de fuir l’ennui que leur réservait un sort d’assistés pour se rapprocher de la vie nocturne, des bars et de la bière. Tandis que ses trois potes font gronder un punk à l’ancienne avec un plaisir communicatif, Kari Aalto, torse nu, gueule sa haine des pédicures, chante combien est misérable la vie en home et joue avec sa panse de pinteur en hurlant: « Fuck the World ». Revigorant, excitant et sauvage, Pertti Kurikan Nimipäivät est l’une des toutes grosses claques de cet Eurosonic. Un film, The Punk Syndrome, réalisé par Jukka Kärkkäinen et J-P Passi, raconte leur histoire. Il a reçu le Prix du public au festival du film de Tampere 2012.

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Public Service Broadcasting (Angleterre)

Vous seriez-vous imaginé un jour taper du pied sur des films de propagande de la Seconde Guerre mondiale et des docus sur la conquête de l’Everest? Il serait temps d’y penser. Duo londonien, Public Service Broadcasting compose sa musique avec des samples de vieux programmes de service public. Un écran géant, un énorme téléviseur et deux colonnes de télés retransmettent ces images d’archive tandis que Wrigglesworth et J. Willgoose s’affairent. L’un gère la batterie. L’autre jongle avec guitare, banjo et machines. C’est dans l’esprit de The Books, mais ça sonne musicalement comme un mélange de kraut, de post-rock et de synth pop. Public Service Broadcasting dit vouloir enseigner les leçons du passé à travers la musique du futur. Premier album à paraître.

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